"Je me suis assuré que les autorités sont déterminées à organiser des élections présidentielles le 6 juin, ce dossier des sanctions est désormais clos", a déclaré le 12 mars Mouammar El Ghadhafi à la presse, avant son départ de Nouakchott.
"Le problème est terminé, le dossier clos, parce que ce qui est recherché c’est le retour à la vie civile" a encore expliqué le Guide libyen, qui a mené une médiation controversée à Nouakchott pour tenter de résoudre la crise née du coup d’état du 6 août. L’Union africaine avait décidé le 5 février dernier, de prendre des sanctions ciblées contre les membres civils et militaires de la junte mauritanienne au pouvoir, comprenant notamment une prohibition des déplacements des membres civils et militaires de la junte, le refus systématique des visas, le contrôle des comptes bancaires. Et le 20 février à Paris, la communauté internationale -qui avait maintenu les sanctions décidées le 5 février- avait mandaté le Guide libyen pour trouver une «solution consensuelle et acceptable par toutes les parties» de la crise mauritanienne dont deux (le RFD et le FNDD) rejettent catégoriquement l’élection présidentielle le 6 juin 2009 «unilatéralement» décidée par le Haut Conseil d’Etat (HCE-junte). Venu en médiateur, le Guide libyen semble plutôt avoir jeté son dévolu sur le HCE. Dans son discours prononcé le 11 mars à Nouakchott il a fustigé la démocratie, le pluralisme, le système parlementaire, la cadence des coups d’états chez nous, et même les élections qu’il avait comparé aux coups d’états, car «sources d’instabilité» avant de demander à tous d’envisager l’avenir et une «Mauritanie nouvelle qui sortira des élections du 6 juin 2009». Cette déclaration a soulevé l’indignation de la délégation du Front anti-putsch mauritanien présente, qui s’est retirée de la salle en guise de protestation, estimant que le médiateur a failli à son rôle en prenant partie pour «l’agenda fixé par les putschistes». Le 12 mars, le Guide libyen enfonce également le clou en annonçant que le dossier les sanctions décidées par la communauté internationale est clos. Comment procédera-t-il cependant pour clore le dossier des sanctions ? Les sources d’informations qui ont rapporté les déclarations du Guide ne le disent pas et lui non plus. Peut être qu’il entend ordonner à la Banque mondiale, au Fonds monétaire international, à l’Union Européenne et aux Etats-Unis d’amerique, de reprendre leur coopération gelée depuis le 6 août avec la Mauritanie ? Et peut être que ces partenaires de la Mauritanie l’accepteront. Une chose est certaine néanmoins. Face à l’embargo international et aux sanctions décidées contre son pays, le Guide libyen n’avait trouvé mieux que les concessions. C’est ainsi qu’il avait livré à la justice internationale ses compatriotes recherchés, indemnisé à coups de milliards de dollars les familles des victimes des attentats du Ténéré et de Lockerbie et démantelé ses installations nucléaires pour les offrir en guise de cadeau et «de signe d’amitié» aux Etats-Unis d’amerique. Ce sont en fait des concessions douloureuses qui avaient permis de clore le dossier des sanctions contre la Libye. Alors quelles concessions fera-t-il, cette fois, pour clore le dossier des sanctions contre la Mauritanie ?
Esweidahmed Ould Seubti
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