Les attentats du 11 mars 2004 à Madrid, qui restent les plus meurtriers commis en Europe par des extrémistes islamistes, ne sont pas le fait d’une cellule autonome mais ont probablement été commandités par de hauts responsables d’Al Qaïda, selon Fernando Reinares
"Les attentats sont souvent considérés comme l’archétype du travail d’une cellule locale autonome et ses auteurs, comme des modèles de djihadistes sans direction et mobilisés d’eux-mêmes. Ces hypothèses sont inexactes", assure cet éminent expert espagnol, s’appuyant sur des données des services de renseignement américains et espagnols. "De nouvelles informations lient certains des suspects les plus impliqués dans les attentats de Madrid au sommet de la hiérarchie d’Al Qaïda. Al Qaïda est bien vivante et pèse sur la sécurité de l’Occident", écrit-il dans l’édition en ligne du magazine américain The National Interest. Les services de renseignement américains et espagnols, poursuit Fernando Reinares, ont découvert que l’un des principaux commanditaires présumés - un Marocain nommé Amer Azizi - s’était rendu en 2004 au Nord-Waziristan, dans le nord-ouest du Pakistan, où il s’est rapproché de Hamza Rabia, alors responsable des opérations extérieures du mouvement islamiste. LIENS TROITS "On a toujours supposé qu’Azizi était l’instigateur de l’attentat. Le nom d’Amer Azizi est cité dans 149 des 271 volumes sur les attentats de Madrid constitués par la justice espagnole", souligne-t-il. On savait que le Marocain avait recruté les responsables de la cellule madrilène, mais on ignorait jusqu’ici sa proximité avec la direction du groupe armé, explique l’expert. Les agences de renseignement américains, poursuit-il, on désormais établi qu’Azizi et Rabia avaient été tués il y a quatre ans par un drone de l’US Army à Haisori, village du Nord-Waziristan proche de Miranshah. Fernando Reinares assure en outre avoir lui-même vérifié les liens étroits qui unissaient les deux hommes à l’occasion du procès de deux Britanniques d’origine pakistanaise condamné pour appartenance à Al Qaïda en 2008. Le 11 mars 2004, les dix bombes déposées dans des trains de banlieue qui convergeaient vers Madrid à l’heure de pointe ont fait 191 morts et 1.700 blessés. Trois semaines plus tard, sept suspects dont les deux cerveaux présumés de l’opération se sont suicidés pour échapper à la police, qui les avait localisés. Vingt et un suspects ont été condamnés en 2007 et quatre de ces condamnations ont été cassées en appel. (reuters)
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