Le point sur la situation au Mali   
16/01/2013

L’opération française engagée contre les rebelles islamistes au Mali a pris un nouveau tournant avec le déploiement de militaires français en soutien à l’armée malienne, au moment où les chefs d’état-major ouest-africains poursuivaient, mercredi 16 janvier, leur réunion à Bamako, pour préparer l’envoi d’une force Africaine.



Après les bombardements  aĂ©riens menĂ©s  depuis le  11 janvier pour stopper la progression des islamistes vers le sud du Mali, la France a engagĂ© des troupes terrestres qui sont en train de remonter vers le nord-ouest en vue de  reprendre les localitĂ©s de Konna (toujours entre les mains des islamistes malgrĂ© l’annonce de sa ibĂ©ration)  et celle de Diabali (Ouest du Mali) oĂą les islamistes rĂ©sistent toujours.  "C’est un peu plus difficile Ă  l’ouest, oĂą nous avons les groupes les plus durs, les plus fanatiques, les mieux organisĂ©s, les plus dĂ©terminĂ©s et les mieux armĂ©s. " reconnaissait mardi  15 janvier  Le Drian ministre Français de la dĂ©fense.

Plus au nord du Nord-Mali , les islamistes  du groupe "Belmokhtar" ayant des bases-arriere au Mali,  ont attaquĂ© le 16 janvier  une base de vie  de British Petroleum dans le sud de l’AlgĂ©rie et pris en otage plusieurs de ses employĂ©s, notamment de nationalitĂ©s britannique, norvĂ©gienne, americaine, française  et japonaise. Il s’agit de reprĂ©sailles Ă  l’intervention française au Mali selon  un porte-parole des assaillants, citĂ© par deux sites d’informations mauritaniens a avancĂ© le chiffre de 41 otages. «Nous dĂ©tenons 41 otages. Cette opĂ©ration intervient en rĂ©action Ă  l’ingĂ©rence flagrante de l’AlgĂ©rie autorisant l’usage de son espace aĂ©rien par l’aviation française pour mener des raids contre le nord du Mali», a-t-il indiquĂ©. Une opĂ©ration de l’armĂ©e algĂ©rienne est en cours contre les assaillants. L’attaque a eu lieu dans la ville de In Amenas, près de la frontière avec la Libye.

La Mauritanie a placĂ© mardi le statut de "zones militaires" ses rĂ©gions frontalières du Mali, oĂą l’armĂ©e française poursuivait  ses frappes aĂ©riennes contre les islamistes. Les zones aux frontières sont dĂ©sormais placĂ©es sous l’autoritĂ© de l’armĂ©e, qui dĂ©livre seule les autorisations d’entrĂ©e et de sortie et contrĂ´le les identitĂ©s des personnes souhaitant se dĂ©placer. La veille  une source militaire mauritanienne avait dĂ©jĂ  fait Ă©tat d’un redĂ©ploiement de l’armĂ©e mauritanienne, pour "boucler la frontière" avec le Mali.

François Hollande a dĂ©clarĂ© mardi que la France, restera au Mali jusqu’à sa stabilisation politique et sĂ©curitaire. Plus de 800 soldats français sur les 2.500 prĂ©vus  sont d’ores et dĂ©jĂ  dĂ©ployĂ©s au Mali. L’intervention française aurait trois objectifs: "ArrĂŞter l’agression terroriste", "sĂ©curiser Bamako" et permettre au Mali de prĂ©server son "intĂ©gritĂ© territoriale", a dĂ©clarĂ© le prĂ©sident François Hollande, en dĂ©placement Ă  DubaĂŻ. "La France n’a pas vocation Ă  rester au Mali mais nous avons un objectif, c’est de faire en sorte que lorsque nous partirons il y ait une sĂ©curitĂ© au Mali, des autoritĂ©s lĂ©gitimes, un processus Ă©lectoral et plus de terroristes", a-t-il soulignĂ©.

La CĂ©dĂ©ao doit former une force d’intervention contre les islamistes du Nord, conformĂ©ment Ă  une rĂ©solution de l’ONU. BaptisĂ©e Misma (Force internationale de soutien au Mali), cette force  sera dirigĂ©e par un gĂ©nĂ©ral nigĂ©rian, Shehu Abdulkadir. Le Nigeria doit fournir 900 hommes, et les premiers arriveront "dans les prochaines 24 heures", selon Abuja. Le Niger, le Burkina Faso, le Togo et le SĂ©nĂ©gal ont Ă©galement annoncĂ© l’envoi d’environ 500 hommes, le BĂ©nin 300, la GuinĂ©e et le Ghana une centaine chacun.


