La chambre criminelle de la cour suprême dans son audience du 19 mai présidée par Mohamed Ould Hannany (président de la cour suprême) a décidé de revoir à la baisse (à des taux allant de 90 à 99 % ) les cautions exigées pour les libertés provisoires accordées il y a quelques mois aux détenus du FNDD, poursuivis dans la cadre de l’affaire Air Mauritanie...
...parmi lesquels le Premier ministre constitutionnel Ould Waghf (qui contrairement à Sghair Ould M’bareck n’a pas reconnu les tombeurs de son président) ainsi que le ministre Moustapha Ould Hamoud et l’ex-ministre Didi Ould Biyé. Les cautions initialement exigées étaient de 100 millions d’ouguiyas (312.000 euros) et ont été rabaissées le 19 mai, entre 1 million d’ouguiya (3.120 euros) et 10 millions d’ouguiya (31.200 euros) par prévenu. Les détenus au nombre de quatre parmi lesquels Isselmou Ould Khattri nommé un mois seulement avant la faillite d’Air Mauritanie qui ont bénéficié de cet abattement ou de ce dégrèvement politico-juridique de la caution, avaient à l’époque refusé de payer ce que les observateurs avaient considéré "une rançon".
Deux hommes d’affaires dirigeants de quelques uns des principaux groupes d’affaires du pays qui présidaient le conseil d’Administration de la compagnie Air Mauritanie et qui étaient détenus avaient quant à eux , accepté de payer la caution initiale «pour ne pas porter préjudice à la bonne marche de leurs affaires» dit-on. Les familles des détenus du FNDD ont payé les cautions revues à la baisse la journée du 19 mai, mais les détenus sont restés en prison parce que le procureur général de la cour suprême M. Seyid Ould Ghailany n’a pas envoyé leur dossier à la chambre d’accusation de la cour d’Appel pour la procédure de levée d’écrou. Bien que s’étant acquittés de la caution, les détenus du FNDD ont donc dormi une nuit de plus à la prison civile de Dar Naim. Poursuivis dans une affaire éminemment politique «maquillée pour des besoins démagogiques et cyniques, en affaire de mauvaise gestion et de lutte contre la gabegie» estiment les observateurs indépendants, la libération des détenus du FNDD était devenue une exigence nationale, hormis pour la junte et certains de ses soutiens. La coalition anti-putsch RFD-FNDD en avait fait un préalable à toute discussion avec le pouvoir militaire pour une sortie de crise dans le cadre de la médiation sénégalaise. Leur libération est considérée comme allant dans le sens d’une décrispation de la situation politique et a démontré que la justice sait accorder -dans tous les sens- ses violons avec la politique.
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