Centre Guide pour la Migration: Un sĂ©minaire de formation au profit des migrants   
02/02/2009

Ouvert il y a quelque temps, le Centre Guide pour la Migration (CGM) parrainé par la Confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie (CGTM), en partenariat avec l’Agence Espagnole pour la Coopération Internationale (AECI), l’Institut Syndical pour la Coopération et le Développement (ISCOD) et d’autres organisations syndicales, a organisé à Nouakchott, du 22 au 24 janvier courant, un séminaire de formation sous le thème «rôle du Syndicat dans la défense des droits de la main d’œuvre migrante».



Ce semainaire est organisé au profit des associations de migrants résidant en Mauritanie. Une rencontre qui a constitué un cadre d’échanges entre les syndicats et les représentants des associations de migrants, ressortissants des pays frères et amis, notamment de la Gambie, de la Guinée, du Mali, du Sénégal … entre autres.
L’objectif visé était de créer un cadre de concertation à travers lequel, ce centre d’orientation et de sensibilisation peut aider les travailleurs migrants par le biais des syndicats à défendre leurs droits dans le cadre de l’exercice de leurs métiers. Cela a été une opportunité pour ce centre, de procéder à l’ouverture et au lancement de ses activités. En présence des représentants des chancelleries des pays cibles, le coordinateur du centre, M. Mamadou Niang a saisi l’occasion, pour dire que son centre « constitue un cadre privilégié de concertation, d’échanges, d’orientation et de sensibilisation de la population migrante » en ce qui concerne leurs conditions de séjour en Mauritanie. A cet effet, il invitera les participants au séminaire à un débat franc afin de pouvoir identifier et recenser les problèmes de la main d’œuvre migrante, de dégager clairement les axes de collaboration et les perspectives d’avenir. Aux ong de défense des droits de l’homme et de la société civile, l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM) présentes à cette occasion, il leur invitera à plus d’écoute afin de saisir la quintessence des échanges qui en découleront des débats. Quant aux représentants des migrants, il leur a été demandé de décliner leurs attentes par rapport au centre afin de créer une synergie d’actions dans l’optique d’une défense légitime de leurs droits.
Ainsi, durant trois jours, les participants ont parcouru toutes les facettes de la migration sous toutes ses formes. La question de l’immigration clandestine n’a pas été en reste. Les formateurs ont saisi cette opportunité pour revisiter les législations européennes en matière d’immigration. Loin d’encourager les candidats à l’immigration, les formateurs par des exposés précis et concis, ont sensibilisé les participants à mieux préparer l’immigration et de dissuader les candidats qui ne remplissent pas les conditions requises.
Ces journĂ©es ont permis aux responsables du Centre de faire un diagnostic clair et prĂ©cis des problèmes des migrants et de cerner le champ d’implication des syndicats afin de leur permettre de jouer pleinement leur rĂ´le dans la dĂ©fense des droits de la main d’oeuvre  migrante. Des communications importantes relatives aux travaux forcĂ©s et la traite des personnes ainsi que sur la question de l’esclavage, ont Ă©tĂ© faites par des experts formateurs dont l’expertise dans le domaine Ă©tait avĂ©rĂ©e. Des ong de droits de l’homme en ont profitĂ© pour exposer sur les problèmes de l’esclavage et la loi le criminalisant.
A l’issue du sĂ©minaire, les participants ont formulĂ© des recommandations relatives Ă  la collaboration entre migrants et syndicats, la vulgarisation des textes rĂ©gissant les mouvements migratoires et leur emploi, la mise en place d’un programme d’appui aux migrants  etc.. Pour les reprĂ©sentants des associations de migrants, « cela constitue une aubaine que nous devons saisir pour aider nos compatriotes Ă  trouver des solutions aux problèmes liĂ©s Ă  l’exercice de leurs emplois qui se posent Ă  eux. Nous trouvons par lĂ  une occasion de crĂ©er un cadre de dialogue entre nous et les syndicats mauritaniens, dans le cadre de la dĂ©fense de nos droits. Nous n’attendions pas Ă  cela mais nous ne pouvons que remercier nos partenaires du centre», dĂ©clare Nouha SanĂ©, vice prĂ©sident chargĂ© des affaires sociales au niveau de l’association des ressortissants SĂ©nĂ©galais. Pour Amadou Barry de la communautĂ© guinĂ©enne, «ce sĂ©minaire nous a permis d’avoir une idĂ©e claire des droits et des devoirs des migrants en Mauritanie. Les dĂ©bats Ă©taient aussi ouverts et francs. Nous avons trouvĂ© des interlocuteurs disponibles Ă  nous accompagner dans la dĂ©fense de nos droits et nous nous en rĂ©jouissons».
Ibou Badiane
 
