Ils sont plusieurs centaines de Maliens à s’être réfugiés ces derniers jours au Burkina Faso. Pour eux, la précarité de tentes en pleine brousse vaut mieux que l’"enfer" de la guerre, après celui imposé par les islamistes armés dans le nord du Mali.
Ismaël Ag Cherif a quitté le 16 janvier avec femmes et enfants la commune de Doré, à 80 km au sud-est de Gao, l’une des villes du Nord malien occupées par les islamistes depuis l’an dernier. Après 32 heures de route, il s’est retrouvé parmi les quelque 5.000 Maliens réfugiés dans le vaste camp de Goudebou, dans le nord du Burkina. "Nous avons vécu dans l’enfer avec la charia (loi islamique, ndlr) que nous imposent les islamistes", raconte à l’AFP ce quadragénaire à la tête couverte d’un turban bleu, qui s’exprime en tamacheq (langue des Touareg). Alors que "le feu" menace de tomber "sur nos têtes avec les bombardements de l’armée française", intervenue pour stopper l’avancée des islamistes vers le Sud, "il fallait éviter à tout prix" de vivre les combats, "ce second enfer", ajoute-t-il. "J’ai préféré quitter avant d’être pris dans l’étau des bombardements", confie-t-il au milieu des tentes dressées par le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) dans ce paysage sahélien aux rares arbres épineux. Arrivé vendredi, Iyad Ag Hadega, 40 ans, a fui Intillit (120 km au sud-est de Gao), où les islamistes du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) "se mélangent aux populations pour éviter les attaques". Nombre de ces nouveaux réfugiés disent redouter des exactions de la part de l’armée malienne dans sa progression vers le Nord appuyée par les militaires français. Surtout aux dépens des habitants à la peau claire, comme les Touareg et les Arabes qui forment une grande part des effectifs islamistes. "Sous couvert de l’armée, chacun va vouloir se rendre justice pendant la libération", prédit l’habitant de Doré, Ismaël Ag Cherif.
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