La flottille de la liberté arraisonnée lundi matin 31 mai par la marine israélienne lors d’un assaut sanglant ayant fait au moins 19 morts, est un convoi de six bateaux affrétés par des organisations humanitaires pour acheminer de l’aide à la bande de Gaza sous embargo israélien depuis quelques années. La flottille...
...est composée d’un navire amiral, le Mavi Marmara, transportant environ 600 personnes, deux cargos chargé d’aide humanitaire et trois autres navires plus petits. Trois d’entre eux battent pavillon turc, deux sont immatriculés en Grèce et le dernier aux Etats-Unis. Un septième navire de 1.200 tonnes, le Rachel Corrie, du nom de la militante américaine écrasée par un engin israélien en 2003 à Gaza, était parti d’Irlande pour rejoindre le convoi. Les organisateurs: le convoi est organisé par la "Coalition de la Flottille de la liberté", qui comprend le mouvement Free Gaza, la Campagne européenne pour la fin du blocus de Gaza, l’ONG turque Insani Yardim Vakfi, l’Organisation Perdana pour la paix mondiale, les ONG grecque et suédoise Bateau pour Gaza, et le Comité international pour la levée du blocus de Gaza. Les passagers: Plus de 700 personnes ont participé à l’expédition, pour la plupart des membres d’ONG internationales, des militants de différentes nationalités et religions. Cinquante nationalités sont représentées mais la moitié des passagers sont turcs. Plusieurs personnalités politiques et religieuses, des députés européens, des écrivains et des journalistes sont également à bord. Parmi elles, l’ancien archevêque catholique grec de Jérusalem, Hilarion Capucci, le dirigeant islamiste arabe israélien cheikh Raëd Salah et le correspondant de la chaîne satellitaire en arabe Al-Jazira Abbas Nasser. La cargaison: selon les organisateurs, les bateaux transportent environ 10.000 tonnes d’aide humanitaire, dont de l’aide médicale, de la nourriture, des vêtements, des maisons préfabriquées, des aires de jeux pour enfants, des fournitures scolaires, des barres de fer et du ciment. "Il n’y a même pas de rasoir, de lame ou de couteau à bord", a affirmé l’un des organisateurs en référence à l’aspect pacifique de la mission. La mission: le convoi devait livrer sa cargaison à la population de la bande de Gaza, 1,5 million de personnes dont 80% dépendent de l’aide internationale, alors que le territoire palestinien est sous strict embargo israélien depuis la prise de pouvoir du Hamas à Gaza en juin 2007. Cinq convois de ce type ont accosté à Gaza depuis le lancement de la campagne en août 2008 et trois autres ont été arraisonnés par les forces israéliennes. Contrairement aux cinq précédents, aux cargaisons plutôt symboliques, le convoi parti dimanche du large de Chypre était le premier à transporter une aide importante et à avoir une envergure internationale.
Manifestation en Mauritanie Des centaines de mauritaniens sont sortis le 31 mai manifester leur colère après le massacre des humanitaires par l’armée israélienne. Devant l’assemblée nationale à Nouakchott l’Erudit cheikh Mohamed El Hacen Ould Deddew a vivement dénoncé l’usage de la force aveugle par l’armée d’Israël et exprimé sa solidarité avec les martyrs assassinés pour avoir convoyé de l’aide humanitaire à un peuple vivant sous le blocus depuis 2007. Aucune réaction officielle n’est parue jusqu’à présent du coté des autorités mauritaniennes. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz et la ministre des affaires étrangers Mme Naha Mint Mouknass se trouvent lundi 31 à Nice à l’occasion du 25eme Sommet Afrique-France.
L’ambassadeur d’Israël convoqué au Quai d’Orsay Le président français Nicolas Sarkozy a condamné le 31 mai "l’usage disproportionné de la force" à propos de l’opération commando israélienne contre une flottille s’approchant de Gaza, exigeant "toute la lumière sur cette tragédie", selon un communiqué de l’Elysée. "Le président de la République exprime sa profonde émotion devant les conséquences tragiques de l’opération militaire israélienne contre la flottille de la paix à destination de Gaza", indique le communiqué. "Il condamne l’usage disproportionné de la force", est-il ajouté. "Toute la lumière doit être faite sur les circonstances de cette tragédie, qui souligne l’urgence d’une relance du processus de paix", souligne la présidence française. Auparavant, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner s’est dit, dans un communiqué, "profondément choqué" par l’assaut israélien, en estimant que "rien ne saurait justifier l’emploi d’une telle violence". "C’est un incident qui s’est déroulé de façon impossible à supporter dans les eaux internationales", a déclaré le ministre à quelques journalistes à Nice (sud-est), où se tient un sommet Afrique-France. "Il faut qu’on attende les détails mais notre condamnation a été ferme et elle continue de l’être", a-t-il dit. L’ambassadeur d’Israël en France a été convoqué par le ministre français des Affaires étrangères pour s’expliquer sur l’assaut meurtrier des forces israéliennes contre une flottille humanitaire en route vers Gaza, a annoncé un porte-parole du Quai d’Orsay.
