Sur invitation du ministre des affaires étrangères et de la coopération Mohamed Mahmoud Ould Mohamedou., le ministre iranien des affaires étrangères M. Manoucher Moutaqui est arrivé mardi soir (24 mars) à Nouakchott en provenance de Bamako. Le ministre iranien des affaires étrangères est accompagné par une importante délégation comprenant les vice-ministres de l’agriculture, de l’industrie, de l’énergie, des affaires sociales et de la santé.
Les deux ministres ont tenu une réunion de travail qui a été élargie aux membres des délégations des deux pays. Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, Président du Haut Conseil d’Etat a reçu en audience M. Manoucher Mouttaqui.
Le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaqui a promis, lors d’ une visite à Nouakchott, d’aider à équiper un centre de lutte contre le cancer et de développer la coopération bilatérale, a-t-on affirmé mercredi de source gouvernementale. Cette promesse est intervenue deux mois après la décision de la Mauritanie de suspendre ses relations diplomatiques avec Israël (qui avaient été établies en 1999). Jusqu’ à présent, Téhéran et Nouakchott n’ avaient jamais initié de véritable coopération bilatérale, selon la même source gouvernementale. M. Mottaqui, venu lundi soir à Nouakchott dans le cadre d’ une visite de quelques heures, s’ est entretenu avec le chef de la junte au pouvoir depuis le coup d’ Etat du 6 août, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, et a visité le "centre national d’ oncologie" (cancérologie) inauguré en décembre. Selon l’ Agence mauritanienne d’ information (AMI, officielle), M. Mottaqui a déclaré durant sa visite: "Nous avons tracé les contours des perspectives d’ avenir de la coopération entre la Mauritanie et l’ Iran que nous allons promouvoir au bénéfice des deux grands peuples islamiques". Outre la santé, la coopération devrait concerner les domaines du "pétrole, de l’ énergie, du commerce, de l’ agriculture et des mines", selon les propos du ministre rapportés par l’ AMI. Toujours selon l’ Agence, le chef de la diplomatie iranienne a jugé "sage" la décision du nouveau pouvoir militaire d’ organiser une élection présidentielle le 6 juin. L’ organisation de ce scrutin est contestée à Nouakchott: le Front anti-putsch considère que "les cartes sont truquées d’ avance" en faveur des putschistes qui ont pris le pouvoir en août en renversant le président démocratiquement élu, Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Ce coup d’ Etat avait été condamné par la communauté internationale. Le Conseil de paix et de sécurité de l’ Union Africaine a notamment décidé de prendre des sanctions à l’ égard des civils et militaires impliqués dans ce renversement de régime.
Auparavant le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchechr Mottaki, à la tête d’une forte délégation, avait effectué le 23 mars une visite de travail d’une journée au Mali. Voici le comporte rendu fait par le journal malien "L’ESSOR" sur la visite du ministre iranien des Affaires étrangères au Mali.
Compte rendu de "l’ESSOR" (journal Malien)
«Le ministre Mottaki a, au cours de son bref séjour, été reçu successivement en audience par le président de l’Assemblée nationale Dioncounda Traoré et le président de la République Amadou Toumani Touré.
A sa sortie d’audience avec le président Touré, Manouchechr Mottaki a indiqué que les discussions ont surtout porté sur la redynamisation de la coopération entre Bamako et Téhéran. Les négociations pour le financement de la construction du barrage de Kénié sont bouclées et les documents sont en train d’être élaborés, a-t-il précisé. Le protocole d’accord sera signé lors d’une prochaine visite du président iranien au Mali, a révélé le ministre iranien qui a ajouté avoir aussi discuté des secteurs de l’agriculture, l’exportation de véhicules, le montage de tracteurs, le tourisme, la santé, la mise en place de cliniques, etc.
Manouchechr Mottaki a jugé que l’agriculture est un secteur susceptible de beaucoup intéresser les investisseurs iraniens. Sur le plan international, le ministre iranien s’est réjoui de la convergence de vues entre l’Iran et Mali, deux pays musulmans et non alignés, tous deux membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), de l’Organisation des Nations unies (ONU).
Le ministre iranien a également eu une séance de travail avec son homologue Moctar Ouane. Leur rencontre a constaté que les relations de coopération entre Téhéran et Bamako ont connu des difficultés momentanées liées à l’échec de négociations sur une ligne de crédit de dix millions de dollars américains offerts par la partie iranienne pour servir à la réalisation du pont de Gao et de ses voies d’accès et au bitumage de la route Koulikoro-Banamba. Notre pays avait soumis plusieurs requêtes infructueuses à la partie iranienne. La présente visite de Manouchechr Mottaki participe d’une volonté de normalisation amorcée entre Maliens et Iraniens, a précisé le ministre Moctar Ouane.
Rappelons que les relations entre les deux pays se sont formalisées avec l’ouverture d’une ambassade d’Iran à Bamako en 1988 et d’une représentation malienne à Téhéran dix ans plus tard. En janvier 2005, lors de la visite au Mali de Seyyed Muhammad Khattami, président de la République islamique d’Iran cinq accords de coopération avaient été signés, une première entre les deux pays. Les deux premiers portaient sur la création du comité mixte de coopération et d’un accord culturel. Le mémorandum d’accord relatif à l’aide du développement figurait en troisième position.
Au cours de la même année 2005, les deux pays ont discuté du projet de réalisation du barrage hydroélectrique de Kénié, de différents projets d’usine de montage de tracteurs, de cimenterie, de construction d’un abattoir à Bamako. La finalisation des procédures de mobilisation des deux lignes de crédit à court et moyen termes offerts par l’Iran aux opérateurs économiques maliens, a aussi été évoquée.
S. KONATÉ, L’ESSOR du 25 mars
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