Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a déclaré le 20 janvier à Teyarett au cours de visites effectuées à un dispensaire, une école et des boutiques temoins, regretter qu’une personne tente de se suicider, ajoutant que l’homme qui a récemment tenté...
...de s’immoler par le feu à Nouakchott, avait commis un acte de "frustration et de désolation".
"L’homme qui a tenté de se suicider est un homme d’affaires issu de la couche aisée du pays et donc ne fait pas partie de nos citoyens pauvres, défavorisés".
"Ce sont la frustration et la désolation qui ont conduit cet homme riche à commettre son geste face à un gouvernement qui mène une lutte sans merci contre la gabegie" a-t-il dit.
Yacoub Ould Dahoud, avait arrêté lundi sa voiture devant le Sénat à Nouakchott, et s’était aspergé d’un liquide inflammable à l’intérieur de son véhicule, avant d’y mettre le feu. Il a été transféré jeudi au Maroc après une détérioration de son état de santé.
Avant de s’immoler par le feu Ould Dahoud avait lui aussi dénoncé sur sa page Facebook la gabegie, mais également l’injustice ainsi que la situation politique en Mauritanie.
Le président Ould Abdel Aziz fait de la lutte contre la gabegie ainsi que de la sécurité ses principaux crédos , sur lesquels, il a marqué des points indéniables, notamment, en envoyant en prison pour detournements certains de ses soutiens et en engageant des operations militaires contre les bases d’Al-Qaida au Mali .
Mais l’opposition accuse son Gouvernement de continuer à pratiquer la gabegie à travers des faveurs accordées à des sociétés ou des personnes bien vues par le pouvoir, qui étaient riches et qui le sont devenus davantage, ou qui étaient (trés) pauvres et sont subitement devenus si riches.
Le Rassemblement des Forces Démocratique (RFD-opposition) avait exigé le 5 janvier la constitution urgente de quatre commissions d’enquête indépendantes sur les marchés de gré à gré ainsi que l’exploitation des ressources minières et halieutiques et sur l’exécution de la partie du budget se rapportant aux dépenses communes et fonds spéciaux en plus des «concessions rurales» dans la zone de Nouakchott.
Le RFD a estimé aussi que des nombreux marchés de gré à gré ont été irrégulièrement attribués par le Gouvernement, et que des contrats d’exploitation ont été concédés au détriment de l’intérêt national.
L’opposition dénonce aussi l’utilisation abusive des crédits budgétaires inscrits sur les dépenses communes et les fonds spéciaux.
Au cours de son deplacement à Teyarett, le président Ould Abdel Aziz a rendu hommage à la "maturité" de l’opposition qui s’est illustrée recemment par la dénonciation de la hausse des prix et de la gabegie.
Cet hommage à moins qu’il ne releve dans le fond de la dérision, a surpris les observateurs car le discours de l’opposition était souvent pris à partie, à la fois, par le President et surtout par l’UPR (présumé parti au pouvoir).
La majorité incarnée par l’UPR récuse à chaque occasion les thèses de l’opposition y compris les recentes hausses de prix, ce qui n’a pas empêché le Gouvernement de subventionner certaines denrées et d’apporter ainsi un démenti à sa majorité.
Le président Ould Abdel Aziz a annoncé le 20 janvier une baisse de 30% des prix de produits de première nécessité dont le sucre, le riz, l’huile et la farine de blé, qui ont récemment connu une flambée, à travers 600 points de vente dans le pays. "L’Etat a décidé de réduire de 30% les prix des produits essentiels destinés aux plus pauvres à travers des ventes ciblées dans les boutiques-témoins", a déclaré le président Abdel Aziz lors de sa visite de Teyarett.
L’operation 600 points de vente durera 6 mois . Les boutiques ouvertes dans certains quartiers des grandes villes vendront au détail un litre d’huille et de 2 kgs de riz, par jour, à chaque famille.
La vente n’a cependant pas demarré malgré la venue du président de la République sur les lieux dans un déplacement trés médiatisé par la télévision d’Etat à l’une de ces boutiques rebaptisées: "Boutiques Solidarité" .
Un des boutiquiers a dit attendre les ordres du prefet de Teyarett. Selon nos informations, les boutiques seront gérées par des diplomés-chomeurs, qui auront ainsi une insertion même provisoire quoique plus éphêmere que celle de la gestion des bornes fontaines du temps du CDHLCPI, mis en liquidation fin 2007.
Ce sont généralement les familles pauvres (ou pingres) qui supportent le calvaire du rang devant ce genre de boutiques temoins, initiées les années 80 par Ould Haidalla.
L’approvisionnement des boutiques témoins souléve aussi des remous au niveau des commerçants qui estiment que la dite operation profite (comme sous Ould Taya) à des importateurs proches du pouvoir actuel.
Des manifestations contre la cherté de la vie éclatent sporadiquement depuis plus d’une semaine en Mauritanie. Ces manifestations jusqu’ici confinées et contenues devant les établissements scolaires ont éclaté à Nouakchott (dans les départements de Arafatt, de Toujounine, de Dar Naim et de la Capitale).
A l’intérieur du pays, des manifestations ont été signalées à Guerrou et Boutimitt. Le 19 janvier, les principales centrales syndicales de Mauritanie (CLTM, CNTM, CGTM) ont mis en garde contre la détérioration du pouvoir d’achat des Mauritaniens.
Le parti Tawassoul organise un meeting à Nouakchott le 23 janvier sous le thême: "La hausse des prix menace la stabilité".
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