Courrier: Le ridicule ne tue plus…   
21/02/2013

Constituée d’un kaléidoscope humain et culturel, la Mauritanie se fraie laborieusement son chemin, depuis son indépendance, en 1960, vers une société moderne où les valeurs de citoyenneté et de démocratie sont à la base d’un nouveau «contrat social». Sous l’autorité...



...de  feu Mokhtar Ould Daddah, premier prĂ©sident du pays, un effort soutenu a Ă©tĂ© fourni par les pouvoirs publics, en vue de mettre sur pied une sociĂ©tĂ© dĂ©barrassĂ©e des tares du passĂ©, respectueuse des règles Ă©thiques en matière de gestion publique et rĂ©solument orientĂ©e vers l’avenir, et ce mĂŞme si le choix portĂ© sur le monolithisme politique, demeurera longtemps  discutable…   
Le piège redoutable du conflit au Sahara Occidental, dans lequel feu Mokhtar Ould Daddah a Ă©tĂ© entrainĂ©, a mis un point final  Ă  une si belle perspective.  A la faveur du coup d’Etat de 1978, le pays fut plongĂ© dans une pĂ©riode d’Etat d’exception dont le «bras politique» Ă©tait les «Structures d’Education des Masses»; les dĂ©mons tribaux, ethniques et rĂ©gionaux, ont Ă©tĂ© ressuscitĂ©s, afin de procurer un vernis de lĂ©gitimitĂ© populaire Ă  des pouvoirs politiquement instables. Le vent de changement qui a soufflĂ© sur le monde, après l’effondrement du mur de Berlin, en 1989,  a pris de court le chef de l’Etat de l’époque, Maaouya Ould Taya, qui a longtemps rĂ©sistĂ©, avant de se rĂ©soudre Ă  s’insĂ©rer dans  la dynamique Ă  l’œuvre sur le plan planĂ©taire, …à sa manière. 
En effet, la libĂ©ralisation politique a Ă©tĂ© dĂ©libĂ©rĂ©ment lestĂ©e par la crĂ©ation d’un PRDS omnipotent et par une mise au pas de la presse, de la sociĂ©tĂ© civile, des partis d’opposition et de la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral, une chape de plomb… Etet ala el Akhdhari wa Lyabiss.  Il faut dire que les tragiques Ă©vĂ©nements de 1989-1991, interdisaient au chef de
l’Etat de l’époque, de pouvoir  se rĂ©clamer de la moindre lĂ©gitimitĂ© Ă©lectorale, car il Ă©tait abhorrĂ©  par des pans entiers de la sociĂ©tĂ©; mais qu’à cela ne tienne,  la fraude fut Ă©rigĂ©e en norme Ă©lectorale...
En 2005, un coup d’Etat mit fin au règne de Maaouya Ould Taya, ouvrant des «brèches»  dĂ©mocratiques dans une  forteresse rĂ©putĂ©e inexpugnable.  Quels Ă©taient les vrais auteurs de ce coup d’Etat? D’aucuns pensent que le PrĂ©sident de la transition de 2005-2007, ne doit  cet honneur qu’à  un simple concours de circonstances; l’épisode pathĂ©tique du «vote blanc»  en disait long sur le caractère «volontaire»  de la remise du pouvoir aux civiles, en 2007. 
Aujourd’hui emmitouflĂ© dans son camouflage de  «rĂ©volutionnaire» invĂ©tĂ©rĂ©,  l’ex-chef de l’Etat oublie un peu trop vite qu’il «profane» ainsi le plus prĂ©cieux des  symboles de l’Etat, la fonction prĂ©sidentielle. Il est en effet mortifiant  pour une majoritĂ© de Mauritaniens, d’assister au spectacle d’un ancien chef de l’Etat, jouissant des avantages dus Ă  cette dignitĂ© suprĂŞme, au beau milieu de la rue, entourĂ© d’un petit groupe de jeunes extrĂ©mistes goguenards, dĂ©cidĂ©s Ă   imposer «leur» Printemps Ă  un pays oĂą les libertĂ©s publiques sont les mieux respectĂ©es au double plan arabe et africain; un groupe de jeunes islamistes, aujourd’hui marginalisĂ©,  qui  agit fondamentalement par mimĂ©tisme et en raison de pulsions identitaires incompatibles avec les  normes dĂ©mocratiques.  
L’argent public est accordé aux anciens chefs de l’Etat, en vue de leur assurer les moyens de préserver la dignité de l’Etat qu’ils ont symbolisé un jour, et ce en se tenant méticuleusement à l’écart des situations embarrassantes ou compromettantes.
N’y-t-il pas un dĂ©tournement de la  loi, lorsqu’un tel scrupule n’est plus observĂ©? Les Mauritaniens n’ont pas la mĂ©moire si courte; il est impossible  que le Monsieur sĂ©curitĂ©, durant plus de vingt ans, spĂ©cialement durant les lugubres annĂ©es 1989-1991, au plus dur  de  l’ère Maaouya, se mĂ©tamorphose en un dĂ©mocrate bon teint. 
A ce sujet, Les Mauritaniens se sont exprimés avec on ne peut plus de clarté, lors des dernières élections présidentielles, en créditant l’ex-chef de l’Etat d’un risible 3%, en somme un carton rouge politique sans équivoque, Man Nawara Lahou Ghalbahou....
L’élection du Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, en 2007, a ressuscité l’espoir, très vite déçu; l’homme a confié à ses pires ennemis électoraux (Tawassoul et UFP) le soin de l’aider à stabiliser son pouvoir.
RejetĂ© par ceux qui l’avaient portĂ© Ă  la magistrature suprĂŞme, le PrĂ©sident Ould Cheikh Abdallahi fut emportĂ© par une  «rectification»  (le terme est du  Chef de l’Opposition DĂ©mocratique Mr Ahmed Ould Daddah, en direct sur les Ă©crans de la TVM), encouragĂ©e par une majoritĂ© qualifiĂ©e de parlementaires, suite Ă  sa dĂ©cision contestĂ©e de dĂ©mettre, d’un trait,  tous les chefs de corps des forces armĂ©es et de sĂ©curitĂ©. Ses «nouveaux» partenaires politiques (UFP et Tawassoul)  de l’époque, continuent de soutenir qu’il s’est agi  d’un putsch militaire, ils se font paradoxalement  forts de maintenir leurs dĂ©putĂ©s au sein d’une AssemblĂ©e nationale Ă  la lĂ©gitimitĂ© contestable Ă  leurs yeux, tout en appelant Ă  une rĂ©volution du type  Printemps arabe. 
ConformĂ©ment aux fameux accords de Dakar, des Ă©lections des plus transparentes –de l’avis unanime des observateurs et des partis,  Tawassoul en tĂŞte- eurent lieu dans le pays, en 2009, et portèrent le PrĂ©sident Aziz Ă  la magistrature suprĂŞme du pays. En dĂ©pit d’un contexte rĂ©gional et international dĂ©favorable, de mĂ©moire de Mauritanien, l’unitĂ© nationale n’a jamais Ă©tĂ© aussi bien dĂ©fendue, les libertĂ©s publiques n’ont jamais Ă©tĂ© aussi dĂ©veloppĂ©es, la justice sociale n’a jamais Ă©tĂ© aussi respectĂ©e -et cela fait grincer des dents-, la sĂ©curitĂ© n’a jamais Ă©tĂ© aussi bien assurĂ©e dans le pays…
Affirmer le contraire c’est prendre des libertĂ©s par rapport Ă  la rĂ©alitĂ©  et courir de grands risques de se couvrir de ridicule, Ă  moins que le ridicule ne tue plus...
Cheikh Sidaty


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