L'EIIL proclame le califat Islamique   
29/06/2014

L’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui contrôle de larges portions des territoires irakiens et syriens, a proclamé le "califat" islamique et appelé tous les mouvements djihadistes à lui prêter allégeance dans un communiqué publié dimanche sur des sites djihadistes.



Cette proclamation de l’EIIL traduit son ambition de mener désormais une guerre sainte mondiale et constitue un défi lancé à Al Qaïda, qui incarnait jusqu’alors le combat djihadiste et a désavoué l’EIIL lorsque le groupe est intervenu l’an dernier sur le front syrien.
 
    L’EIIL annonce s’être rebaptisĂ© "Etat islamique" et avoir Ă©rigĂ© son chef, Abou Bakr al Baghdadi, au rang de calife, soit le successeur du prophète de l’islam dans l’exercice du pouvoir politique.
 
    "Il est l’imam et le calife de tous les musulmans", dit le porte-parole du mouvement, Abou Mohamed al Adnani, dans le communiquĂ© traduit en plusieurs langues et dans un enregistrement audio en arabe.
 
    "En consĂ©quence, l’appellation ’Irak et Levant’ est supprimĂ©e de tous les dĂ©bats et communiquĂ©s officiels et Ă  compter de la date de cette dĂ©claration, le nom officiel est l’Etat islamique", ajoute-t-il.
 
    Pour Charles Lister, un expert des mouvements islamistes au Brookings Doha Center, l’initiative de l’EIIL est lourde de consĂ©quences.
 
    "Quoi que l’on pense de sa lĂ©gitimitĂ©, l’annonce de la restauration du califat est sans doute l’évènement le plus important pour le djihadisme international depuis les attentats du 11 septembre (2001)", estime le chercheur.
 
    "Tous les groupes liĂ©s Ă  Al QaĂŻda et les mouvements djihadistes indĂ©pendants vont dĂ©sormais devoir dĂ©cider s’ils soutiennent l’Etat islamique ou s’ils s’opposent Ă  lui", souligne-t-il.
 
    Les combattants de l’EIIL se sont emparĂ©s de Mossoul et de plusieurs autres villes du nord et de l’ouest de l’Irak au cours du mois Ă©coulĂ©. Ils contrĂ´lent aussi une partie du nord-est de la Syrie, dont la ville de Rakka.
 
    En Syrie, ils ont violemment combattu ces derniers mois les autres groupes rebelles, dont le Front al Nosra, liĂ© Ă  Al QaĂŻda, qui a refusĂ© de passer sous leur coupe.
 
    "Il est du devoir de tous les musulmans de prĂŞter allĂ©geance (au calife) et de le soutenir", poursuit le communiquĂ© de l’EIIL.
 
    "L’existence lĂ©gale de tous les Ă©mirats, groupes, Etats et organisations disparaĂ®t du fait de l’expansion du califat et de l’arrivĂ©e de ses troupes sur leurs territoires."

Abou Bakr Al-Baghdadi, "calife" jihadiste (PORTRAIT)
Abou Bakr Al-Baghdadi, le mystérieux chef de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) désigné dimanche par son groupe "calife" de tous les musulmans, fait de plus en plus d’ombre au chef d’Al-Qaïda et pourrait bien être le jihadiste le plus influent au monde.
   L’EIIL, qui se fait appeler dĂ©sormais "Etat islamique" en effaçant toute rĂ©fĂ©rence gĂ©o-politique, a annoncĂ© l’établissement d’un califat sur les larges pans de territoires qu’il a conquis en Irak et en Syrie, dans une tentative de rĂ©tablir un rĂ©gime politique islamique disparu il y a près d’un siècle.
   Ce groupe, dĂ©jĂ  puissant en Syrie, mène depuis le 9 juin une offensive fulgurante en Irak.
   Mais son chef reste une personnalitĂ© trouble et mystĂ©rieuse.
   NĂ© en 1971 Ă  Samarra au nord de Bagdad, selon Washington, Abou Bakr Al-Baghdadi, aurait rejoint l’insurrection en Irak peu après l’invasion conduite par les Etats-Unis en 2003, et aurait passĂ© quatre ans dans un camp de dĂ©tention amĂ©ricain.
   Les forces amĂ©ricaines avaient annoncĂ© en octobre 2005 la mort d’Abou Douaa -un des surnoms de Baghdadi- dans un raid aĂ©rien Ă  la frontière syrienne. Mais il est rĂ©apparu, bien vivant, en mai 2010 Ă  la tĂŞte de l’Etat islamique en Irak (ISI), la branche irakienne d’Al-QaĂŻda, après la mort dans un raid de deux chefs du groupe.
   La stratĂ©gie anti-insurrectionnelle amĂ©ricaine, combinĂ©e au retournement d’une partie des tribus sunnites contre les jihadistes, avait mis le groupe Ă  mal.
   Mais il a rebondi en Ă©largissant ses activitĂ©s Ă  la Syrie voisine, rejetant ensuite l’ordre du chef d’Al-QaĂŻda Ayman Zawahiri de se concentrer sur l’Irak et de laisser la Syrie au Front Al-Nosra, un groupe jihadiste combattant contre le rĂ©gime de Damas.
   
Commandant et tacticien

    En avril 2013, Baghdadi a annoncĂ© une fusion entre l’ISI et les combattants d’Al-Nosra pour former l’EIIL, mais ces derniers ont refusĂ© d’adhĂ©rer. Les deux groupes ont commencĂ© Ă  opĂ©rer sĂ©parĂ©ment, avant de s’affronter directement Ă  partir de janvier en Syrie.
   Très peu de dĂ©tails ont filtrĂ© sur la personnalitĂ© de Baghdadi, ou sur l’endroit oĂą il se trouve.
   Les Etats-Unis, qui l’ont classĂ© "terroriste" en octobre 2011, avaient dĂ©clarĂ© l’an dernier qu’il se trouvait probablement en Syrie.
    Fin mai, un gĂ©nĂ©ral irakien a dĂ©clarĂ© que ses forces pensaient que Baghdadi Ă©tait en Irak, mais d’autres responsables ont contestĂ© ce point.
   Le visage de Baghdadi n’a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© qu’en janvier, lorsque les autoritĂ©s irakiennes ont pour la première fois publiĂ© une photo noir et blanc montrant un homme barbu, au crâne dĂ©garni en costume-cravate.
   Le mystère qui l’entoure contribue au culte de sa personnalitĂ©, et Youtube voit fleurir les chants religieux louant ses vertus.
    Au sein de l’EIIL, il est saluĂ© comme un commandant et un tacticien prĂ©sent sur le champ de bataille, contrairement Ă  Zawahiri, son ancien supĂ©rieur et actuel rival, sur qui il prend de plus en plus l’avantage dans les sphères jihadistes.
   Si les combattants de l’EIIL sont majoritairement des Syriens en Syrie et des Irakiens en Irak, cette distinction lui vaut le soutien de nombreux jihadistes, probablement des milliers, venus de toute la rĂ©gion mais aussi d’Europe et au-delĂ .

(Agences)


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