Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a quitté Nouakchott mercredi matin 26 mai à destination de Khartoum pour assister à la cérémonie d’investiture de Omar Ahmed Hassan El Béchir, élu président du Soudan.
Le président soudanais Omar Hassan El Béchir doit prêter serment le 27 mai pour un nouveau mandat après avoir été réélu il y a un mois lors d’un scrutin controversé et boycotté par plusieurs partis d’opposition. El Béchir est également le seul chef d’Etat en fonctions à faire l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), qui l’accuse de crimes de guerre. Il dément ces accusations de massacres, viols et tortures dans la province du Darfour. Il doit désormais organiser un référendum en janvier sur l’indépendance du Sud-Soudan semi-autonome. La sécession du Sud est l’issue la plus probable de ce scrutin. Cinq chefs d’Etat africains sont attendus à la prestation de serment de Béchir, dont ceux d’Erythrée, du Tchad et de Djibouti. Les dirigeants de l’Union européenne sont quant à eux plus embarrassés. S’ils soutiennent les efforts de la CPI pour traduire El Béchir en justice, ils s’efforcent aussi de ménager le Soudan pour que le référendum sur le Sud-Soudan se déroule dans les meilleurs conditions. Lors des élections organisées du 11 au 15 avril, El Béchir a reçu 68% des voix à la présidentielle, mais plusieurs partis d’opposition avaient choisi de ne pas présenter de candidat et de nombreuses accusations de fraudes ont été formulées. Le parti de El Béchir et ses alliés ont en outre remporté environ 95% des sièges au parlement dans le nord du pays. Dans le Sud, le scrutin a été remporté par le Mouvement de libération du peuple soudanais (SPLM), ancien groupe rebelle transformé en parti politique. Le président du Sud-Soudan et chef du SPLM, Salva Kiir, négocie avec El Béchir la formation d’un gouvernement. El Béchir a prêté serment pour la première fois en 2005, après un accord de paix Nord-Sud qui mettait fin la plus longue guerre civile du continent africain. Le secrétaire général de l’Onu d’alors, Kofi Annan, avait assisté à la cérémonie, de même que des ministres de plusieurs pays occidentaux. Les Nations unies envoient cette fois leurs deux principaux diplomates dans le pays. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne n’enverront quant à eux pas leurs chefs de mission au Soudan, qui sont actuellement hors du pays. Ils suivront toutefois le protocole et dépêcheront une représentation diplomatique, ont annoncé les ambassades à Khartoum. El Béchir est le président soudanais qui s’est maintenu le plus longtemps au pouvoir dans le pays. Il s’est porté au pouvoir en 1989 après un coup d’Etat sans effusions de sang.
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