Cette dernière semaine a connu une certaine agitation et une certaine fébrilité au niveau du microcosme politique nouakchottois.Tout a commencé avec les échauffourées entre des défenseurs des droits de l’homme (ou se présentant comme tels) et des éléments de la police d’ Arafat 1...
...après le signalement d’un cas d’esclavage avéré pour IRA-Mauritanieet d’une provocation de plus, (de trop ?) selon les autorités.
Il s’agit de deux fillettes harratines logées et entretenues de leurs aveux-mêmes et de ceux de leurs parents, par une femme beïdane ayant d’anciens rapports avec la famille en question.
Le propos ici n’est pas de savoir qui a tort ou qui a raison dans cette affaire qui continue d’alimenter les conversations dans les salons de la capitale et certainement de l’intérieur.
Il n’est pas question non plus de prendre position pour l’une ou l’autre des parties. Mais simplement de rappeler que nous vivons dans un pays démocratique doté d’une constitution qui est au dessus de tout le monde et qui est censé régir nos rapports.
Pour ma part, je teins à rappeler, afin d’éviter toute équivoque et toute interprétation malsaine de mes propos, que j’ai lutté de toutes mes forces, dans le cadre de la légalité, contre l’actuel Président Aziz lors de son putsch qui l’a porté au pouvoir.
J’ai continué à lutter contre le général candidat lors des dernières élections présidentielles.
Mais le peuple a parlé et – en bon démocrate, j’ai accepté le verdict des urnes, tout en continuant à m’opposer au Président Aziz. Car j’estime que ce n’est pas l’homme qu’il faut pour conduire la Mauritanie vers des lendemains meilleurs.
Mais dans le même ordre d’idées, je continuerai à lutter contre tous ceux qui par leurs manœuvres malsaines et leurs petits calculs mesquins exposent ce cher pays aux pires catastrophes.
Que l’on ne s’y trompe pas. Je ne vise pas seulement Birame ould Dah ould Abeidi qui pousse l’indécence jusqu’à se comparer à Toussaint Louverture et incite les haratines en des termes à peines voilés à un soulèvement populaire tout en tenant un discours haineux et raciste à l’encontre d’une partie de la population mauritanienne nommément désignée les arabo- berbères (ou Beidanes) .
Ces agissements, d’une extrême gravité, sont, bien entendu, inacceptables et ne doivent pas rester impunis.
Je vise en premier lieu, ceux qui ont la lourde mission de veiller au strict respect de la constitution, car je les accuse de la piétiner et de la laisser se faire piétiner tous les jours. Il n’y a pas si longtemps on a vu des gens se faire jeter en prison pour beaucoup moins que çà .
Tout le monde a en mémoire le cas de ould Abeidna, un journaliste jugé et emprisonné pour avoir accusé sans preuves un puissant homme d’affaires de la place. Ould Bouamatou pour ne pas le nommer !, ou de ould Abdel kader,ancien administrateur et serviteur de son Etat qui séjourna en taule pour avoir tenu des propos jugés diffamatoires à l’encontre du fameux BASEP. Sans oublier le jeune journaliste Hanafi, animateur du site Taqadoumy, lui auss, jeté en prison,jugé et condamné pour opposition virulente et acerbe au régime en place.
Je vise enfin certains partis politiques d’opposition (de laquelle, je continue à me réclamer) d’avoir pris fait et cause pour Birame et ses compagnons dans l’unique dessein de voir l’électorat haratine se détacher du camp de Aziz et par ricochet rejoindre le leur. Enième erreur d’appréciation et de jugement. Et nouveau rendez-vous raté avec l’Histoire qui montre une fois de plus leur courte vue au niveau de l’analyse, leur profonde méconnaissance de la morphologie du tissu social mauritanien et leur impatience d’occuper à tout prix le palais brun.
Il arrive toujours un moment dans la vie d’un peuple où il faut savoir se ressaisir et placer l’intérêt général au dessus de tout, et penser d’abord au pays.
Les soubresauts de la semaine dernière ont eu le mérite de nous interpeller et de nous rappeler qu’il y’a des sujets pendants que les régimes qui se sont succédés depuis l’indépendance ont évacué tout à tour adoptant ainsi la politique de l’Autriche.
Mais ces sujets s’imposent d’eux-mêmes et constituent un thème récurrent dans le débat politique national depuis l’indépendance et même bien avant.
L’honnêteté intellectuelle m’oblige à admettre que l’esclavage a sévi en Mauritanie et qu’il continue d’y sévir. Il était pratiqué et il l’est toujours, certes, dans une moindre mesure, dans les deux communautés (arabe et negro-africaine). Ce que Birame feint d’ignorer.
Les séquelles de l’esclavage sont présentes, visibles. Et la communauté haratine qui est la seule à l’avoir vécu (en tous cas dans la composante maure) en porte encore les stigmates et continue d’en souffrir : économiquement, socialement et culturellement. C’est douloureux. Et c’est une honte pour notre peuple. Une tâche dans notre Histoire commune qu’on gagnerait tous à effacer à jamais pour construire une nouvelle société réconciliée avec elle-même juste et égalitaire. Nous sommes tous d’accord là -dessus, car chaque mauritanien y gagnerait qu’il soit arabe, berbère, haratine ou negro-africain.
Malheureusement, ce ne sont pas les discours incendiaires des racistes de tous bords (panarabistes, FLAM, extrémistes haratines) qui nous sortiront de ce mauvais pas. Encore moins la duplicité et l’improvisation qui servent de programme politique à nos dirigeants actuels, mais bien un sursaut de sagesse, d’intelligence, de dépassement de soi et de lucidité.
L’heure est venu de consolider – que dis-je ?- de construire un Etat-Nation digne de ce nom.
C’est pourquoi j’invite tous les intellectuels de ce pays, les hommes politiques, les leaders syndicaux, les artistes, les défenseurs des droits de l’homme, bref, tous ceux qui aiment et croient en la Mauritanie d’initier un débat en dehors de tout préjugé et de toute appartenance politique, idéologiques ou raciale, afin de dresser les contours d’une unité nationale et d’une cohésion sociale, seules gages d’une Mauritanie libre, égalitaire et prospère.
Ahmed Salem Ould Kabach Journaliste independant Nouakchott
Les opinions exprimées dans ce courrier n’engagent pas nécessairement TAHALIL
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