Le Panel de haut niveau sur la Côte d’Ivoire en conclave à Nouakchott   
19/02/2011

Le président burkinabé Blaise Compaoré, est arrivé samedi 19 février en début d’après-midi à Nouakchott. Il a été accueilli à sa décente d’avion, par le président Mohamed Ould Abdel Aziz. Membre du Panel de haut niveau sur la crise...



...en Côte d’Ivoire le président burkinabé (récusé par les partisans de M. Gbagbo qui l’accusent d’être pro-Ouattara) assistera le 20 février à la réunion du Panel de cinq chefs d`Etat désigné par l`Union africaine, présidé par Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) et comprenant Idriss Déby Itno (Tchad), Jacob Zuma (Afrique du Sud), Blaise Compaoré (Burkina) et Jakaya Kikwete (Tanzanie).
Le Panel créé lors de la réunion du conseil de la paix et de sécurité de l’Union Africaine, présidé par Mohamed Ould Abdel Aziz et tenue à Addis-abeba le 28 janvier 2011, a mis en place un groupe d’experts qui a déjà effectué une visite à Abidjan et eu des réunions de travail avec les protagonistes de la crise ivoirienne consécutive au refus du camp pro-Gbagbo des résultats des urnes à l’issue de la présidentielle de novembre.
Le groupe d’experts soumettra le 20 février des propositions qui seront examinées par le Panel avant son déplacement prévu le 21 février en Côte d’ivoire en vue de rencontrer les protagonistes et examiner les meilleurs et moyens de mettre fin à la crise en Cote d’Ivoire .
Le quintette qui se déplace à Abidjan, doit arrêter d`ici fin février des solutions "contraignantes".
Mais la marge de manœuvre est des plus étroites, aucun des deux rivaux ne paraissant prêt à renoncer. Pendant ce temps, la Côte d`Ivoire sombre dans un marasme financier et économique lourd de conséquences pour les habitants.
La mission de chefs d’Etat africains pour trouver "une solution pacifique définitive à la crise ivoirienne" sera "la dernière", avait déjà averti le camp d’Alassane Ouattara, reconnu président élu par une grande partie de la communauté internationale.
Dans un communiqué, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), coalition des partis pro-Ouattara, et l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui lui est alliée, voient cette mission "comme celle de la dernière chance, pour sortir la Côte d’Ivoire de la crise par la voie pacifique".
Le RHDP et les FN dénoncent "l’entêtement et l’obsession du pouvoir" du président sortant Laurent Gbagbo "qui ne veut pas reconnaître sa défaite", et "les violations massives des droits de l’homme" perpétrées selon eux par les forces qui lui sont fidèles.
Reconnu notamment par l’ONU et l’UA, M. Ouattara "sera très bientôt installé au palais de la République", assurent-ils à leurs partisans.
Des experts envoyés par le panel de présidents africains ont eu, de dimanche à jeudi (10 février) à Abidjan, des consultations avec les principaux acteurs de la crise née du scrutin du 28 novembre.
Le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo a annoncé jeudi 17 février son intention de "prendre le contrôle" des filiales ivoiriennes des banques françaises BNP Paribas et Société Générale, alors que le système bancaire du pays se bloque du fait de la crise post-électorale.
Après les fermetures de plusieurs banques depuis lundi, M. Gbagbo "a pris des décrets afin que l’Etat de Côte d’Ivoire prenne le contrôle par une prise de participation totale et complète dans le capital de certaines de ces banques", indique un communiqué officiel lu sur la télévision publique RTI.
"Il s’agit entre autres de la SGBCI et de la Bicici", respectivement filiales de la Société Générale et de BNP Paribas, est-il précisé.
M. Gbagbo entend "préserver les emplois et assurer l’accès des Ivoiriens et des opérateurs économiques à leurs avoirs" dans "les plus brefs délais".
Au moins cinq banques internationales, françaises et américaines notamment, avaient suspendu leurs opérations jeudi, dont les leaders Bicici et SGBCI.
C’est le résultat spectaculaire du bras de fer entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, reconnu président élu par une grande partie de la communauté internationale. Avec ses alliés extérieurs, M. Ouattara tente d’asphyxier le régime Gbagbo pour contraindre le sortant à partir.
A l’origine de ces fermetures en série: la rupture en janvier entre Abidjan et la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), qui reconnaît M. Ouattara.
Depuis lors, le gouvernement Gbagbo, isolé financièrement et privé du robinet à francs CFA, s’est efforcé de monter un système bancaire viable à l’échelle ivoirienne. Y compris, selon plusieurs sources bancaires, en exerçant une "pression énorme" sur les filiales des grandes banques étrangères.
Mais face au manque de liquidité, aux difficultés techniques et aux risques juridiques, ainsi qu’à la menace de sanctions brandie par la BCEAO contre les banques travaillant avec le gouvernement Gbagbo, la Bicici et la SGBCI ont donné le signal du retrait.
"Les autres banques vont fermer", prédit un haut responsable du secteur interrogé par l’AFP.
Pour l’économie, déjà mise à mal par les sanctions de l’Union européenne imposant notamment un embargo sur les deux ports, poumon du pays, l’effet du blocage bancaire va être "cataclysmique", assure une source proche du dossier.
Contrats annulés, plans sociaux draconiens, chômage technique: "tous les secteurs d’activité, transport et industrie notamment", sont en train d’être frappés, affirme un acteur de l’agro-industrie.
Si la stratégie d’étouffement pratiquée par le camp Ouattara produit ses premiers effets, à qui la crise de très grande ampleur qui menace profitera-t-elle?
Au pied du mur, le gouvernement Gbagbo veut d’abord assurer le paiement des fonctionnaires et militaires, dont la fidélité lui est vitale, et accable l’ex-puissance coloniale française à travers ses banques.
La France a défendu les fermetures bancaires provisoires, y voyant "la conséquence du refus de Laurent Gbagbo" de partir.
Guillaume Soro, Premier ministre de M. Ouattara, a jugé aussi le sortant responsable de ce "chaos" et prôné la "révolution" pour le faire céder, comme en Egypte et en Tunisie.
Cependant pour les clients des banques l’heure est à l’inquiétude.
Le quartier du Plateau, à Abidjan, abritant les sièges des banques, a vu au cours de la semaine affluer les détenteurs de comptes.
Jeudi, devant la Société ivoirienne de banque (SIB, du groupe marocain Attijariwafa Bank), des Abidjanais en file indienne avaient attendu dès les premières heures de la matinée pour retirer de l’argent.
"On craint l’effet de contagion, donc on vient retirer un peu sur notre épargne", expliquait Mme Koffi, chef d’entreprise. "Je préfère avoir mes sous sur moi, on ne sait pas ce qui va se passer", lâchait un militaire.
Les forces de sécurité ivoiriennes ont tiré samedi à balles réelles et fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser des centaines de jeunes manifestants réclamant le départ de Laurent Gbagbo dans le quartier d’Abobo à Abidjan, ont rapporté des témoins.

