La rencontre sur la coordination de la lutte antiterroriste entre les chefs d’Etat des pays du Sahel , annoncée il y a quelques jours, a finalement eu lieu la soirée du 10 octobre à Syrte (Libye). Organisée juste après les sommets arabe extraordinaire et arabo-africain, tenus les 9 et 10 octobre à Syrte, cette rencontre a regroupé...
...les chefs d’Etat libyen, mauritanien, algérien, malien et tchadien.
Les présidents du Burkina et du Niger n’ont pas, assez curieusement, participé à la rencontre, qui a semblé chaleureuse et même amicale, selon notre reporter présent sur les lieux.
Aucune déclaration à la presse n’a sanctionné la dite rencontre organisée, dit-on, pour «dissiper certains malentendus» entre quelques chefs d’Etat des pays du Sahel .
Ces malentendus existent d’abord entre la Libye et l’Algerie concernant la présence militaire étrangère au Sahel.
La Libye n’y voit pas d’inconvénient s’il s’agit -a dit recemment le Guide Libyen- d’une présence «brève et pour une mission définie», alors que l’Algerie estime que toute présence militaire étrangère au Sahel est une atteinte à son leadership, à la souveraineté des pays de la region et constitue une "internationalisation" du dossier de la lutte antiterroriste. Des malentendus avaient également surgi entre l’Algérie d’un coté, et la Mauritanie le Mali d’autre part sur la gestion des affaires d’otages occidentaux et sur la coopération sécuritaire anti-AlQaida au Maghreb islamique (Aqmi) entre la France le Mali et la Mauritanie, cooperation considérée par Alger, comme un appel à "l’ingérence extérieure" et "une nouvelle colonisation".
La Mauritanie principale cible des groupes armés depuis juin 2005 pense de son coté qu’il est temps de cesser de polemiquer et d’agir , passant à cet effet à l’action avec ou sans des partenariats spécifiques qui n’empiêtent pas sur sa souveraineté.
Le Mali, lui, reste un fervent partisan de la coopération sécuritaire sous-régionale et internationale face à un problème qu’il considère transfrontalier et exporté chez lui. Dans la soirée du 10 octobre et peu avant le dîner officiel organisé au complexe résidentiel de Syrte, une seconde rencontre, à trois, cette fois, a regroupé les présidents Mohamed Ould Abdel Aziz, Amadou Toumani Touré et Abdel Aziz Bouteflika, qui ont longuement discuté .
Tenu par les «gorilles» des présidents à une distance ne lui permettant pas «d’écouter aux portes», notre reporter a pu constater que le président Ould Abdel Aziz menait le débat et recevait de temps à autre des réactions et explications de ses pairs algérien et malien .
L’ambiance de la rencontre était dans les apparences, conviviale et fraternelle .
Le brouillard s’est-il pour autant dissipé ?
Espérons que oui, car les divergences et malentendus entre pays du Sahel profitent avant tout aux groupes armés.
Tout comme les campagnes médiatiques orchestrées dans certains journaux algériens contre des pays comme la Mauritanie et le Mali.
La dernière en date est intervenue sous forme d’un article paru le 11 octobre dans le journal algérien «La Tribune» à propos des déclarations faites par le président mauritanien à "Al Jazeera" dans lesquelles il a nié que son pays était en guerre contre Al Qaida tout en affirmant la poursuite des opérations militaires contre les "bandes criminelles" au nord Mali .
Ce journal a tenté de démontrer "l’incohérence et la peur" qui sous tendraient de tels propos .
Il était pourtant clair que le président Ould Abdel Aziz voulait dissocier entre Al Qaida de Ben Laden et les "bandes criminelles" qui sévissent au nord Mali utilisant une couverture idéologico-religieuse pour justifier attaques, meurtres, attentas, kidnappings et trafic de drogue.
Le Président Ould Abdel Aziz avait bien dit sur "Al Jazeera" que les opérations militaires contre ces groupes se poursuivaient et se poursuivront.
Mais «La Tribune», n’en a pas fait cas, comme si ces raids mauritaniens contre les "bandes criminelles", gênent ...quelque part. MAOB
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