(Papier général) Par Christophe Parayre Dakar, 2 juin 2009 (Afp) - D’intenses négociations se poursuivaient mardi à Dakar pour aboutir à un report de l’élection présidentielle prévue samedi en Mauritanie et boycottée par l’opposition, afin de sortir le pays de la crise née du coup d’Etat militaire du 6 août.
Les forces favorables et opposées au putsch discutaient dans un grand hôtel de la capitale sénégalaise des propositions présentées lundi en fin d’après-midi par les médiateurs internationaux (ONU, Union africaine, Ligue arabe, Sénégal...) pour une participation de tous les partis au scrutin. Outre un report de la présidentielle, avec un premier tour le 18 juillet suivi d’un éventuel deuxième tour le 1er août, la communauté internationale a proposé la mise en place d’un gouvernement d’union, composé à parité de pro et anti-putsch. "On a eu notre réunion presque finale. La progression de notre dossier est satisfaisante pour nous", a indiqué à la presse mardi à la mi-journée le ministre sénégalais des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, à l’issue d’une réunion entre le Groupe de contact et les délégations mauritaniennes. "Nous travaillons sur le communiqué final. On s’est donné rendez-vous à 17H00 (locales et GMT) et si tout va bien on va se retrouver avec des décisions", a-t-il ajouté. "Le communiqué va être peaufiné, le travail continue avec Nouakchott et les délégations à Dakar"", a-t-il poursuivi. Les délégations devaient initialement donner une réponse, mardi à 10H30 (locales et GMT), aux propositions de la communauté internationale. Mais des tractations de dernières minutes ont retardé de plusieurs heures des négociations au long cours entamé le 28 mai. Selon plusieurs sources proches des négociations, la composition du gouvernement et l’attribution des postes-clés au sein du cabinet constituent les principaux points d’achoppement. "L’opposition voulait des ministères comme l’Intérieur, les Finances et la Communication pour «sécuriser» les élections. Apparemment, elle les a obtenus", a révélé une source proche des négociations. "Il ne reste que des détails", avant de conclure l’accord, a-t-elle assuré. Si les parties arrivent à un accord, il devrait être annoncé mardi soir à Dakar avant d’être signé mercredi à Nouakchott par les pro et anti-putsch. Ces discussions, qui se tiennent de jour comme de nuit, visent à sortir le pays de la grave crise née du coup d’Etat militaire du 6 août ayant renversé le premier président démocratiquement élu (en mars 2007) du pays Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz a démissionné de son poste de chef de la junte pour se présenter au scrutin du 6 juin. Il est considéré comme le grand favori, les partis anti-putsch ayant décidé de boycotter cette "mascarade électorale". Il a ces derniers jours continué de mener campagne, à l’intérieur du pays, semblant ignorer les négociations de Dakar. Mais l’activisme de l’ex-chef de la junte n’a en rien ébranlé l’optimisme des négociateurs. Interrogé sur un éventuel échec des discussions, le représentant de l’Union africaine (UA), le commissaire Ramtane Lamamra, a répondu: "Ce n’est pas une option qu’il faut considérer", avant de mettre l’accent sur la "dynamique diplomatique". "Nous sommes dans une dynamique positive. Tout le monde a à y gagner, un report (de la présidentielle du 6 juin) est toujours possible", a renchéri un autre médiateur, sous couvert de l’anonymat.
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