Des taliban pakistanais présumés portant des uniformes militaires ont attaqué samedi (10 octobre) le quartier général de l’armée à Rawalpindi, tuant six soldats et prenant plusieurs personnes en otages après un affrontement armé, ont indiqué les autorités militaires.
Cette attaque audacieuse contre le complexe sous haute surveillance de Rawalpindi survient alors que l’armée prépare une vaste offensive contre les taliban pakistanais dans leur bastion du Sud-Waziristan, près de la frontière afghane. Quatre assaillants ont été tués, mais trois autres au moins retiennent plusieurs militaires en otages, a dit à la télévision nationale le général Athar Abbas, porte-parole de l’armée. "Ils sont retranchés dans un bâtiment de bureaux de la sécurité, a-t-il dit. Ils ont pris en otages quelques-uns de nos agents de sécurité. Le bâtiment est encerclé et des mesures appropriées vont être prises." Les insurgés islamistes liés à Al Qaïda ont lancé de nombreuses attaques au Pakistan ces deux dernières années, le plus souvent contre les forces de sécurité, des représentants du gouvernement ou des cibles étrangères. Des sites militaires ont déjà été attaqués précédemment à Rawalpindi. Lundi, un attentat suicide a visé des locaux de l’Onu à Islamabad et, vendredi, un attentat suicide a fait 49 morts à Peshawar. Le gouvernement d’Islamabad a souligné la nécessité d’une offensive tous azimuts contre les taliban. "Dans ce qui s’est passé à Peshawar, à Islamabad et aujourd’hui, toutes les pistes mènent au Sud-Waziristan", a dit le ministre de l’Intérieur Rehman Malik en se référant aussi à un attentat suicide commis lundi contre un bureau de l’Onu. "Le TTP (Mouvement taliban du Pakistan) est derrière toutes ces attaques et le gouvernement n’a désormais d’autre choix que de lancer une offensive", a-t-il ajouté.
COUPS DE FEU ET TIR DE GRENADE Samedi, les assaillants sont arrivés à bord d’une camionnette blanche à plaques d’immatriculation militaires devant une entrée du complexe, où ils ont ouvert le feu et lancé une grenade quand des soldats sont arrivés près d’eux. La fusillade a duré une quarantaine de minutes. Six militaires, dont un général et un lieutenant-colonel qui franchissaient l’entrée, ont été tués. Quatre assaillants ont également péri. Au printemps dernier, l’armée a lancé une vaste offensive contre les taliban dans la vallée de Swat, à 120 km au nord-ouest d’Islamabad, et affirme aujourd’hui en avoir délogé la plupart des activistes. Les taliban ont subi un autre coup dur le 5 août quand leur chef, Baitullah Mehsud, a été tué par un missile tiré par un drone américain au Sud-Waziristan, région frontalière avec l’Afghanistan considérée comme un sanctuaire de l’insurrection. Les Etats-Unis et l’Inde ont aussi réclamé des mesures actives contre les taliban afghans opérant sur la frontière et contre les activistes anti-indiens basés au Pendjab pakistanais. Le ministre de l’Information de la province pakistanaise de la Frontière du Nord-Ouest a préconisé l’élimination des bases d’activistes du Pendjab. Il a déclaré à des journalistes que même si l’offensive était couronnée de succès au Sud-Waziristan, des activistes recevraient des soutiens au Pendjab. Le gouvernement a ordonné en juin à l’armée de préparer une offensive au Sud-Waziristan. Les forces de sécurité ont mené plusieurs raids d’artillerie ou aériens et déplacé l’infanterie vers la région, qu’elles ont soumise à un blocus en espérant semer la division parmi les clans d’insurgés. Mais les militaires se refusent à dire quand ils comptent déployer leurs troupes terrestres dans la zone tribale. (reuters)
|