L’Alliance Populaire Progressiste serait-elle en situation d’effritement? Ou tout au moins, une dissidence est-elle en train de miner le parti de Messaoud, serait-on tenter de s’interroger eu égard à la situation qui prévaut au sein du parti du vieux briscard de la politique mauritanienne.
Le 17 avril dernier à l’hôtel Khater de Nouakchott, un groupe de politiciens membres de l’APP, sous la houlette de Samory Ould Beye SG de la CLTM et Mohamed Ould Borboss tous du Bureau Exécutif de l’APP, a tenu une conférence de presse pour fustiger certaines positions du parti.
D’emblée, le porte parole du jour, Ould Borboss a tenu à préciser : « Nous ne sommes pas là pour parler du différend entre les membres de l’APP, mais nous voulons exprimer ici les raisons et nos positions par rapport à la crise qui secoue notre parti. Loin d’insulter quiconque, nous sommes là pour exprimer des positions démocratiques » a-t-il laissé entendre sous les applaudissements incessants des militants. Cette dissidence qui s’annonce au sein de l’APP est l’œuvre de Samory Ould Beye, Mohamed Ould Borboss, Sidaty Ould Demba de la section de Sebkha, Mohamed Mahmloud Ould Oumarou, Yerba Ould Neva, Mamy Ould Ahmed de la section de Tevragh-Zeina et Saloum Wall Ould Falilou de la section de Teyarett. Dans une salle archicomble, les dirigeants de la fronde dressée contre Messaoud, président du parti APP, ont tenu, à travers une déclaration, à exprimer leur ras-le-bol face à ce qu’ils considèrent comme des mesures arbitraires qui mineraient l’unité du parti. « Oui pour l’unité de nos rangs, voie à la réalisation des nobles objectifs » ou « Pourquoi dissoudre El Hor alors que les raisons de la sa création existent toujours? » ou encore « Oui au mouvement El Hor » … sont entre autres des slogans qu’on pouvait lire sur des pancartes portées par les militants pour la circonstance. Selon le communiqué lu à la presse, les amis de Messaoud l’accusent de faire « ombrage sur la vie interne du parti ». Ce groupe réuni au sein d’un comité de crise, veut à travers le dialogue « trouver les moyens adéquats pour dépasser cette crise et préparer les meilleures conditions au parti pour jouer ses rôles d’avant-garde sur la scène politique nationale ». Pour Samory et compagnie, le contexte actuel ne s’y prête pas car «les manifestations poignantes tant politiques, économiques que sociales sur fond de soubresauts de la scène arabe et africaine », nécessitent une conjugaison des efforts et une prise de conscience collective. Pour les membres du comité de crise, le débat est malsain et se tient en dehors du cadre légal. Mieux, à en croire les dirigeants, la dissolution du mouvement El Hor peut «provoquer la déception des attentes et aspirations des demandeurs de réformes et de liberté au sein du parti ». Selon toujours les frondeurs, pour dépasser la culture des allégeances aveugles, il faut plus de liberté et d’expression, préserver la dignité et défendre les objectifs nobles pour lutter contre «les régimes spécialisés dans les différentes formes d’injustice, d’exclusion, de favoritisme et de privation aux dépens de la plus grande des composantes du peuple mauritanien (les haratines) ». A la lumière de ce constat, les cadres et militants de l’App membres du comité de crise, ont rappelé leur disponibilité continue pour le dialogue en vue de dépasser la crise actuelle tout en restant fidèles et solidaires au mouvement El Hor. Ils ont à cet effet affirmé leur attachement au cadre de référence partisan APP. Par ailleurs, malgré cette fronde, Messaoud Ould Boulkheir a bien conquis le cœur des militants qui n’ont cessé, par inadvertance, d’applaudir à chaque fois que son nom est prononcé par les orateurs du jour. Compte rendu Ibou Badiane
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