La Cédéao a appelé vendredi 29 juin le Conseil de sécurité de l’ONU à "accélérer" en vue de l’adoption d’une résolution autorisant l’envoi d’une force régionale au Mali contre les groupes armés, surtout islamistes, qui contrôlent le Nord.
Les dirigeants de la Cédéao réunis en sommet à Yamoussoukro "exhortent le Conseil de sécurité à accélérer le processus" pour arriver à une résolution autorisant le déploiement de troupes au Mali, indique le communiqué final. La Cédéao prépare depuis plusieurs semaines l’envoi éventuel d’une force dans le pays, dont l’effectif est actuellement fixé à quelque 3.300 hommes. Mais elle a besoin, avec l’Union africaine (UA), d’un soutien international à une telle opération, et d’un appui notamment logistique des Etats-Unis et de la France. Un premier projet a été jugé beaucoup trop imprécis au Conseil de sécurité de l’ONU, et la Cédéao revoit sa copie. Les Etats-Unis ont d’ailleurs adressé vendredi une mise en garde contre une "entreprise très lourde pour la Cédéao", qui devrait être "préparée très soigneusement et disposer de ressources en conséquence". L’un des groupes islamistes présents dans la zone, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), qui a revendiqué l’attentat meurtrier de vendredi contre une gendarmerie dans le sud de l’Algérie, a menacé de s’attaquer aux pays qui composeraient une telle force ouest-africaine. "Les branches du Mujao dans plusieurs pays sont prêtes à frapper les intérêts des pays qui ont l’intention de participer" à la force de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), a affirmé le porte-parole du groupe, Adnan Abu Walid Sahraoui. Les chefs d’Etat présents dans la capitale politique ivoirienne autour de leur homologue Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao, ont réaffirmé leur préférence pour la négociation - confiée au président burkinabè et médiateur Blaise Compaoré - mais réitéré leur choix d’une intervention armée si nécessaire. Ils doivent envoyer rapidement "une mission technique" composée de militaires pour "préparer le terrain", et se sont alarmés de "l’objectif des groupes terroristes de créer dans le Nord-Mali un sanctuaire et un centre de coordination pour les réseaux terroristes du continent". Les islamistes ont renforcé spectaculairement leur assise sur le Nord malien, qu’ils avaient conquis avec la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) depuis fin mars, chassant mercredi et jeudi le MNLA de Gao (nord-est) et Tombouctou (nord-ouest). Le groupe islamiste Ansar Dine et le Mujao, considéré comme une dissidence d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), veulent imposer la charia (loi islamique) au Mali. Ils tiennent désormais les places fortes du Nord avec les jihadistes d’Aqmi, après avoir supplanté le MNLA, sécessionniste et laïc. Les délégations du MNLA et d’Ansar Dine actuellement à Ouagadougou pour des discussions avec la médiation burkinabè ont signalé vendredi la présence sur place d’un chef du Mujao, fermement démentie par le Burkina Faso, le groupe étant lié ou assimilé aux "terroristes". Les dirigeants présents à Yamoussoukro ont également haussé le ton face aux tâtonnements de la transition à Bamako, lancée après le putsch du 22 mars qui a précipité la chute du Nord malien aux mains des groupes armés. Ils ont retiré au leader de l’ex-junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo, le statut d’ex-chef de l’Etat qu’il avait obtenu il y a plus d’un mois. Et ils ont enjoint au gouvernement malien de transition, critiqué par la classe politique et la société civile à Bamako, et jugé à Yamoussoukro trop faible ou complaisant envers l’ex-junte, à être plus "inclusif". Si la crise en Guinée-Bissau ne mobilise pas les énergies comme celle qui prévaut au Mali, les dirigeants de la Cédéao ont appelé à consolider le processus de transition qui a été lancé après le coup d’Etat du 12 avril dans ce pays à l’instabilité chronique et gangrené par le trafic de drogue. Les "sanctions globales" ont été retirées, mais le pays reste "sous surveillance". (Afp)
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