La police a interpellé une trentaine de personnes jeudi 15 avril sur le campus universitaire de Nouakchott où des affrontements ont opposé des étudiants à propos de l’arabisation de l’administration. Les policiers, entrés sur le campus pour maîtriser la situation après des heures d’affrontements...
...entre étudiants arabes et negro-mauritaniens, ont fait usage de matraques et de bombes lacrymogènes. "Au moins une trentaine d’étudiants des deux camps ont été interpellés", a précisé la source sécuritaire, citée par l’Afp.
Entre les cours, "des discussions chaudes ont opposé les deux camps sur l’arabisation et la place du français et ces discussions ont très vite tourné à l’affrontement", a affirmé l’un des porte-parole des étudiants. Selon un autre porte-parole, "des étudiants négro-mauritaniens favorables au français d’un côté, des étudiants maures pro-arabe de l’autre, se sont jetés des pierres et des matériaux divers, faisant plusieurs blessés de part et d’autre". Le calme est revenu en milieu de journée, sur le campus, mais le climat restait tendu. Cette confrontation intervient après des manifestations et contre-manifestations autour de la question de la langue de l’administration. Des francophones, principalement des Négro-Mauritaniens, contestent l’arabisation et y voient une exclusion de leurs cadres formés en français, tandis que des arabophones contestent la place occupée par le français dans le système éducatif et dans l’administration en tant que langue de travail. Les syndicats représentant les deux camps ont appelé jeudi à la retenue par voie de communiqué, affirmant que les revendications des uns et des autres "sont et doivent rester purement estudiantines". Mettant en garde contre "la manipulation", ils ont évoqué une "instrumentalisation du mouvement pro et anti-arabe par des forces extérieures à l’université à des desseins politiques et aux fins de susciter des affrontements interethniques". La polémique avait éclaté après la célébration par la Mauritanie de la journée de la langue arabe, le 1er mars. Le Premier ministre, Moulaye Ould Mohemd Laghdaf, avait alors affirmé que la civilisation du pays était "arabo-islamique". "Rien n’a changé, la Mauritanie d’avant le 1er mars est toujours la même, aucune option pour une arabisation complète n’a été prise par le gouvernement" avait expliqué deux semaines plus tard son ministre de l’Enseignement supérieur Ahmed Ould Bahiya qui a pris ainsi le contre-pied de son Premier ministre
REACTIONS
Communiqué du SNEM
Suite aux déclarations de rectifications et d’éclaircissements du premier ministre, de la ministre de la culture et de celui de l’enseignement secondaire et supérieur qui constituent une prise de conscience de la situation dans la quelle la maladresse ou les idéologies peuvent plongées un Etat, nous, le Syndicat National des Etudiants Mauritaniens (SNEM), déclarons prendre acte de l’évolution et de la volonté manifestée par l’ensemble des acteurs.
De ce fait, nous sommes, une fois de plus pour le dialogue sincère et pour le respect des principes de nation, de sociétés de droit, de tolérance, d’égalité et de justice.
Nous réaffirmons notre inquiétude face à l’arabisation complète de l’administration et le danger que cela représente pour la stabilité, la cohésion sociale, l’avenir des francophones (maures et négro) et pour le futur de notre nation. C’est avec amertume et regret que nous avons appris les déclarations de certains politiciens qui poussent à l’extrémisme et hypothèquent l’avenir de notre nation pour des intérêts personnels.
Par ailleurs, nous exhortons tous ceux qui partagent le combat, ainsi que tous ceux qui défendent le contraire, à plus de sérieux et de responsabilité. Nous regrettons le comportement de la police contre les citoyens Mauritaniens (aussi bien ceux qui sont contre que ceux qui sont pour la généralisation de l’arabe).
Ces marches et sit-in pour faire part des inquiétudes est le fruit de la discorde et de la zizanie déclenché par le chef du gouvernement, qui une fois de plus doit présenter ses excuses au peuple Mauritanien, qui pourtant visiblement à d’autre priorités que la fameuse question des langues ou des idéologies racistes et discriminatoires.
Dans la mesure où nous sommes en légalité avec les droits humains, les principaux généraux de droit, les lois de la république et le droit le plus élémentaire de faire respecter nos valeurs et de refuser toute injustice d’où quelle vienne et quelques soit sa forme, nous exhortons tous les partisans à d’avantage de motivations et de fermetés
Vive la Mauritanie Vive le Syndicat National des Etudiants de Mauritanie (SNEM)
Nouakchott, le 14 Avril 2010.
Le bureau exécutif du SNEM Le Bureau Exécutif du Comité pour la Défense des Etudiants
l’UPES rejette toute forme de tiraillement ethnique dans l’enceinte de l’Université
L’Union professionnelle de l’enseignement supérieur (UPES) a rendu public jeudi un communiqué dans lequel elle rejette toute forme de tiraillement ethnique dans l’enceinte de l’Université.
Le communiqué dit apprécier les efforts des pouvoirs publics visant à panser les plaies du passé, ajoutant "que les derniers évènements n’ont aucune justification ni dans leur source ni dans les effets qui en sont consécutifs au demeurant démesurés. En fait, ajoute le communiqué tout a été fondé sur une incompréhension, une mauvaise interprétation, une déformation de la réalité et des mensonges concoctés dans le but semer la discorde.
Le syndicat précise que les manifestations des étudiants, des enseignants et des travailleurs sont licites dans la limite du respect de l’unité nationale, des lois et règlements en vigueur régissant l’Université. Enfin le document a appelé tous à "la préservation du respect de l’enceinte universitaire notamment l’esprit de dialogue constructif basé sur le respect mutuel et guidé par l’intérêt général de la Mauritanie.
Tawassoul condamne les événements de l’université et appelle l’Etat à assumer ses responsabilités
Le Rassemblement national pour la réforme et le développement (Tawassoul-Islamistes), a vivement déploré aujourd’hui, les heurts qui se sont produits dernièrement à l’université de Nouakchott, entre « les fils d’un seul et même pays ».
Tawassoul a également appelé les autorités à assumer pleinement leur entière responsabilité dans ce qui se passe, comme il a demandé à tous les autres acteurs politiques d’œuvrer, chacun de son lieu d’action, à cultiver les valeurs de l’unité, de l’amour d’autrui et du partage du destin.
Le parti estime que les heurts de l’Université sont le résultat logique de cette querelle linguistique, qui a pour arrière-plan, la promotion de l’arabe défendue par certains groupes et contestée par d’autres. Tewassoul s’était déjà prononcé sur cette polémique, encourageant l’enseignement de l’arabe, mais, exigeant également la prise en considération de l’identité africaine de la Mauritanie.
Une position louable qui a permis à cette formation politique de ne pas se confondre dans la mêlée des partisans inconditionnels de telle ou telle langue.
AJD/MR : DECLARATION
Depuis quelques jours, on assiste à des incidents récurrents au sein de l’université de Nouakchott . Ces incidents, compte tenu de leur nature, revêtent une gravité certaine pouvant aller jusqu’à la remise en question de l’existence de notre pays. Nous dénonçons l’attitude irresponsable de certaines forces politiques qui, au lieu de contribuer à éteindre l’incendie, mettent l’huile sur le feu.
Vu le danger qui se profile dans ces mouvements, L’AJD/ MR lance un appel :
- à tous les patriotes et l’élite de ce pays pour mettre fin à ces troubles qui mettent en péril l’unité nationale et l’avenir du pays .
- à l’Etat mauritanien et au premier rang au Président de la République pour mesurer l’ampleur du danger qui nous guette et prendre toutes ses responsabilités pour arrêter ces incidents néfastes et préjudiciables à l’unité nationale.
