L’enlèvement des humanitaires espagnols le 29 novembre dernier a été encore une fois, l’occasion pour notre presse écrite et électronique de manipuler les lecteurs et de leur fournir des informations dénuées de tout fondement. Se basant parfois sur de pseudo «sources militaires», tantôt sur des soi disantes «sources bien informées», les journaux et sites électroniques mauritaniens ont tenu l’opinion en haleine, avec des potins de mégère. Dés le 30 novembre, il était question sur ces medias de la localisation et de l’encerclement des ravisseurs, puis subitement les lecteurs étaient informés que les ravisseurs et leurs otages étaient déjà au Mali, puis, non, qu’ils sont toujours en Mauritanie.
Certains medias pousseront la délation jusqu’à avancer que des opposants au régime pourraient avoir organisé le kidnapping les espagnols … pour freiner la lutte contre la gabegie. En plus de ce flot d’informations à deux sous, la presse étrangère est venue elle aussi, en rajouter. Le 4 décembre le journal algérien «El Khabar » annonçait que les ravisseurs et leurs otages sont toujours en Mauritanie à 150 kms au nord-est de Nouakchott, information largement relayée par les sites électroniques mauritaniens grands adeptes du copié-collé.
Et le 5 décembre , «El khabar » (encore lui) rapporte cette fois que les ravisseurs et leurs victimes sont au nord du Mali entre les mains de Moctar Benmoctar alias
«Belaouar» (dont on disait il y a peu de temps qu’il s’apprêtait à se rendre aux autorités algériennes).
N’empêche, la nouvelle information fera certainement la Une chez nous le 6 décembre, en attendant qu’on nous livre une autre version, qu’on se précipitera aussi de gober.
Il est vrai que la profession attire un public assez singulier. On y voit l’attardé, l’évadé de bagne et l’ex-maréchal ferrant pas forcément alphabétisé mais capable de recruter des nêgres ainsi que l’ex-caporal libéré ou retraité avant de passer au grade de sergent, et qui se proclame journaliste.
A ce tableau s’ajoute la presence d’étrangers, flibustiers de la communication qui s’en estiment un "Carrefour".
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