La France a accueilli vendredi avec scepticisme le cessez-le-feu annoncé par les autorités libyennes et se tient prête à lancer rapidement avec ses alliés des opérations militaires contre les forces de Mouammar Kadhafi. Paris a lancé une série de consultations politiques...
...et diplomatiques qui se poursuivront samedi par un sommet Union européenne-Ligue arabe-Union africaine à l’Elysée. Le Premier ministre, François Fillon, a confirmé dans un communiqué que la France participerait "aux opérations militaires nécessaires" après le vote, jeudi soir à New York, d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies autorisant le recours à la force et l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye. Cette résolution "constitue un message sans ambiguité de la communauté internationale envers le régime du colonel Kadhafi qui doit sans délai en tirer toutes les conséquences", a dit le chef du gouvernement. Le porte-parole du gouvernement, François Baroin, avait annoncé dans la matinée que la France participerait à ces opérations "rapidement", voire "dans quelques heures". Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, s’est montré moins précis quelques heures plus tard, après une réunion à Matignon réunissant les parlementaires, qu’il convient d’informer, selon la Constitution, de toute intervention militaire française à l’étranger. "Nous somme prêts mais je ne peux, à ce moment-ci, vous donner de calendrier plus précis", a déclaré le chef de la diplomatie française, qui a a réagi prudemment au cessez-le-feu annoncé par Tripoli. "Nous devons analyser les conditions de ce cessez-le-feu qui doit s’appliquer à tout le territoire libyen et pas seulement à Benghazi et nous pensons que la Libye doit respecter la totalité de la résolution du Conseil de sécurité" des Nations Unies, a-t-il dit. PAS D’INTERVENTION TERRESTRE Une intervention terrestre n’est pas envisagée, a précisé François Baroin. "(C’est) une intervention militaire qui n’est pas, je le rappelle, une occupation du territoire libyen, mais qui est un dispositif de nature militaire pour protéger le peuple libyen et lui permettre d’aller jusqu’au bout de son souffle de liberté", a dit le porte-parole du gouvernement français. L’objectif réaliste, dit-on de source française, est de commencer les opérations dans un délai de 48 heures pour mettre les choses au point avec les pays qui y participeront. Outre la France et le Royaume-Uni, le Qatar, les Etats-Unis, le Canada, le Danemark et la Norvège ont déjà fait des offres de service pour y participer. "Nous ne voulons pas commencer à nous tirer les uns sur les autres ou sur l’opposition", a déclaré cette source. "Nous ne pouvons pas nous permettre de nous rater." La France n’a pas donné de détails sur son intervention à venir, contrairement au Premier ministre britannique David Cameron, qui a annoncé que le Royaume-Uni allait déployer des avions de combat Tornado et des Typhoon ainsi que des appareils de ravitaillement et de reconnaissance. UNANIMITÉ Le gouvernement français a pris avec le Royaume-Uni la tête de l’offensive diplomatique qui a abouti au vote de la résolution de l’Onu. Le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a lui aussi salué un succès de la diplomatie française après la réunion entre François Fillon et les parlementaires à Matignon. "De cette réunion il ressort qu’il y a unanimité entre tous les groupes politiques sur la pertinence et la précocité du gouvernement français et sur le succès qu’il a obtenu devant le conseil de sécurité de l’Onu pour faire valoir le droit au peuple libyen de vivre en sécurité", a-t-il dit. Le gouvernement fera, conformément à la Constitution, une déclaration mardi devant le Parlement sur l’engagement des forces françaises en Libye, a ajouté Bernard Accoyer. Rare bémol, la présidente du Front national, Marine Le Pen, s’est élevée contre le recours à la force, qu’elle juge trop tardif. En tergiversant, on a, selon elle, permis à Mouammar Kadhafi de reprendre le dessus militairement. Elle met par ailleurs en doute les capacités militaires de la France et les implications de cette décision. "Si nous intervenons, nous sommes peut-être là pour quinze ans. Ce n’est pas avec quelques frappes, en tapant quelques radars ou quelques pistes d’aéroports, qu’on va régler le problème de la Libye", a-t-elle dit sur France Info.
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