Encadrés :
 
Le Coordinateur sur l’initiative …
 
L’idĂ©e remonte en 2005. La confĂ©dĂ©ration Syndicale Internationale lors de son congrès en 2005 Ă  Miyazaki au Japon, avait adoptĂ© une rĂ©solution spĂ©ciale visant Ă  renforcer la capacitĂ© de ses ateliers partout dans le monde par rapport Ă  la dĂ©fense des droits des travailleurs migrants, avait-il indiquĂ©. «Cela nous a permis d’avoir un programme pilote qui visait dans un premier temps une collaboration avec la CGTM de Mauritanie et la CNTS du SĂ©nĂ©gal. J’ai eu Ă  coordonner ce programme entre les deux centrales syndicales. Ensuite, en second lieu, nous avons obtenu la collaboration avec nos amis espagnols de l’Union GĂ©nĂ©rale des Travailleurs d’ Espagne (UGTE), Ă  travers son Ong Institut Syndical Ă  la coopĂ©ration et au dĂ©veloppement (ISCOD). Nous avons signĂ© une convention de 4 ans pour l’ouverture d’un centre guide qui est aussi une rĂ©ponse par rapport aux prĂ©occupations de la confĂ©dĂ©ration syndicale internationale » explique-t-il. « L’Iscod travaille Ă©galement avec les latino-amĂ©ricains qui ont des centres au Costa Rica, Ă  Dakar et au Maroc. Donc ce centre a pour vocation d’orienter et de sensibiliser le travailleur migrant parce que nous pensons aujourd’hui que cette filière d’immigration est entretenue par des rĂ©seaux Ă  but lucrative mais très dangereux pour la survie des travailleurs migrants », renseigne-t-il. Et de poursuivre, «comme la population qui migre est comprise entre 15 ans et 45 ans, donc, nous considĂ©rons que c’est la force vive du travail. Les syndicats ont compris que c’est un devoir de contribuer Ă  une meilleure gestion de cette question de l’immigration ». Sur le rĂ´le principal du centre, «nous allons contribuer Ă  assurer la dĂ©fense des droits des migrants travaillant en Mauritanie car cette catĂ©gorie de travailleurs est confrontĂ©e Ă  des difficultĂ©s liĂ©es Ă  leur statut de migrants. Il s’agit de la dĂ©fense de leurs droits, la sensibilisation sur la lĂ©gislation mauritanienne en matière d’emploi et toute autre assistance que le centre leur apportera au besoin. Aussi le centre va apporter des informations, sensibiliser les travailleurs  candidats  Ă©ventuels Ă  l’immigration». Des informations sur les lĂ©gislations europĂ©ennes en matière d’immigration et sur le marchĂ© de l’emploi sont Ă©galement du ressort du centre.
A la question de savoir comment les syndicats comptent défendre les travailleurs migrants sachant que la majeure partie de ces derniers travaille dans l’informel, M. Niang a déclaré : « nous avons déjà dans un autre programme de la CGTM, nous avons initié ce qu’on appelle la syndicalisation des travailleurs de l’informel depuis une année. Ce programme se traduit par la mise en place de comités d’actions dans chaque région. Il s’agit de sensibiliser cette catégorie de travailleurs parce qu’aujourd’hui, nous considérons que le syndicat ne peut plus se développer s’il ne s’ouvre pas aux travailleurs du secteur informel. Tout simplement parce que le secteur formel se rétrécit de plus en plus car l’Etat se désengage du secteur formel. Nous sommes en train de faire un travail se sensibilisation au niveau de ce secteur et c’est sûr que nous toucherons les travailleurs migrants. Mais aussi, par rapport à nos plans d’actions, nous allons impliquer les associations de migrants pour développer une synergie dans le cadre de notre collaboration pour que celles-ci puissent avoir la bonne information. Ce sera soit des partenariats avec des structures syndicales, soit par des circuits syndicaux. Nous verrons en tout cas avec eux ».
Par rapport au siège du centre, M. Niang a déclaré que son centre est là pour répondre aux attentes des associations de migrants, notamment par la mise en place de salle de réunion et d’équipements informatiques pour leur faciliter l’accès à l’Internet.