Ces derniers font état d’un blessé, atteint par le tir d’un soldat qui a ouvert le feu dans sa direction. Les témoins ont également rapporté que des manifestants ont fracassé la vitrine et pillé un grand magasin appartenant à un homme d’affaires libanais considéré comme un proche du président sortant.

L’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale comme vainqueur du second tour de l’élection présidentielle le 28 novembre, a appelé ses partisans à manifester à partir d’aujourd’hui pour forcer Gbagbo à abandonner le pouvoir. Inspiré par les récents exemples tunisien et égyptien, Ouattara espère que ce mouvement de protestation entraînera la chute de son rival.

En réponse à cet appel, le camp Gbagbo a annoncé l’instauration d’un couvre-feu nocturne durant le week-end. Il sera levé dimanche à 06h00 GMT. "Les jeunes de l’opposition ont commencé à se rassembler sur un rond-point d’Abobo ce matin mais les forces de sécurité sont arrivées avec des véhicules blindés.

Elles ont lancé des grenades lacrymogènes et tiré en l’air", a raconté Tieba Doumbia, 30 ans, un commerçant du quartier. L’une des grenades lacrymogènes est tombée sur un marché voisin, forçant des dizaines de femmes à prendre la fuite. "Un véhicule militaire s’est dirigé vers les manifestants et les soldats ont tiré en l’air. Je n’ai pas vu de morts", a dit un autre témoin, Ladgi Traoré, un vendeur de journaux de 28 ans.

La Côte d’Ivoire abrite une importante communauté libanaise, très influente dans le commerce, petit et grand. Beaucoup de commerçants libanais sont considérés comme des partisans de Laurent Gbagbo.

L’ambassadeur du Liban avait été l’un des deux ambassadeurs accrédités à Abidjan, avec celui de l’Angola, à avoir assisté à la prestation de serment du président sortant. La semaine dernière, les forces loyales à Laurent Gbagbo ont tué au moins six personnes à Abobo.

Depuis le scrutin contesté de la fin novembre, la violence politique a fait 300 morts dans le pays, en majorité des partisans d’Alassane Ouattara, selon les Nations unies.
(avec Agences)


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