A New York, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU Ban Ki-moon a exprimĂ© son soutien Ă  l’opĂ©ration française, tout en soulignant la nĂ©cessitĂ© d’une rĂ©conciliation politique dans le pays. L’Unesco a appelĂ© mardi les forces militaire maliennes et françaises Ă  protĂ©ger le patrimoine culturel du Mali. Mais le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Organisation de la coopĂ©ration islamique (OCI) Ekmeleddin Ihsanoglu a appelĂ© le 15 janvier  Ă  un "cessez-le-feu immĂ©diat" au Mali, membre de l’organisation, et Ă  un retour aux nĂ©gociations avec les islamistes.


Le DĂ©partement d’Etat  amĂ©ricain a fĂ©licitĂ© la France pour son intervention militaire contre des groupes "terroristes" au Mali, prĂ©cisant que les Etats-Unis fournissaient dĂ©jĂ  Ă  leurs alliĂ©s français une aide en matière de renseignement. "Il est absolument crucial de stopper l’offensive de groupes terroristes vers le Sud du Mali, d’empĂŞcher l’effondrement du gouvernement et d’accĂ©lĂ©rer l’application des rĂ©solutions du Conseil de sĂ©curitĂ©", a dĂ©clarĂ© la porte-parole du dĂ©partement d’Etat Victoria Nuland, ajoutant que les Etats-Unis "accueillaient très favorablement" l’action militaire française. L’intervention militaire française au Mali  fait les affaires de Washington, rĂ©ticent Ă  s’engager directement dans un nouveau conflit, prĂ©fĂ©rant se cantonner Ă  une aide logistique et Ă  la formation de l’armĂ©e malienne. Les responsables amĂ©ricains ont fait clairement comprendre qu’il n’était pas question pour l’administration Obama de s’engager plus avant dans un nouveau conflit alors que les Etats-Unis commencent Ă  voir le bout du tunnel en Afghanistan.

 

Des discussions sont prĂ©sentement menĂ©es   Ă  Bruxelles pour permettre aux ministres europĂ©ens des Affaires Ă©trangères de s’entendre jeudi  17 janvier sur un lancement accĂ©lĂ©rĂ© de la mission de l’UE au Mali et sur le soutien Ă  la force d’intervention africaine dans le pays. Les ministres devront Ă  l’issue de la rĂ©union Ă©tablir formellement, avec une semaine d’avance sur le calendrier prĂ©vu, la mission EUTM qui vise Ă  dĂ©ployer quelque 500 militaires europĂ©ens, dont 200 instructeurs, afin de former, rĂ©organiser et conseiller l’armĂ©e malienne. "Cela permettrait de dĂ©ployer les formateurs Ă  partir de la mi-fĂ©vrier", a soulignĂ© un responsable. Le chef de la mission, le gĂ©nĂ©ral français François Lecointre, pourrait Ă©galement ĂŞtre officiellement nommĂ© jeudi et devrait se rendre dimanche 20 janvier Ă  Bamako afin de finaliser la planification. Une dizaine de pays europĂ©ens ont annoncĂ© leur intention de participer Ă  cette mission, dont le budget a Ă©tĂ© réévaluĂ© Ă  12 millions d’euros, hors charges liĂ©es au personnel, pour un mandat de 15 mois.


La chancelière allemande Angela Merkel a confirmé mardi 15 janvier que Berlin envisageait une aide logistique ou humanitaire pour l’intervention militaire française au Mali, dans une interview à la radio. "Nous réfléchissons si nous allons apporter un soutien logistique ou une aide humanitaire", a déclaré la chancelière dans un entretien avec la radio allemande NDR Info. C’est la première fois que Mme Merkel s’exprime sur le Mali depuis le début des opérations militaires contre des groupes islamistes la semaine dernière. Selon des extraits fournis à l’avance par la radio, la chancelière a à nouveau exclu toute participation allemande aux combats contre des groupes islamistes qui ont pris le contrôle du Nord du Mali depuis avril 2012. Mme Merkel a rappelé que l’Allemagne "est très active militairement à d’autres endroits, comme par exemple en Afghanistan ou au Kosovo, où d’autres pays ne sont pas aussi actifs".


