Ona: Les avocats dénoncent les vices de procédures    
04/02/2010

« Nous avons toujours joué un rôle primordial en matière de promotion et de protection des libertés dans un Etat de droit Â», déclare d’emblée Me Ahmed Salem Ould Boukhoubeiny, bâtonnier de l’Ordre national des avocats (Ona). C’est au cours d’un point de presse organisé



dans l’après midi du mercredi 3 février 2010 à l’hôtel Wissal, que les avocats du barreau de Nouakchott ont tenu à dénoncer certains vices de procédures judiciaires. Selon le bâtonnier qui faisant face à la presse, «Nous avons constaté ces derniers temps qu’il y a eu des décisions de justice qui n’ont toujours pas été appliquées Â». Il s’agit pour le bâtonnier, des personnes libérées par la loi et qui n’ont pas été élargies. C’est le cas de notre confrère directeur du journal électronique « Taqadoumy Â», Hanafi Ould Dahah (pour ne citer que lui) qui a purgé sa peine et qui reste encore et encore en prison pour des raisons inavouées.
A en croire Me Boukhoubeiny et compagnie, « il y a eu une pratique qui s’est instaurée petit à petit dans notre système, qui consiste à passer outre les décisions de justice et instaurer à la place une sorte d’arbitraire qui naturellement est inacceptable dans un Etat de droit Â». C’est pourquoi, l’Ona s’est élevé contre cette pratique d’un autre âge. Cependant, il s’est heurté au Parquet qui dit que « cela n’est pas votre affaire Â». Après plusieurs tractations en vue de lever certaines équivoques dans les procédures, le parquet a dit qu’il y a un obstacle majeur. Autrement dit, certains magistrats au niveau du parquet considèrent que l’obstacle majeur réside dans les propos des avocats. Propos considérés par ces mêmes magistrats comme désobligeants. Par conséquent, l’Ona, selon le bâtonnier, a présenté des excuses pour tout ce qui pourrait être considéré comme propos désobligeants dans leur démarche car, « ce n’est pas cela notre objectif. Notre objectif n’est rien d’autre que la défense de certains principes immuables sur lesquels nous ne transigerons pas Â», indique le bâtonnier.
En réalité, la réaction des avocats découle du dernier communiqué du parquet à travers lequel, ils ont constaté que le parquet continue de défendre sa politique de détention arbitraire. Un communiqué qui n’a pas été présenté à la presse encore moins, lu devant cette dernière afin qu’on puisse comprendre exactement les tenants et les aboutissants. Néanmoins, l’on peut aisément comprendre que les avocats s’élèvent contre ce qu’ils considèrent comme une « instrumentalisation de la justice Â». Mais, selon l’Ona, le plus grave, c’est qu’on ne fait pas recours à la justice pour le règlement de certaines questions relevant de sa compétence. Allusion faite au règlement relatif à l’affaire dite de la BCM et récemment, au feuilleton des salafistes jihadistes où les Oulémas se sont emparés des affaires pour les traiter en dehors de la justice. Pour les avocats, la recrudescence de ces « pratiques hors la loi Â», risque de créer des entorses dans les procédures normales. Et c’est ce qui fâche cette corporation car cette « instrumentalisation de la justice» ne les profite pas, encore moins aux mauritaniens et aux investisseurs. « Nous avons dénoncé cela car cette justice ne mérite pas ça Â», indique le bâtonnier avant de souligner qu’il y a beaucoup de pressions sur les magistrats pourtant compétents. Ce qui engendre une influence sur les décisions judiciaires malgré la consistance des textes. C’est pourquoi, l’Ona pointe un doigt accusateur sur le pouvoir exécutif qui doit respecter et garantir le principe de la séparation des pouvoirs. Ce qui, selon l’Ona, doit être le socle d’une justice indépendante pouvant rassurer les citoyens et les investisseurs.
L’Ona juge que cette démarche rentre dans le cadre de sa mission de défense des intérêts de la justice. « Nous souhaitons que les autorités restent dans le cadre légal, qu’elles n’outrepassent pas leurs prérogatives et travaillent avec nous Â», martèle Me Ahmed Salem Boukhoubeiny qui dit que l’Ona est prêt à faire toute sorte de concessions mais s’élèverait contre l’injustice et la détention arbitraire en Mauritanie.
Compte rendu Ibou Badiane

 


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