Le groupe de mutins, qui a renversé le président nigérien Mamadou Tanjda jeudi, suspendu la Constitution et dissout les institutions républicaines au Niger, a annoncé vendredi dans un communiqué que leur leader était le chef d’escadron Salou Djibo. Il dirigera désormais la junte, qui s’est baptisée jeudi 18 fevrier "Conseil suprême pour la restauration de la démocratie".
Le communiqué précise que le gouvernement sera géré par les responsables ministériels et régionaux, jusqu’à ce qu’un nouveau gouvernement soit formé. Ils n’ont pas précisé où avait été emmené le président nigérien. Le président nigérien, Mamadou Tandja, a été arrêté jeudi lors d’un coup d’Etat perpétré par des soldats qui ont annoncé la suspension de la Constitution et la dissolution de toutes les institutions. Selon des sources militaires, des soldats conduits par le colonel Adamou Harouna se sont rendus maîtres du palais présidentiel, situé dans le centre de Niamey, après quatre heures de combats. Les mutins ont arrêté le président Tandja ainsi que plusieurs ministres mais n’ont fourni aucun détail sur la situation de leurs prisonniers. """"Nous, forces de sécurité et de défense, avons décidé de prendre la responsabilité de mettre fin à la situation de tensions politiques que vous connaissez"""", a déclaré le colonel Goukoye Abdul Karimou, porte-parole de la junte, dans un communiqué lu à la télévision publique. La junte qui s’est donné le nom de Conseil suprême pour le rétablissement de la démocratie (CSRD) a ensuite annoncé qu’elle avait fermé les frontières du pays et qu’un couvre-feu était imposé pour la nuit. Les putschistes n’ont pas précisé combien de temps ils envisageaient rester au pouvoir mais ils ont appelé les Nigériens et la communauté internationale à soutenir leur action. Des témoins ont raconté avoir entendu des tirs à la mitrailleuse et à l’arme lourde éclater vers 12h00 GMT et durer pendant plusieurs heures. Certains ont dit avoir vu de la fumée s’échapper du palais présidentiel dans l’après-midi avant que le calme revienne dans la soirée. """"Le calme est revenu et des chars ont pris position près de la caserne où l’on suppose que sont détenus Tandja et les membres de son gouvernement"""", a indiqué à Reuters une habitante de Niamey. Cette habitante a ajouté qu’un soldat qui vivait près de chez elle lui a dit de ne pas s’inquiéter car toute résistance avait cessé et parce que toute l’armée soutenait le coup d’Etat. De source hospitalière, on fait état d’au moins trois soldats tués. Un reporter de Reuters avait auparavant vu cinq militaires blessés dans un hôpital. La radio nationale a commencé à diffuser de la musique militaire mais la télévision a maintenu son programme de danses traditionnelles. URANIUM Selon des sources policières, les assaillants semblaient être venus de l’extérieur de la ville à bord de véhicules blindés. """"Cela montre que la crise politique s’approfondit, qu’il y a un mécontentement croissant contre Tandja, même dans le camp loyaliste"""", souligne Rolake Akinola, un analyste de contrôle des risques. """"Nous assisterons à des pressions politiques et régionales croissantes sur Tandja pour qu’il cède du terrain"""". Le président Mamadou Tandja, au pouvoir depuis 1999, a dissous le Parlement et fait adopter en août par référendum une réforme constitutionnelle qui lui a permis de se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son deuxième mandat de cinq ans, qui a expiré en décembre .Le référendum constitutionnel, condamné par l’opposition nigérienne et la communauté internationale, a éliminé une bonne partie des freins à l’autorité de Mamadou Tandja en supprimant la limitation du nombre de mandats présidentiels et en lui accordant trois ans de pouvoir supplémentaires sans avoir à se présenter à nouveau devant les électeurs. La Cour constitutionnelle a déclaré ce vote illégal. Mamadou Tandja a répliqué en remplaçant tous les membres de l’instance judiciaire par des membres nommés par ses soins. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a suspendu le Niger en octobre dernier et les Etats-Unis ont supprimé en décembre les avantages commerciaux qu’ils accordaient au pays. En dépit de la crise politique et de soulèvements touaregs occasionnels, de grands groupes tels que le français Areva ou le canadien Cameco ont investi des milliards de dollars au Niger, qui recèle d’importants gisements d’uranium. Areva s’est engagé à investir 1,2 milliard d’euros pour exploiter le plus grand gisement d’uranium d’Afrique à Imouraren, dans le nord du pays. Le groupe chinois China National Petroleum Co. a, lui, signé en juin dernier un contrat d’exploitation pétrolière de cinq milliards de dollars (3,7 milliards d’euros).
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