L'Afrique de l'Ouest cherche l'union au Mali pour contrer les terroristes   
08/07/2012

Le président burkinabè et cinq chefs d’Etat de la région ont retrouvé samedi à Ouagadougou les "forces vives" du Mali afin d’installer un gouvernement d’union à Bamako apte à affronter la crise dans le Nord tenu par les "terroristes", mais en l’absence des autorités de transition.



 "La rĂ©flexion sur la formation d’un gouvernement consensuel au Mali, la sĂ©curisation des institutions" et la "protection" du prĂ©sident intĂ©rimaire "constituent des objectifs majeurs", a dĂ©clarĂ© Ă  l’ouverture du sommet le chef de l’Etat burkinabè Blaise CompaorĂ©, mĂ©diateur pour la CommunautĂ© Ă©conomique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CĂ©dĂ©ao), jugeant "prĂ©caire et fragile" la situation institutionnelle Ă  Bamako.
Ni le président de transition Dioncounda Traoré, officiellement retenu pour des soins à Paris à la suite d’une grave agression fin mai dans ses bureaux par une foule de manifestants hostiles, ni le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, aux relations notoirement tendues avec la Cédéao, n’ont fait le déplacement.
Les autorités intérimaires maliennes, installées après le putsch du 22 mars qui a précipité la chute du Nord aux mains de groupes armés surtout islamistes, sont seulement représentées par la ministre de l’Intégration africaine Rokia Traoré.
M. Compaoré a appelé à des "dispositions urgentes" pour "faire face au péril terroriste" dans le Nord, où la situation humanitaire connaît une "dégradation continue".
"Nous ne pouvons tolérer la partition de ce pays frère qu’est le Mali", a affirmé le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao.

 

Pour un "retour rapide" du président Traoré

Selon lui, "un retour rapide à Bamako du président intérimaire", déjà réclamé par la Cédéao fin juin, et un "gouvernement de large union nationale, avec un agenda et un cadre précis et sécurisé" pour la transition d’un an, doivent contribuer à "ressouder la nation malienne pour un retour programmé et réussi vers la démocratie et l’intégrité territoriale du Mali".
Avant des discussions entre eux à huis-clos, MM. Compaoré et Ouattara et leurs homologues du Niger, du Togo, du Bénin et du Nigeria se sont entretenus durant environ deux heures avec des représentants de la classe politique, des communautés religieuses et des syndicats, notamment.
Mais les organisations ayant appuyé le coup d’Etat militaire ont refusé de venir à une réunion "de plus". Elles ont tenu un meeting samedi à Bamako rassemblant au moins 250 de leurs partisans pour protester contre le sommet et rappeler à la Cédéao que "le Mali est un pays souverain" et que tout gouvernement d’union "doit être fait au Mali" même.
Dans le Nord, les islamistes radicaux alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sont désormais les maîtres du jeu après avoir mis en déroute les rebelles touareg qui avaient lancé l’offensive en janvier contre l’armée malienne.
Ces islamistes ont choqué le monde entier en détruisant des lieux saints musulmans à Tombouctou (nord-ouest), mythique "perle du désert" classée par l’Unesco patrimoine mondial en péril, tandis que la situation humanitaire devient chaque jour plus difficile (violences contre les femmes et les enfants, problèmes d’eau et d’électricité, etc.).
La Cédéao se prépare à une éventuelle intervention armée régionale pour restaurer l’intégrité territoriale du pays - une mission technique vient d’ailleurs d’arriver à Bamako -, mais cette opération complexe, lourde et coûteuse tarde à recueillir l’onction de l’ONU.
Dans une résolution adoptée jeudi, le Conseil de sécurité "soutient pleinement" les efforts de la Cédéao et de l’Union africaine et prône des sanctions contre les alliés d’Al-Qaïda, mais ne donne pas encore de mandat pour une telle force.
Parallèlement au sommet de Ouagadougou, la situation au Mali doit être également au coeur de discussions entre le chef de la diplomatie mauritanienne Hamadi Ould Baba Ould Hamadi, arrivé samedi à Alger, et son homologue algérien Mourad Medelci. Jugée incontournable dans le règlement de la crise malienne, l’Algérie est de plus en plus sollicitée.
Les partisans du putsch au Mali dénoncent à Bamako le sommet de Ouagadougou

Des partisans du coup d’Etat militaire du 22 mars ont organisé samedi un meeting à Bamako, pour dénoncer le sommet ouest-africain ouvert dans la matinée à Ouagadougou pour tenter d’installer un "gouvernement d’union nationale" au Mali dont le nord est occupé par des groupes armés.
Environ 500 personnes, selon les organisateurs, ont participé à ce meeting à l’initiative de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (Copam) et du Mouvement populaire du 22 mars (MP22), deux organisations favorables au putsch du 22 mars.
"Ce meeting est une protestation contre la rencontre organisée (samedi à Ouagadougou) par la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest).
Nous entendons lui faire comprendre que le Mali est un pays souverain et que le gouvernement d’union nationale dont elle parle doit être fait au Mali", a déclaré à l’AFP Nouhoum Keita, un responsable de la Copam.
"Les 14, 15 et 16 juillet, nous allons organiser une convention nationale pour trouver la solution à la crise malienne au niveau national", a affirmé M. Keita.
Le président burkinabè, Blaise Comparé, médiateur ouest-africain dans la crise malienne et cinq autres chefs d’Etat de la région discutaient samedi à Ouagadougou avec les "forces vives" du Mali pour installer un gouvernement d’union à Bamako, capable d’affronter la crise dans le Nord mais en l’absence des autorités de transition.
Dans la foulée du putsch du 22 mars à Bamako, l’immense région désertique du Nord du Mali est tombée aux mains du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) et de plusieurs mouvements islamistes armés, dont Ansar Dine et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

 


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