La Belgique a dĂ©cidĂ© le mĂŞme  de soutenir l’intervention française au Mali en dĂ©ployant deux avions de transport C-130 et deux hĂ©licoptères d’évacuation sanitaire. "La Belgique apporte un soutien logistique dans la lutte contre le terrorisme" au Mali, a dĂ©clarĂ© le Premier ministre Elio Di Rupo Ă  l’issue d’une rĂ©union restreinte de son gouvernement consacrĂ©e au Mali. Le royaume a rĂ©pondu Ă  une demande de la France en dĂ©ployant deux C-130 pour le transport aĂ©rien stratĂ©gique et tactique. "Ils seront opĂ©rationnels après-demain (jeudi) matin", selon le ministre de la DĂ©fense Pieter De Crem. La Belgique enverra Ă©galement, dans un deuxième temps, un hĂ©licoptère A-109 mĂ©dicalisĂ© et un hĂ©licoptère de rĂ©serve pour l’évacuation de blessĂ©s. Environ 75 militaires belges participeront Ă  cette opĂ©ration et "partiront dans les prochaines heures et prochains jours en direction d’Abidjan et Bamako pour commencer leur mission", selon le ministère de la DĂ©fense. Ces hommes ne seront pas impliquĂ©s dans des opĂ©rations de combat.
Le gouvernement évaluera son engagement "fin février, début mars", a indiqué M. De Crem. Son homologue Didier Reynders, en charge des Affaires étrangères, a souligné que l’objectif était que l’opération française cède "le plus vite possible le relais à une opération internationale où nous continuerions à jouer un rôle".

 

Le prĂ©sident français François Hollande a annoncĂ© lors de son sĂ©jour  Ă  DubaĂŻ que le Maroc et l’AlgĂ©rie avaient autorisĂ© le survol de leur territoire par les avions militaires français engagĂ©s au Mali. "Le prĂ©sident Bouteflika a autorisĂ© le survol de l’AlgĂ©rie par un certain nombre de nos avions", a confirmĂ© M. Hollande lors d’une confĂ©rence de presse. "Le Maroc nous a autorisĂ©s Ă©galement Ă  survoler son territoire". L’AlgĂ©rie a Ă©galement fermĂ© sa frontière pour couper la route aux jihadistes voulant s’y rĂ©fugier, a rappelĂ© le chef de l’Etat français. Il a ajoutĂ© que son homologue mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, qu’il a rencontrĂ© mardi 15 janvier  Ă  Abou Dhabi, "a dĂ©jĂ  pris une dĂ©cision qui est de sĂ©curiser sa frontière avec le Mali, donc de la fermer dans l’hypothèse oĂą des terroristes voudraient s’y rĂ©fugier".

"Les autorités des Emirats m’ont apporté tout leur soutien pour l’opération que nous conduisons", a dit M. Hollande lors d’une conférence de presse à Dubaï après des entretiens avec les responsables émiratis. Il a précisé qu’Abou Dhabi apporterait "une aide humanitaire, matérielle, financière et éventuellement militaire".
Selon lui, les autorités des Emirats arabes unis "auront à déterminer ce qu’(elles) veulent pour nous soutenir". Plus tôt, M. Hollande a évoqué une participation du Tchad et des Emirats "soit sur le plan logistique, soit sur le plan financier", à l’opération lancée le 11 janvier. "Il est possible que les Emirats décident immédiatement d’intervenir, soit sur le plan logistique, soit sur le plan financier pour appuyer" l’intervention au Mali, a affirmé M. Hollande qui a rencontré son homologue émirati, cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane.

L’Organisation de la coopĂ©ration islamique (OCI) a dĂ©clarĂ© mercredi  16 janvier soutenir les actions visant au recouvrement de l’intĂ©gritĂ© territoriale du Mali, revenant ainsi sur son appel Ă  un "cessez-le-feu immĂ©diat" après le lancement d’une opĂ©ration française. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu, a affirmĂ©, dans un communiquĂ©, son "soutien total et sa solidaritĂ© avec la RĂ©publique du Mali dans ses efforts pour rĂ©cupĂ©rer les zones nord sous contrĂ´le de groupes armĂ©s afin de restaurer son unitĂ© nationale et recouvrer son unitĂ© territoriale".
M. Ihsanoglu a assuré soutenir la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant le déploiement d’une force africaine au Mali. Il a accueilli avec satisfaction l’annonce de l’envoi de troupes de plusieurs Etats africains et appelé à toute forme d’assistance à cette force pour l’aider à "remplir son mandat consistant à préserver la paix et la stabilité de toute la région". Ces déclarations marquent un changement de position du chef de l’OCI, qui avait appelé mardi à un "cessez-le-feu immédiat" au Mali et à un retour aux négociations entre autorités maliennes et islamistes contrôlant le nord du Mali. L’OCI, basée à Jeddah, en Arabie saoudite, regroupe 57 pays, dont le Mali.