Nouakchott le 15 Avril 2010. Le Bureau Politique National
Communiqué du Parti ADIL
Depuis quelque temps, l’Université de Nouakchott est le théâtre de graves événements qui menacent l’unité nationale et la paix civile. L’étincelle de cette discorde a jailli des déclarations irréfléchies, émanant de ce régime qui pousse le pays vers le chaos, en jetant les citoyens les uns contre les autres. Et au lieu d’œuvrer, comme il se doit, à l’apaisement et au retour au calme, le pouvoir a continué à jeter de l’huile sur le feu par de nouvelles déclarations irréfléchies. Ces comportements imprudents ont chaque fois provoqué une vague de violence dangereuse, annonciatrice de graves dissensions. Il est désormais établi qu’il s’agit là d’une orientation politique constante chez le régime, fondée sur la règle « diviser pour régner » et dont le but est de détourner le peuple de ses vrais problèmes qui s’aggravent de jour en jour. Devant la gravité de la situation, le Pacte National pour la Démocratie et le Développement « ADIL » lance un appel à l’ensemble des acteurs politiques et sociaux ainsi qu’à tous les mauritaniens pour œuvrer ensemble, pendant qu’il en est encore temps, à éteindre le feu de la discorde en bannissant les tentatives de division et en se dressant, avec détermination, devant quiconque cherche à porter atteinte à l’unité et aux valeurs sacrées de notre peuple.
Nouakchott, le 15 Avril 2010
Communiqué de la Coordination de l’Opposition Démocratique L’Université de Nouakchott a été, de nouveau, le théâtre d’événements fort inquiétants suscités, comme à la fin du mois passé, par des déclarations d’un membre du Gouvernement actuel au sujet de la question très sensible de l’identité nationale et du statut des langues. Le développement le plus grave a eu lieu ce jeudi, lorsque des éléments manifestement étrangers au campus sont venus provoquer des rixes entre étudiants. Face à la volonté désormais indubitable du régime de se servir de ce débat - dont la Constitution du 20 juillet 1991 amendée a définitivement clos les controverses - pour détourner les populations des vrais problèmes qui menacent l’existence de notre pays, la Coordination de l’Opposition Démocratique : 1- Dénonce avec force les déclarations délibérément provocatrices du pouvoir, attisant tantôt la colère des étudiants négro-africains par l’annonce d’une « arabisation intégrale de l’administration », et tantôt celle des étudiants arabes en remettant en cause le statut de langue officielle de l’arabe, alternant ainsi cyniquement l’exclusion des uns et des autres. 2- Rend le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz entièrement responsable des conséquences néfastes des agissements de ceux qui poussent nos populations vers la confrontation. 3- Condamne la surenchère de certains milieux sur cette question, rappelant que le pluralisme linguistique et la diversité culturelle consacrés par la Constitution devraient dissuader quiconque se soucie de la stabilité de ce pays et de la cohabitation fraternelle entre ses différentes composantes, d’ouvrir ce débat sur le ton de la provocation et de l’indexation de l’autre. 4- engage le gouvernement à cesser les sorties intempestives de ses membres et le met en garde de jouer avec le feu dévastateur des clivages ethniques et raciaux pour faire diversion à la crise multiforme dans laquelle il se débat. 5- appelle l’ensemble des étudiants mauritaniens à refuser de se laisser manipuler par les chauvins à tout poil, et à opposer un sens élevé de l’intérêt national, de la tolérance et de la fraternité aux visées destructrices de ceux qui veulent réaliser des acquis politiques sur les cendres de l’unité de notre peuple et la cohabitation pacifique de ses ethnies. 6- appelle les parents d’élèves, les enseignants, la société civile et tous les acteurs nationaux responsables à s’investir dans la lutte contre la résurgence de l’antagonisme et de la haine ethniques dont la menace sur la paix civile et la stabilité de notre pays est désormais réelle. 7- Réclame un dialogue national constructif, donc dans un contexte forcément serein et responsable, pour aboutir à un projet commun de développement d’un système éducatif susceptible de renforcer davantage la cohésion de notre peuple. Nouakchott, 16 avril 2010 Le Commission de Communication
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