Une dizaine d’organisations islamiques ont annoncé samedi 27 mars en Mauritanie la création d’un "forum de l’islam modéré en Afrique de l’ouest" pour faire face à l’extrémisme. Selon un communiqué publié à Nouakchott après des rencontres entre érudits de différents pays de la région,
ce forum se veut "un cadre de concertations et d’échanges pour cultiver la tolérance et l’espoir face à l’extrêmisme et la violence dus à l’ignorance des principes sacrés qui fondent l’Islam". Le forum procédera par une série de "rencontres, débats et échanges organisés dans les pays de la région" par les organisations concernées, notamment le groupe des "Ibadou-arrahmane" (Sénégal), le conseil islamique supérieur (Mali) et le conseil supérieur des imams (Côte d’ivoire).La présidence du forum sera assurée par l’érudit mauritanien Mohamed el-Hacen Ould Deddaw, président de "l’assemblée de l’avenir pour les prêches, la culture et l’enseignement" et initiateur du projet. M. Ould Deddaw a été le principal organisateur du dialogue entre des représentants du gouvernement et des salafistes en instance de jugement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, dont les tueurs présumés de quatre touristes français en décembre 2007 à Aleg (Mauritanie). Ses récentes prises de positions contre l’extrémisme et en faveur du retour à "l’islam médian" des jeunes présumés jihadistes ont été sévèrement critiquées ces derniers temps par des membres d’Al-Qaïda à travers des messages et lettres publiés par la presse électronique mauritanienne.
La conférence prône la modération
Des érudits religieux venus de plusieurs pays se sont réunis en Mauritanie cette semaine pour souligner les valeurs de modération et de tolérance prônées par l’Islam. Une conférence internationale destinée à lutter contre l’extrémisme religieux par la modération et en fixant les règles d’un dialogue musulman a ouvert ses travaux mercredi 24 mars à Nouakchott. A l’invitation de l’érudit mauritanien Mohamed El Hacen Ould Deddaw, des spécialistes de la religion venus de Bahreïn, du Koweït, de Palestine, de Syrie, du Soudan, du Qatar, du Maroc, d’Algérie, du Sénégal, du Mali et de Côte d’Ivoire ont rejoint leurs homologues locaux pour une conférence de trois jours. Les participants publieront des recommandations sur la propagation des valeurs de modération et sur le renoncement à l’extrémisme en religion. "Cet appel à la modération est mauritanien par excellence", a déclaré à Magharebia Ahmed Oud El Bou, un imam qui participait à cette conférence. "C’est la raison pour laquelle les différentes composantes de la société se sont réunies, que ce soit des chefs d’entreprise, des membres du gouvernement, des responsables élus, des responsables politiques de gauche comme de droite, des leaders salafistes et soufistes-qui, tous, s’accordent sur la méthode de la modération, qui dénonce la violence et l’extrémisme." "Cette conférence, qui rassemble pour la première fois des érudits de haut rang de divers Etats islamiques… permettra de purifier l’Islam de toutes les notions destructrices qui sont étrangères à la nature-même de cette grande foi", a ajouté Oud El Bou. "Cette conférence internationale a montré que la modération islamique est fortement enracinée dans la culture mauritanienne, dont les traits caractéristiques sont la tolérance, l’hospitalité et l’amour de chacun", a expliqué l’imam Noureddine Ould Chamekh. "Ce rassemblement ici, aujourd’hui, n’est qu’un rappel de ces valeurs. Nous sommes ici pour souligner que la violence et l’extrémisme ont envahi notre société pacifique." "Redoublez d’efforts pour porter le message de l’Islam et le pardon et l’ouverture qu’il implique", a déclaré le ministre des Affaires islamiques Ahmed Ould Nini aux participants. Les intellectuels, a-t-il affirmé, ont le devoir de corriger les "mauvaises interprétations... relatives au djihad [et] à la notion de loyauté et aux relations d’un Musulman avec ceux qui vont à l’encontre... de la foi islamique, telle qu’elle est dictée par l’Islam, et non telle que l’ont faite paraître les falsificateurs durant le cours de l’Histoire". Le ministre a ajouté qu’il "soulignait" la "volonté de la Mauritanie de dresser des passerelles de coopération pacifique entre les nations". Ould Deddaw, directeur du Centre de formation des érudits dans la capitale, a joué un rôle déterminant lors d’une conférence organisée en janvier et destinée à démystifier les liens entre Islam et terrorisme. L’Association Futur pour l’appel, la culture et l’éducation, qui organisait cette conférence sous la direction d’Ould Deddaw, vise à renforcer l’unité nationale, à réformer la société et l’éducation, et à élever les jeunes dans le respect des valeurs de modération de l’Islam. Dans son discours d’ouverture, Ould Deddaw a cité ce qu’il a appelé deux extrêmes, l’un fait de fanatisme et d’extrémisme, l’autre de décadence morale et de relâchement. Il a expliqué que cette conférence devait rechercher une position légitime entre les deux extrêmes. "Le meilleur intérêt de la Mauritanie repose dans l’adoption d’une réflexion modérée, qui fasse office de soupape de sécurité, dans la mesure où elle tend à unir les peuples plutôt qu’à les diviser", a déclaré cet intellectuel, ajoutant que la modération "était l’enseignement du Prophète Mahomet et de ses compagnons, et l’enseignement qui satisfait Allah – que Son nom soit béni". Afp/Magharébia
|