Constituée d’un kaléidoscope humain et culturel, la Mauritanie se fraie laborieusement son chemin, depuis son indépendance, en 1960, vers une société moderne où les valeurs de citoyenneté et de démocratie sont à la base d’un nouveau «contrat social». Sous l’autorité...
...de feu Mokhtar Ould Daddah, premier président du pays, un effort soutenu a été fourni par les pouvoirs publics, en vue de mettre sur pied une société débarrassée des tares du passé, respectueuse des règles éthiques en matière de gestion publique et résolument orientée vers l’avenir, et ce même si le choix porté sur le monolithisme politique, demeurera longtemps discutable… Le piège redoutable du conflit au Sahara Occidental, dans lequel feu Mokhtar Ould Daddah a été entrainé, a mis un point final à une si belle perspective. A la faveur du coup d’Etat de 1978, le pays fut plongé dans une période d’Etat d’exception dont le «bras politique» était les «Structures d’Education des Masses»; les démons tribaux, ethniques et régionaux, ont été ressuscités, afin de procurer un vernis de légitimité populaire à des pouvoirs politiquement instables. Le vent de changement qui a soufflé sur le monde, après l’effondrement du mur de Berlin, en 1989, a pris de court le chef de l’Etat de l’époque, Maaouya Ould Taya, qui a longtemps résisté, avant de se résoudre à s’insérer dans la dynamique à l’œuvre sur le plan planétaire, …à sa manière. En effet, la libéralisation politique a été délibérément lestée par la création d’un PRDS omnipotent et par une mise au pas de la presse, de la société civile, des partis d’opposition et de la société en général, une chape de plomb… Etet ala el Akhdhari wa Lyabiss. Il faut dire que les tragiques événements de 1989-1991, interdisaient au chef de l’Etat de l’époque, de pouvoir se réclamer de la moindre légitimité électorale, car il était abhorré par des pans entiers de la société; mais qu’à cela ne tienne, la fraude fut érigée en norme électorale... En 2005, un coup d’Etat mit fin au règne de Maaouya Ould Taya, ouvrant des «brèches» démocratiques dans une forteresse réputée inexpugnable. Quels étaient les vrais auteurs de ce coup d’Etat? D’aucuns pensent que le Président de la transition de 2005-2007, ne doit cet honneur qu’à un simple concours de circonstances; l’épisode pathétique du «vote blanc» en disait long sur le caractère «volontaire» de la remise du pouvoir aux civiles, en 2007. Aujourd’hui emmitouflé dans son camouflage de «révolutionnaire» invétéré, l’ex-chef de l’Etat oublie un peu trop vite qu’il «profane» ainsi le plus précieux des symboles de l’Etat, la fonction présidentielle. Il est en effet mortifiant pour une majorité de Mauritaniens, d’assister au spectacle d’un ancien chef de l’Etat, jouissant des avantages dus à cette dignité suprême, au beau milieu de la rue, entouré d’un petit groupe de jeunes extrémistes goguenards, décidés à imposer «leur» Printemps à un pays où les libertés publiques sont les mieux respectées au double plan arabe et africain; un groupe de jeunes islamistes, aujourd’hui marginalisé, qui agit fondamentalement par mimétisme et en raison de pulsions identitaires incompatibles avec les normes démocratiques. L’argent public est accordé aux anciens chefs de l’Etat, en vue de leur assurer les moyens de préserver la dignité de l’Etat qu’ils ont symbolisé un jour, et ce en se tenant méticuleusement à l’écart des situations embarrassantes ou compromettantes. N’y-t-il pas un détournement de la loi, lorsqu’un tel scrupule n’est plus observé? Les Mauritaniens n’ont pas la mémoire si courte; il est impossible que le Monsieur sécurité, durant plus de vingt ans, spécialement durant les lugubres années 1989-1991, au plus dur de l’ère Maaouya, se métamorphose en un démocrate bon teint. A ce sujet, Les Mauritaniens se sont exprimés avec on ne peut plus de clarté, lors des dernières élections présidentielles, en créditant l’ex-chef de l’Etat d’un risible 3%, en somme un carton rouge politique sans équivoque, Man Nawara Lahou Ghalbahou.... L’élection du Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, en 2007, a ressuscité l’espoir, très vite déçu; l’homme a confié à ses pires ennemis électoraux (Tawassoul et UFP) le soin de l’aider à stabiliser son pouvoir. Rejeté par ceux qui l’avaient porté à la magistrature suprême, le Président Ould Cheikh Abdallahi fut emporté par une «rectification» (le terme est du Chef de l’Opposition Démocratique Mr Ahmed Ould Daddah, en direct sur les écrans de la TVM), encouragée par une majorité qualifiée de parlementaires, suite à sa décision contestée de démettre, d’un trait, tous les chefs de corps des forces armées et de sécurité. Ses «nouveaux» partenaires politiques (UFP et Tawassoul) de l’époque, continuent de soutenir qu’il s’est agi d’un putsch militaire, ils se font paradoxalement forts de maintenir leurs députés au sein d’une Assemblée nationale à la légitimité contestable à leurs yeux, tout en appelant à une révolution du type Printemps arabe. Conformément aux fameux accords de Dakar, des élections des plus transparentes –de l’avis unanime des observateurs et des partis, Tawassoul en tête- eurent lieu dans le pays, en 2009, et portèrent le Président Aziz à la magistrature suprême du pays. En dépit d’un contexte régional et international défavorable, de mémoire de Mauritanien, l’unité nationale n’a jamais été aussi bien défendue, les libertés publiques n’ont jamais été aussi développées, la justice sociale n’a jamais été aussi respectée -et cela fait grincer des dents-, la sécurité n’a jamais été aussi bien assurée dans le pays… Affirmer le contraire c’est prendre des libertés par rapport à la réalité et courir de grands risques de se couvrir de ridicule, à moins que le ridicule ne tue plus... Cheikh Sidaty
Les opinions exprimées dans ce courrier n’engagent pas forcément TAHALIL
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