Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, président du Haut Conseil d’Etat (HCE) a entamé le 19 mars une tournée en «Aftout» une vaste zone à cheval entre trois wilayas (régions) mauritaniennes : le Brakna, l’Assaba et le Gorgol.
L’objectif de cette tournée est de "s’informer" sur les conditions de vie des populations et lancer des projets qui «changeront considérablement ces conditions de vie» a indiqué le général Aziz qui s’exprimait dans le meeting organisé à Aleg, première étape de ce long periple qui durera quelques jours. Dans son discours, devant les populations d’Aleg; le président du HCE a déclaré que tous les mauritaniens aspirent au «changement», à l’exception d’une «minorité(allusion à l’opposition anti-putsch, ndlr) ne dépassant pas une dizaine de personnes».
Par le passé, le président du HCE estimait le nombre d’opposants au putsch du 6 août, à «5 personnes ayant perdues leurs privilèges».
En faisant grimper leur nombre à 10, le président du HCE laisse entendre que ses opposants se sont entre-temps, multipliés par deux . Le général Aziz est revenu dans son discours sur ses thèmes favoris -dans lesquels il est parfois sincère- notamment, la marginalisation du peuple, le retard dans le développement économique et social, l’absence d’infrastructures et la lutte contre la gabegie, révélant à l’occasion, une information de taille. « Les contrôles lancés ces derniers mois ont démontré que des centaines de millions ont été détournés» a-t-il déclaré dans un accès de sincérité touchant.
Et d’ajouter :«Nous sommes confus (Ehna Hayriin), nous ne savons pas si on doit envoyer tout ce monde en prison ». Pourtant, il y a lieu de ne pas hésiter un instant. Car du moment que des mauritaniens sont en prison pour des accusations de mauvaise gestion datant d’une décennie, il n y a pas de raison de fermer les yeux sur des détournements datant de quelques mois seulement.
Sinon, ce serait le fameux «deux poids deux mesures».
La crédibilité de la lutte contre la gabegie dépend de la capacité du général Aziz à secouer le cocotier des "prévaricateurs", qui soient-ils.
Réaction du Front anti-putsch : Communiqué du FNDD
Le Général Mohamed Ould Abdel Aziz multiplie ces jours-ci ses visites théâtrales, inaugurant ainsi sa campagne électorale prématurée et ostentatoire. Par cette propagande ostensiblement démagogique, il vise désespérément à justifier le coup d’Etat abject qu’il perpétré le 06 août 2008, et par lequel il a renversé la légalité constitutionnelle et le Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, élu par le peuple mauritanien à la faveur d’un scrutin transparent et honnête. Comme à son habitude au cours de ses précédents carnavals, ce général va sans doute ressasser la litanie de ses arguments fallacieux qui ne trompent plus personne, dans le but d’abuser ceux, rares, qu’il peut encore mystifier avec des slogans vaseux du genre « lutte contre la gabegie », « proximité avec les pauvres » et « action pour le développement ».
Cette campagne effrénée a pour but, entre autres :
- De faire croire à l’opinion nationale qu’il ne fait pas de cas du vaste mouvement de refus qu’il essuie à l’intérieur, ni de l’isolement international suicidaire dans lequel il a entraîné le pays. Le général poursuit ainsi sa fuite en avant ; indifférent aux conséquences de celle-ci.
- De montrer qu’il jouit d’une « grande popularité », en recourant à l’utilisation du bâton et de la carotte, pour drainer les gens de la Capitale vers les villages éloignés ; méthodes auxquelles font généralement recours, en désespoir de cause, les régimes faibles et finissants.
Tout cela intervient dans une ambiance de faste et de gaspillage pour le moins incompatible avec la lutte contre la gabegie qu’on nous chante à tous vents. S’agissant de la gabegie et des prévaricateurs, on est d’ailleurs en droit de poser certaines questions à ce monsieur : N’est-il pas le gardien du Palais présidentiel depuis deux décennies ? Ne gère-t-il pas une des plus grandes unités de l’armée nationale, avec tout ce que cela sous-entend en termes de responsabilité directe de la gestion, sans le moindre contrôle, d’un budget substantiel? N’est-il pas devenu, en un clin d’œil, un des hommes les plus prospères de ce pays, sans qu’on sache véritablement la provenance de sa fortune ? Cela n’en fait-il pas, au moins, un complice de la gabegie dont il accuse injustement ses adversaires politiques ? Et puis peut-on imaginer plus grave gabegie que de priver les gens de leur pitance et le pays des financements extérieurs ; comme l’a fait son coup d’Etat absurde, compromettant ainsi tout effort de développement ? S’agissant de la baisse des prix avec laquelle on nous tympanise, chacun sait que le reliquat du stock de produits alimentaires dont disposait le pays a été récemment bradé aux commerçants pour alimenter la spéculation et que les produits de consommation ne sont plus à la portée de l’écrasante majorité des populations. L’ensemble des politiques économiques menées par le général se caractérisent par l’improvisation et l’aventurisme, et font supporter par le budget de l’Etat des projets non étudiés et sans financements préalables. Cela fait des visites actuelles du général une comédie sans objet, si ce n’est les attaques inadmissibles contre les adversaires politiques auxquelles nous avons assisté à Akjoujt et qui n’épargnent même pas la justice, traitée de gabegie et de corruption ! Cette campagne populiste intervient dans le cadre d’un agenda électoral unilatéral que le général et ses acolytes tentent d’imposer à la classe politique, alors que celle-ci le rejette dans la majorité de ses composantes. On sait aussi que la Communauté Internationale l’a rejeté, sachant qu’il est unilatéral et anticonstitutionnel. A ce sujet, le soutien du Colonel Kadhafi ne peut rien contre la fermeté des positions nationale et internationale.
Le Front National pour la Défense de la Démocratie, conscient de la nécessité d’enraciner le système démocratique, seul à même de garantir la stabilité, la sécurité, la prospérité et la paix civile dans ce pays, exprime son indignation de ces méthodes démagogiques honteuses, et appelle l’ensemble des citoyens soucieux de l’intérêt de la Mauritanie à se détourner de cette campagne d’intoxication et à ne pas se laisser abuser par ses slogans vaseux.
Vive la Mauritanie libre, démocratique, paisible et prospère !
Nouakchott, le 19 Mars 2009
Le Front National pour la Défense de la Démocratie
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