Trois candidats (au lieu de 4) contestant la victoire du général Mohamed Ould Abdel Aziz à la présidentielle du 18 juillet ont déposé le 21 juillet des recours devant le Conseil constitutionnel mauritanien et rendu public une déclaration que nous publions ci-dessous.
Un quatrième candidat, Hamadi Ould Meimou, qui avait dénoncé des fraudes, n’a pas déposé de recours. Les trois candidats, Messaoud Ould Boulkheir, Ahmed Ould Daddah, Ely Ould Mohamed Vall dénoncent des «fraudes massives une manipulation du fichier électoral, des usages de faux, le vote multiple de militaires, l’utilisation frauduleuse de produits chimiques sur les bulletins ainsi que des votes d’étrangers, notamment de sénégalais».
Le Conseil constitutionnel dispose de huit jours pour se prononcer sur ces recours. "Nous venons de déposer nos recours. Nous avons avancé un faisceau de preuves qui confirment que ce qui s’est passé samedi ne peut avoir eu lieu que par la fraude", a déclaré M. Ould Daddah au cours d’une conférence de presse, avec ses deux autres collègues. "
Ce qui s’est passé dépasse l’entendement", a-t-il insisté. Lors du 2e tour de l’élection présidentielle de mars 2007, saluée par la communauté internationale, il avait obtenu près de 47% des voix.
M. Ould Daddah est revenu sur "le cas d’une substance chimique (sur le bulletin de vote) qui influerait sur le vote". "J’y crois profondément à cette substance parce que nous avons des bulletins qui sont..., on dirait..., scannés, portant la même marque de vote", a-t-il insisté, réclamant une "expertise technique" à ce sujet.
Pour sa part, M. Ould Boulkheir a affirmé qu’il faudrait attendre la réponse du Conseil constitutionnel aux recours déposés pour déterminer la conduite à tenir. "Ou bien accepter le fait accompli avec ce que cela comporte comme risques, ou bien décider de continuer la lutte dans ce que nous offrent les lois du pays comme voies démocratiques", a-t-il affirmé.
Les trois candidats ont également déposé des plaintes devant la commission électorale nationale indépendantes (CENI). Mohamed Ould Abdel Aziz le nouveau président élu, a récusé la fraude lors de sa première conférence de presse tenue dimanche soir 19 juillet: "En tout cas, notre camp n’a pas fraudé. Il ne suffit pas de dire qu’il y a eu fraude, il faut apporter des preuves".
DECLARATION
Suite au scrutin du 18 juillet 2009, certains groupes d’observateurs internationaux ont fait part de leur satisfaction quant au déroulement de l’opération électorale aussitôt après l’annonce des résultats provisoires de ces élections, sans avoir pris le temps d’étudier attentivement notre déclaration du 19 juillet 2009 ni avoir pris connaissance de la position de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) ni de celle du Conseil Constitutionnel.
La réaction hâtive desdits observateurs ainsi que les lourdes conséquences qu’elle pourrait engendrer pour notre pays, en termes d’instabilité et de blocage politiques, appelle de notre part les remarques suivantes :
1. Le nombre d’observateurs internationaux ayant assisté au scrutin du 18 juillet 2009 était très insuffisant par rapport aux besoins initialement exprimés par les différentes parties mauritaniennes. Seule une infime partie des bureaux de vote, à Nouakchott et dans quelques grande villes de l’intérieur, a été couverte par les missions d’observateurs internationaux. Ces derniers sont rarement restés au-delà de quelques minutes dans un bureau de vote.
2. A l’instar de l’ensemble des acteurs politiques mauritaniens, hormis le camp du général Mohamed Ould Abdel Aziz, les observateurs internationaux n’ont pas été associés, en amont, au processus de préparation du scrutin, à savoir, entre autres, la confection des listes électorales, la préparation des bulletins de vote, la désignation et la mise en place de la CENI au niveau national, etc…
3. Les observateurs internationaux venus suivre l’élection du 18 juillet 2009 n’ont pas une connaissance suffisante ni du paysage politique ni des usages et coutumes du pays. Lesdits observateurs ne peuvent donc exprimer, dans ces conditions, qu’un point de vue superficiel et forcément subjectif sur lequel il serait tout à fait aléatoire de fonder un jugement solide.
Nouakchott, le 21 juillet 2009
Messaoud Ould Boulkheir
Ahmed Ould Daddah
Ely Ould Mohamed Vall
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