Parole d’expert …
 
Djibril Djigo, consultant et Ă©conomiste de formation supĂ©rieur en commerce international, expert en micro finances, modĂ©rateur du sĂ©minaire, a estimĂ© que «le sĂ©minaire s’est dĂ©roulĂ© dans d’excellentes conditions au vu des rĂ©sultats auxquels nous sommes parvenus et compte tenu de l’objectif de cette rencontre. La rencontre a pour but d’initier un cadre de concertation entre le centre qui vient d’être créé par la CGTM en partenariat avec l’agence espagnole de coopĂ©ration pour le dĂ©veloppement international (AECI). Ainsi, entre les associations de ressortissants de pays Ă©trangers et le centre, le dialogue a Ă©tĂ© nouĂ© et les concertations ont commencĂ©. On espère que cela pourra continuer. Parce que les rĂ©sultats auxquels nous sommes parvenus ont permis d’aboutir Ă  la crĂ©ation d’un cadre de concertation entre les parties prenantes. Ça c’est le premier aspect. Le deuxième aspect, c’est la qualitĂ© des dĂ©bats et la ponctualitĂ© des participants qui ont acceptĂ© trois jours durant, de rester et de dialoguer avec nous. Les reprĂ©sentants d’associations ont montrĂ© leur intĂ©rĂŞt par rapport au sĂ©minaire et au centre. C’est extrĂŞmement important. Ce qui a constituĂ© un motif de satisfaction pour le centre. Le troisième aspect, c’est que nous avons rĂ©uni les vĂ©ritables acteurs liĂ©s Ă  cette problĂ©matique de la migration. Ce sont des ressortissants Ă©trangers, les syndicats de travailleurs et les ong de droits humains qui sont interpellĂ©s par rapport Ă  cette problĂ©matique. Vous n’êtes pas sans savoir que c’est un thème très difficile Ă  rĂ©gler qui interpelle tout le monde en rĂ©alitĂ©. Nous avons notĂ© des contributions importantes et cela va permettre d’enrichir le programme d’actions que nous allons mettre en place pour cette annĂ©e 2009 ». Par rapport au contexte politique actuel, M. Djigo, dira que «C’est difficile parce qu’on ne peut pas dissocier cette question politique par rapport Ă  la problĂ©matique liĂ©e Ă  la migration. Parce qu’en fait, ce qui aurait pu aider Ă  rĂ©gler les questions liĂ©es Ă  la migration, au statut du migrant, c’est un espace de libertĂ© et de dĂ©mocratie. Malheureusement le pays est en recul depuis un certain temps. Mais en tant que syndicat, je pense que les gens sont habituĂ©s Ă  travailler aussi bien dans des situations de recul dĂ©mocratique que dans des situations de dĂ©mocratie. Nous allons continuer Ă  faire ce que nous pouvons faire et Ă  nous battre dans cette situation mĂŞme si en Mauritanie nous constatons malheureusement que les efforts en matière de dĂ©mocratie qui avaient Ă©tĂ© accomplis ces dernières annĂ©es, ont connu un net recul aujourd’hui».
Propos recueillis par I. Badiane


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflčtent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés