Communiqué de l'armée égyptienne: Un putsch en vue   
02/07/2013

 Le général Abdel Fatah al Sisi, chef d’état-major des forces armées égyptiennes, a donné lundi 1er juillet quarante-huit heures aux dirigeants politiques du pays pour s’entendre, faute de quoi l’armée présentera son propre plan afin de sortir de la crise.



Voici le texte de sa déclaration, traduite par Reuters:
   
    "L’Egypte et le monde entier ont assisté hier aux manifestations du grand peuple égyptien qui a exprimé ses vues et sa volonté d’une manière civique et pacifique comme jamais il ne l’avait fait. Tout le monde a suivi le mouvement du peuple égyptien et écouté sa voix avec intérêt et respect. Il est essentiel que l’action du peuple et ses exigences amènent une réponse de tous les partis qui portent une quelconque part de responsabilités dans cet environnement dangereux pour la nation.
   "Les forces armées égyptiennes, en tant qu’élément de base de la future équation, et s’appuyant sur leur responsabilité historique de protéger la sécurité et le bien-être de cette nation, affirment ce qui suit:
    "Les forces armées ne participeront pas é la vie politique ou au gouvernement et ne veulent pas outrepasser le rôle qui leur est dévolu par les vrais principes démocratiques enracinés dans la volonté du peuple;
    "Les récents événements dans le pays font courir de réels dangers à la sécurité de la nation, ce qui nous appelle tous à nos responsabilités, chacun dans son rôle, afin de faire le nécessaire pour écarter ces risques.
   "Les forces armées n’ont pas tardé à comprendre le danger que représente la situation actuelle et à comprendre aussi les demandes du grand peuple égyptien. C’est pourquoi elles avaient posé un ultimatum d’une semaine à toutes les forces politiques afin qu’elles parviennent à un consensus et assurent une sortie de crise. Mais la semaine est passée sans aucune initiative et aucune action. C’est ce qui a conduit le peuple à poursuivre son mouvement et à descendre dans les rues d’une manière impressionnante, ce qui a suscité admiration et intérêt dans le pays, dans la région et dans le monde entier.
   "Perdre encore du temps ne conduira qu’à encore plus de divisions et de conflits, ce contre quoi nous avons lancé et nous continuons de lancer des mises en garde.
   "Le peuple souffre et ne trouve personne pour lui offrir attention et sympathie, et cela représente un fardeau psychologique pour les forces armées qui en arrivent à la conclusion qu’on ne doit rien faire d’autre maintenant qu’étreindre ce peuple fier qui a prouvé qu’il était prêt à réaliser l’impossible s’il sent qu’on fait preuve de dévouement et de loyauté envers lui.
   "Les forces armées réitèrent leur appel pour que les exigences du peuple soient satisfaites et elles donnent à tout le monde quarante-huit heures pour relever le défi que traverse la nation dans ces circonstances historiques. Elles ne toléreront pas que quiconque cherche à échapper à ses responsabilités et ne le pardonneront pas.
   "Les forces armées avertissent que si les exigences du peuple ne sont pas satisfaites durant cette période (de quarante-huit heures), elles seront contraintes, en raison de leurs devoirs historiques et nationaux, par respect pour les demandes du grand peuple égyptien, d’annoncer une feuille de route et des mesures pour l’avenir, qu’elles superviseront en collaboration avec tous les groupes et les mouvements loyaux de la nation, y compris les jeunes qui ont été et restent à l’origine de la glorieuse révolution. Personne ne sera oublié.
   "Un salut d’estime et d’affection aux hommes fidèles et loyaux des forces armées, qui assument et continuent d’assumer leurs responsabilités envers le grand peuple égyptien avec une totale détermination, une totale persévérance et une grande fierté.
   "Dieu protège l’Egypte et son peuple grand et fier
."
Les déclarations de l’armée ont été accueillies par une explosion de joie par les manifestants anti-Morsi rassemblés place Tahrir au Caire, qui estiment que l’institution militaire est désormais de leur côté pour pousser le chef de l’Etat vers la sortie. "Morsi n’est plus notre président, Sissi avec nous", ont scandé les manifestants.
   Après l’annonce de l’armée, des dizaines de milliers de manifestants enthousiastes ont défilé dans les rues du Caire, d’Alexandrie (nord) et d’autres grandes villes du pays.
   "L’armée s’est rangée aux côtés du peuple", a estimé le mouvement Tamarrod (rébellion en arabe), à l’origine de manifestations monstres dimanche.
La présidence égyptienne a rejeté mardi 2 juillet l’ultimatum lancé par l’armée au président islamiste Mohamed Morsi contesté dans la rue, engageant une preuve de force avec les militaires alors que les défections se multiplient au sein du gouvernement du pays le plus peuplé du monde arabe.
   Le ministre des Affaires étrangères, Mohammed Kamel Amr, a annoncé son départ dans la nuit, rejoignant quatre autres ministres, dont celui du Tourisme, démissionnaires depuis la veille. M. Kamel Amr est le plus important membre du cabinet à faire défection.
   L’ultimatum pour que soient "satisfaites les revendications du peuple", qui vient à échéance mercredi, a été lancé lundi par le commandement militaire au lendemain de manifestations massives à travers tout le pays pour exiger le départ du président issu des Frères musulmans, élu il y a tout juste un an.
     Les militaires avaient pris les rênes de l’exécutif pour un intérim controversé entre la chute du président Hosni Moubarak en février 2011 et l’arrivée au pouvoir de M. Morsi, premier président démocratiquement élu du pays, en juin 2012.
      Le président américain Barack Obama a invité "toutes les parties à faire preuve de retenue", appelant M. Morsi pour lui faire part de son inquiétude.
   M. Obama "a souligné que la démocratie ne se limite pas aux élections. Il s’agit aussi de faire en sorte que les voix de tous les Egyptiens soient entendues et représentées par leur gouvernement, y compris les nombreux Egyptiens qui manifestent à travers le pays", a précisé la Maison-Blanche.
   L’ONU de son côté a appelé au dialogue, en soulignant que l’issue de cette nouvelle crise aurait un "impact important" sur l’évolution des autres pays de la région.
   Dimanche, la foule avait déferlé dans la capitale et dans de nombreuses autres villes aux cris de "Le peuple veut la chute du régime", le slogan déjà scandé début 2011 contre le pouvoir autoritaire de Hosni Moubarak.
   Au moins 16 personnes ont été tuées dans tout le pays en marge des manifestations. Des affrontements similaires avaient déjà fait huit morts, dont un Américain, la semaine dernière.
   La grande institution islamique Al-Azhar, basée au Caire, a indiqué craindre "un nouveau bain de sang" et s’est inquiétée de l’infiltration d’hommes armés dans les rassemblements "pacifiques".
   L’armée et la police sont déployées dans le pays pour éviter des dérapages graves, en particulier autour des établissements vitaux.
   Au Caire, le siège des Frères musulmans, a été en partie incendié dans la nuit de dimanche à lundi dans le quartier du Moqattam, avant d’être occupé et pillé.


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