Le Centre Stratégique pour la Sécurité du Sahel-Sahara (Centre4S) a donné le 11 juillet un nouveau briefing sur la situation au Mali. Animé par M. Ahmedou Ould Abdellah président du centre4S le briefing a abordé des axes importants et fut suivi par des échanges. Nous le publions pour vous.
1. L’état des lieux, sans cesse changeant, au Sahel et la nature de la menace terroriste dans la région : les groupes en présence, leurs modes opératoires et autres caractéristiques ; 2. L’action et les initiatives des acteurs régionaux et internationaux : CEDEAO, Pays voisins intéressés et concernés, UA et partenaires extérieurs ; 3. Conclusions
I. La nature de la menace dans la région. Déstabilisation continue du pays : occupation et enracinement des radicaux au Nord avec des revers et un affaiblissement MNLA. Sa disparition comporte le risque de nouveaux conflits dans 5 à 10 ans. Toujours au Nord, les populations sonrhaïs, arabes et peuhls ne soutiennent pas le séparatisme du MNLA. Divisions au sein de la classe politique et dans les institutions de sécurité (bérets verts contre bérets rouges qui sont dissous) à Bamako. Le refus, plus ou moins déclaré, de toute action de la CEDEAO dans les affaires intérieures maliennes semble rassembler de plus en plus de voix à Bamako. De plus l’intervention militaire extérieure, largement rejetée par la partie la plus vocale des maliens, semble gagner du terrain à l’intérieur et à l’extérieur. Dans les zones occupées par les radicaux, il y a une cohérence dans les pratiques : nettoyage des villes de leurs notables et autres élites qui peuvent se rebeller ou critiquer ; attribution symbolique des lieux les plus connus a des fins éducatives : hôtels de Tombouctou affectés à l’éducation des enfants ; formation militaire pour les jeunes retirés des écoles a cette fin ; arrivée des volontaires et des épouses jusque là dans les pays voisins, destruction des lieux saints. Le mode opératoire des principales organisations radicales reste cohérent : division du travail entre elles, efforts de communications par des actions outrancières pour choquer et terroriser les élites, vider les villes et faire appel aux volontaires extérieurs. Ceux-ci rentrent par des filières bien rodées et souvent par voie terrestre.
II. Initiatives régionales. Le rôle et la légitimité de la CEDEAO ne sont pas remis en cause par les états membres ou par la communauté internationale. Au Mali, certains milieux proches dit on du régime du général M Traoré d’avant 1991 et assez influent, s veulent un rôle à minima pour la CEDEAO. Traumatisée et menacée l’élite politique est ou silencieuse ou hors pays ou alliée la Junte. La CEDEAO doit rester saisie du dossier et continuer à adapter sa méthode et son approche à un environnement sans cesse changeant. Le soutien de l’UA te des Nations Unies resteront nécessaires. Les autres pays voisins du Mali ont un rôle déterminant du à leur connaissance du problème et de la proximité historique, géographique et culturelle avec le nord malien. La réunion des MAE du Maghreb qui vient de se tenir à Alger est très encourageante du fait qu’elle a eu lieu. Un front commun incluant en particulier l’Algérie et le Maroc reste essentiel au succès au Sahel. Cependant, ils doivent agir assez vite, avant la fin du mois de ramadan et la rentrée politique pour concrétiser leur influence diplomatique. Pour eux, comme pour la CEDEAO, le prochain sommet de l’UA sera une étape significative.
III. Les partenaires extérieurs Pour le moment, ces partenaires extérieurs, y compris le Qatar, apportent toute l’assistance humanitaire et autre indispensable à la survie des refugiés et des déplacés. Par là , la communauté internationale elle contribue à la stabilisation des pays d’accueil et retarde les effets de contagion de la crise. Exception faite des débats au Conseil de Sécurité, la communauté internationale est restée dans une position d’observation donnant la priorité à la région. Mais la question est pour combien de temps ? Ceux qui fournissent assistance et soutien poseront sans doute des questions et demanderont un rôle. Surtout à la rentrée, en septembre, si un progrès significatif n’est pas réalisé sur le terrain avec l’enracinement de la crise et l’aggravation des réalités des risques et menaces.
Conclusion Les 45 jours qui viennent seront déterminants pour la gestion de la crise malienne. La région entre en période de ramadan. Pour leur part les partenaires extérieurs partent en vacance d’été. Les activistes sont mission et cherchent à ancrer davantage leur emprise sur le terrain et surtout dans les villes et auprès des populations. Les en déloger sera très difficile et en tout cas couteux. Pendant ce temps, le commerce naît de la drogue prospère à l’abri des batailles entre les parties maliennes. Source: www.centre4s.org
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