Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, reçoit vendredi 16 novembre pour la première fois ensemble des délégations d’Ansar Dine, l’un des groupes islamistes armés occupant le Nord malien, et de la rébellion touareg MNLA, a annoncé jeudi la présidence.
Dans le même temps, la France et l’Union africaine (UA) ont appelé, chacune de son côté, les autorités maliennes de transition à s’engager plus activement sur la voie du dialogue, alors que se prépare une intervention armée africaine au calendrier incertain. Le Burkina Faso, qui conduit la médiation pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), discute séparément depuis plusieurs mois avec ces deux mouvements rivaux et cherche à obtenir qu’ils s’accordent sur une "plateforme commune" de revendications. Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) a levé d’importants obstacles à un rapprochement avec le MNLA en se proposant, mercredi à Ouagadougou, d’aider à "débarrasser" le nord du Mali du "terrorisme" et des "mouvements étrangers", et en annonçant qu’il renonçait à imposer la charia (loi islamique) dans tout le pays, sauf dans son fief de Kidal (nord-est). Par ces déclarations - saluées, avec prudence, par l’UA comme par la France et le Niger -, Ansar Dine a accéléré de façon spectaculaire sa prise de distance avec les jihadistes surtout étrangers d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Les récents progrès enregistrés soulignent en retour l’absence du pouvoir central malien sur le terrain du dialogue. Lors d’un entretien téléphonique jeudi, le président français François Hollande a d’ailleurs demandé au chef de l’Etat malien Dioncounda Traoré d’oeuvrer à "une intensification du dialogue" avec "les représentants des populations du nord du Mali qui rejettent le terrorisme". Le Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, l’ex-président burundais Pierre Buyoya, a, lui, jugé "urgent" que Bamako mette en place le "comité de négociations" promis, après un entretien avec M. Compaoré. Mais pour le Premier ministre malien Cheick Modibo Diarra, la "reconquête" du Nord malien aura lieu "très prochainement". "Dans une semaine nous aurons entre les mains une résolution de l’ONU" autorisant une intervention africaine, a-t-il affirmé à l’AFP à Tanger, au Maroc.
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