La France est solidaire de la lutte de la Mauritanie contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a déclaré dimanche 10 juillet le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, après une récente attaque d’Aqmi contre une base militaire mauritanienne.
"Nous avons abordé plusieurs questions d’intérêt commun, je pense notamment à la lutte contre le terrorisme. Nous sommes tout à fait solidaires (de) l’action courageuse que mène la Mauritanie" dans ce domaine, a déclaré M. Juppé après une audience avec le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.
La visite de M. Juppé à Nouakchott intervient après que la Mauritanie a été visée le 5 juillet par une attaque d’une base militaire dans le sud-est par des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui a fait six tués dans les rangs de cette organisation, selon un bilan officiel de l’armée mauritanienne.
L’attaque d’Aqmi a été faite avec plus de vingt véhicules et des armements lourds, selon la même source, alors que la Mauritanie a été souvent la cible d’actions menées par cette organisation.
"Nous avons également évoqué la situation en Libye et le rôle que l’Union africaine (UA) peut jouer dans la recherche d’une solution politique", a dit le ministre français. Le chef de l’Etat mauritanien préside le panel de l’UA chargé de trouver une solution politique à la crise libyenne.
Le chef de la diplomatie française a aussi discuté avec le dirigeant mauritanien des "relations bilatérales qui sont tout à fait excellentes". Le ministre français est arrivé à Nouakchott au terme d’une visite qui l’a conduit à Juba, où il a assisté à la proclamation d’indépendance du Sud Soudan, et à Addis Abeba. Il a quitter Nouakchott lundi matin 11 juillet. Mais il y a lieu de souligner que la France dit soutenir la Mauritanie dans la lute contre Aqmi sans que cela ne soit perceptible sur le plan socio-economique. Et que le gouvernement libyen de Mouammar Kadhafi dit être en train de mener des négociations avec le gouvernement français.
C’est ce qu’a déclaré Saif al Islam, un fils du colonel dans un entretien accordé à la presse algérienne. "La vérité est que nous négocions avec la France et non avec les rebelles", affirme Saif al Islam dans le journal El Khabar, lors d’une interview réalisée à Tripoli.
"Notre émissaire auprès de (Nicolas) Sarkozy a indiqué que le président français a été très clair et lui a dit, ’nous avons créé le conseil (des rebelles) et sans notre soutien, notre argent et nos armes, le conseil n’aurait jamais existé", ajoute al Islam qui avait par le passé fait des déclarations sur des financements libyens de la campagne électorale du président Sarkozy.
"La France a dit: ’lorsque nous serons parvenus à un accord avec vous (Tripoli), nous obligerons le conseil à cesser le feu’", ajoute encore al Islam. Ces déclarations interviennent quelques heures après que le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a conditionné la fin de l’intervention alliée sous l’égide de l’Otan à la mise en place d’un dialogue entre le gouvernement libyen et les rebelles représentés par le Conseil national de transition (CNT) installé à Benghazi.
Paris, qui a été en pointe sur l’intervention militaire en Libye, semble avoir fait évoluer sa position sur le conflit, signe d’une impatience croissante à l’égard des maigres progrès enregistrés sur le terrain. Au terme de quatre mois de frappes en Libye en vertu d’une résolution de l’Onu visant à protéger les civils, l’heure d’un règlement politique est venue, a estimé le ministre français de la Défense.
"Nous avons arrêté la main qui avait frappé et nous leur demandons de parler entre eux", a-t-il déclaré sur BFM-TV. "Il va falloir se mettre maintenant autour d’une table." "On s’arrête de bombarder dès que les Libyens parlent entre eux et que les militaires de tous bords rentrent dans leur caserne, et ils peuvent parler entre eux puisqu’on apporte la démonstration qu’il n’y pas de solution de force". "Même si Kadhafi n’est pas parti ?", lui a demandé un journaliste.
"Il sera dans une autre pièce de son palais avec un autre titre", a répondu Gérard Longuet. Interrogé sur France Info, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a expliqué que le processus devait commencer par un "cessez-le-feu qui en soit véritablement un, sous contrôle des Nations unies". "Il faut ensuite engager un processus de négociations inclusif : le Conseil national de transition mais aussi les acteurs libyens, et en particulier ceux qui à Tripoli ont compris que Kadhafi n’avait pas d’avenir, et puis engager la feuille de route d’un processus démocratique", a-t-il ajouté.
Pour le chef de la diplomatie française, "la difficulté aujourd’hui est de savoir comment provoquer la mise à l’écart de Kadhafi de toute responsabilité politique et militaire". Le département d’Etat américain n’a pas tardé à réagir à cette prise de position française, affirmant dans un communiqué qu’il n’était pas question d’envisager un compromis.
"Ce sont les Libyens qui décideront eux-mêmes la manière dont la transition doit s’accomplir, mais nous restons fermes dans notre conviction que Kadhafi ne peut pas rester au pouvoir", affirme le département d’Etat. Le communiqué ajoute que les Etats-Unis entendent poursuivre leurs efforts, dans le cadre de l’Otan, pour protéger les civils contre les attaques.
La diplomatie américaine estime que l’Alliance participe à faire peser une pression décisive sur le colonel Kadhafi.
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