Paris a adressé mardi un "message de vigilance" à ses ambassades dans le monde pour détecter d’éventuelles réactions hostiles liées à l’intervention militaire française au Mali, a indiqué mercredi soir le ministère des Affaires étrangères. "Un message général de vigilance a été adressé à nos ambassades et un point est en train d’être fait avec elles", a indiqué à l’AFP une source diplomatique au ministère. Ce "message de vigilance" préconise des "mesures habituelles de veille" pour détecter s’il y a des réactions hostiles à la France et donne des conseils aux agents d’ambassade et aux Français pour qu’ils évitent les attroupements, par exemple, a-t-on indiqué de même source.

 

L’ONG Action contre la Faim (ACF) a annoncĂ© le 15 janvier  la suspension, "pour raisons de sĂ©curitĂ©", de ses programmes dans la rĂ©gion de Gao, dans le nord du Mali, en raison des raids aĂ©riens français destinĂ©s Ă  dĂ©loger les islamistes qui contrĂ´laient ces zones depuis plus de neuf mois. "Alors que le conflit au Mali entre dans une nouvelle phase, Action contre la Faim a dĂ» suspendre temporairement ses programmes dans la rĂ©gion de Gao", affirme l’organisation dans un communiquĂ© transmis Ă  l’AFP Ă  Dakar. Cette suspension a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e "pour des raisons de sĂ©curitĂ©", prĂ©cise l’ONG, qui intervenait notamment pour "le traitement d’enfants sous-nutris" Ă  l’hĂ´pital rĂ©gion et dans des centres de santĂ© dĂ©partementaux. Selon ACF, "la nouvelle phase du conflit qui sĂ©vit aujourd’hui au Mali aggrave une situation dĂ©jĂ  prĂ©caire dans le pays, et entrave l’action humanitaire".
Elle "s’inquiète des conséquences des affrontements sur la population déjà fragilisée", non seulement pour le centre du pays où les combats ont lieu, mais également dans le Nord, qui se trouve encore plus isolé, et auprès des populations déplacées dans les pays voisins".

 

Les dĂ©putĂ©s europĂ©ens ont exprimĂ© le15 janvier leur soutien Ă  l’intervention française au Mali en regrettant l’incapacitĂ© de l’Union europĂ©enne Ă  agir collectivement pour assurer la sĂ©curitĂ© Ă  sa porte. La Haute reprĂ©sentante de l’UE pour les Affaires Ă©trangĂ©res, Catherine Ashton, a remerciĂ© les Etats membres engagĂ©s au Mali "et notamment la France" avant d’annoncer l’adoption prochaine par l’UE d’un plan de soutien logistique et humanitaire Ă   Bamako. "Si j’étais mĂ©chant, je dirais : on dit aux Français ’on va vous donner les infirmières et allez vous faire tuer lĂ -bas", a rĂ©pliquĂ© le coprĂ©sident des Verts, Daniel Cohn-Bendit, en exprimant son soutien  Ă  l’intervention militaire de Paris. "Nous n’avons pas une force d’intervention civile ou militaire europĂ©enne et c’est lĂ  que le bât blesse", a-t-il ajoutĂ©  en soulignant la difficultĂ© pour la France d’intervenir seule dans un pays qui la ramĂ©ne Ă   son passĂ© colonial. Son collĂ©gue de l’UMP Arnaud Danjean a dĂ©plorĂ© sur le mĂŞme ton l’inaction de l’Union europĂ©enne alors qu’elle a adoptĂ© il y a deux ans, dans le cadre de la politique de sĂ©curitĂ© et de dĂ©fense commune, "une stratĂ©gie Sahel qui intĂ©gre un volet sĂ©curitaire qui identifie clairement les menaces et qui identifie clairement aussi le besoin que nous aurons un jour d’une action robuste." "J’aurais souhaitĂ© que des menaces communes appellent des rĂ©ponses communes", a dĂ©clarĂ© de son cotĂ© Michael Gahler, un Ă©lu chrĂ©tien-dĂ©mocrate allemand. "Un Etat membre a demandĂ© un soutien mais nous n’avons pas de forces de dĂ©fense europĂ©ennes", a rĂ©agi Catherine Ashton.
Synthèse IOM
Sources: Agences


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