Les USA «regrettent»
La Maison blanche a dit lundi 31 mai regretter profondément les pertes en vies humaines provoquées par l’intervention de l’armée israélienne contre des bateaux acheminant une aide humanitaire vers Gaza. Le porte-parole de Barack Obama a précisé que la présidence américaine étudiait les circonstances entourant la tragédie. "Les Etats-Unis regrettent profondément les pertes en vies humaines et les blessés et travaille actuellement à comprendre les circonstances entourant cette tragédie", a dit William Burton.
Londres «déplore»
Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a déploré les pertes humaines provoquées par l’assaut israélien contre la flottille à destination de Gaza, et a appelé Israël à agir dans le respect de ses obligations internationales. "Je déplore les pertes humaines pendant l’interception de la Flottille de Gaza", a déclaré M. Hague dans un communiqué. "Notre ambassade est en contact urgent avec le gouvernement israélien. Nous demandons plus d’informations et un accès urgent à tous les Britanniques impliqués." "Nous avons constamment mis en garde contre toute tentative d’accéder à Gaza de cette manière, en raison des risques", a-t-il ajouté. "Mais en même temps, il est absolument nécessaire pour Israël d’agir avec retenue et dans le respect de ses obligations internationales." "Il sera important d’établir les faits sur cet incident, et en particulier si tout a été fait pour prévenir ces morts et ces blessés", a-t-il estimé.
Lisbonne "condamne" Le gouvernement portugais a condamné l’assaut israélien contre la flottille internationale à destination de Gaza et appelé à l’instauration "rapide" d’une enquête "impartiale". "Le gouvernement portugais regrette profondément la perte de vies humaines, condamne l’usage excessif de la force contre des cibles civiles, et appelle à l’instauration rapide d’une enquête pour définir de manière impartiale les responsabilités", indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères. "Le gouvernement portugais réitère sa profonde préoccupation face à la situation humanitaire à Gaza et appelle à l’application totale de la résolution 1860 du Conseil de sécurité et au respect du droit humanitaire international", ajoute le texte. Adoptée le 9 janvier 2009 par le Conseil de sécurité de l’ONU, la résolution 1860 appelait notamment au "retrait complet des forces israéliennes de Gaza" ainsi qu’à la "fourniture sans obstructions de l’aide humanitaire dans toute la bande de Gaza".
Ban Ki-moon choqué
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s’est déclaré choqué par la gravité de l’intervention de l’armée israélienne lundi contre des bateaux acheminant une aide humanitaire vers Gaza et a réclamé une enquête complète sur ses circonstances. "Il est vital qu’une enquête complète soit menée pour déterminer avec exactitude comment cette effusion de sang s’est produite. Je crois qu’Israël doit fournir de toute urgence une explication complète", a-t-il dit lors d’un déplacement à Kampala, la capitale ougandaise.
La Turquie prend des mesures de rétorsion contre Israël
La Turquie, jugeant inacceptable l’assaut meurtrier mené par les Israéliens contre une flottille humanitaire destinée à Gaza, a décidé de rappeler son ambassadeur en poste en Israël. La Turquie compte également, en signe de protestation, annuler trois exercices militaires conjoints avec les forces israéliennes, a dit le vice-Premier ministre turc, Bulent Arinc. Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a écourté une tournée en Amérique latine pour regagner son pays, a annoncé d’autre part le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu. Le président Abdullah Gul a déclaré de son côté qu’Ankara, qui réclame la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’Onu, attendait une enquête sur les circonstances de l’intervention et souhaitait que les coupables soient punis. Le ministère turc des Affaires étrangères a souligné qu’"Israël devra supporter les conséquences de ce comportement". A Istanbul, 300 personnes se sont rassemblées devant le consulat d’Israël pour clamer leur colère. L’Etat juif a recommandé aux touristes israéliens présents en Turquie de rester dans leurs hôtels.
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