Neuf mois après le coup d’Etat militaire qui a déposé le premier président démocratiquement élu de Mauritanie, les manifestations anti-putsch se poursuivent ainsi que les médiations visant à désamorcer la dangereuse crise mauritanienne consécutive au putsch du 6 août. C’est dans le cadre d’une médiation de la dernière chance (qui pourrait n’avoir aucune chance) que le président sénégalais Abdoulaye Wade est attendu jeudi 14 mai à Nouakchott.
Il est accompagné d’une délégation de l’UA et du représentant spécial de l’ONU basé à Dakar. La mouvance anti-putsch mauritanienne affectée par neuf mois de féroce répression et de campagnes de diabolisation est toujours debout et combative.
Pas plus tard que le 13 mai, l’une de ses manifestations a été violemment réprimée. La mouvance favorable aux militaires est elle aussi, extenuée par neuf mois de tensions et a perdu des pans importants de ses soutiens, de plus en plus inquiets face au discours de «faucons» qui prône l’unilatéralisme et la confrontation.
Entre ces deux mouvances, aucun dialogue n’était possible jusqu’ici.
Les mauritaniens sont même devenus pessimistes et peu portés à se faire bercer par les illusions d’un consensus national, pourtant salvateur.
Un consensus qui sauvera la face à tous les protagonistes et qui engagera la Mauritanie sur la voie d’un retour crédible à l’ordre constitutionnel. Le président mauritanien élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui a fait le déplacement de Lemden vers Nouakchott rencontrera le président Wade et sa délégation qui l’accompagne, laquelle, se reunira avec les acteurs de la crise mauritanienne. Et ce, trois semaines seulement, avant une élection présidentielle anticipée que l’opposition anti-putsch boycotte malgré la participation de trois candidats (de paille) qui n’avaient pas condamné le coup d’Etat et qui ne constituent donc pas une opposition au général Mohamed Ould Abdel Aziz à mesure de crédibiliser son élection. Le général Ould Abdel Aziz s’est réuni la soirée du 13 mai avec ses soutiens pour examiner avec eux les grandes lignes de la médiation sénégalaise.
En conclave d’abord avec le groupe parlementaire majoritaire du parti politique qu’il préside maintenant: l’Union pour la République (UPR), le général Aziz s’est réuni par la suite, avec les petits partis à infime représentation parlementaire, qui soutiennent sa candidature.
Des informations contradictoires ont filtré de ces rencontres. Tantôt sur le rejet de tout report de la présidentielle de juin, tantôt sur son acceptation assortie de conditions. Rien ne permet à ce stade, d’y voit plus clair et d’évaluer les réelles chances de succès de la médiation sénégalaise. Cette médiation nettement plus équilibrée que la médiation libyenne, même si elle n’aborde pars la statut de la junte militaire au pouvoir, propose un report de la présidentielle prévue le 6 juin, la constitution d’un gouvernement consensuel, la révision de la composition de la commission électorale, une amnistie générale et "un rôle que jouerait le président déchu". Des axes de solutions conformes à un niveau élévé aux revendications de la coalition RFD/FNDD qui peuvent sauver la Mauritanie de son impasse, si un minimum de bonne volonté s’y met.
|