C’est avec des phrases pleines de sens, que le Capitaine Sid’Ahmed Ould Sidha a introduit l’article qu’il a envoyĂ© Ă notre rĂ©daction. «Je fais de mon mieux de rester superficiel dans la divulgation de certaines choses, bien que je tiens á ma possession des documents, photos et donnĂ©es qui peuvent dĂ©montrer et d’une façon inĂ©quivoque le stade de dĂ©gradation que souffre notre ArmĂ©e » a-t-il soulignĂ© dans le prĂ©ambule de son article, ajoutant que «le devoir de rĂ©serve, la responsabilitĂ© et l’intĂ©rĂŞt suprĂŞme de la Nation m’empĂŞchent de les rendre public».
«Je vous resterai très reconnaissant, en acceptant de publier cet article -et si possible d’autres dans le futur- pour pouvoir attirer l’attention de nos dirigeants ainsi que notre classe politique sur les enjeux de cette situation» a-t-il indiquĂ©. «Ceci par la langue de la raison et du dialogue qui profite á tous et non par la langue des armes qui n’instaure que haine et malheurs» avait-il conclu. Voici l’intĂ©gralitĂ© de l’article.
De ce que l’on vous cache au sein de l’Armée
Suite à la lettre ouverte que j’ai adressé à son Excellence Monsieur le Président de la République et l’interview accordé au journal LE CALAME, un tapage a été orchestré, par les services de renseignements, via leurs canaux bien rodés de la propagande hérités des années d’asservissement de l’Armée, allant de la discréditation de mon action, aux menaces directes et indirectes, jusqu’à désorienter mon action vers une direction politico-tribale afin de m’intimider. Dans ce sens, je préfère mettre au point quelques concepts et données de cette affaire.
En adressant la dite lettre, j’ai tenu à ne traiter que les points essentiels de la situation de l’Armée nationale sans trop rentrer dans les détails, sauf que l’état d’une composante, très importante théoriquement, absente pratiquement, ne faisait pas partie des composantes honorées par leur présence dans cette liste. Dans l’entre-ligne de la lettre et pour ceux qui ont une petite culture générale sur l’Armée, on pouvait lire facilement la déperdition des services de renseignements de notre Armée nationale. Une déperdition qui ne date pas d’aujourd’hui, et non due à l’incompétence de certains des ses membres, mais à la tentation des chefs de cette composante à se faire prévaloir auprès des détenteurs du pouvoir.
Que les services de renseignement prennent mon cas en main, qu’ils cherchent à me localiser rien de nouveau ou de rare dans ce cas, sauf que la manière de réagir était tout à fait des plus inadaptées et inappropriées. En me menaçant d’une part par un tribunal militaire pour violation du devoir de réserve et d’une autre part par le fait de m’avoir localisé et qu’ils arriveront à moi, là où je suis, ne me fait qu’insister sur la continuité de mon action et au rythme et à la manière que je juge adéquates, comme c’est le cas depuis toujours.
Ceci dit, il est nĂ©cessaire de rappeler aux responsables de ces services, et si la dĂ©ontologie militaire leur tient Ă cĹ“ur, de bien vouloir vĂ©rifier la vĂ©racitĂ© de mes rĂ©vĂ©lations, de sanctionner les responsables de cette situation et de trouver des solutions rĂ©elles qui peuvent emmener notre armĂ©e Ă l’état qu’elle mĂ©rite. S’ils pensent qu’ils peuvent Ă©touffer cette action comme ont l’habitude de faire ou de continuer de cacher l’amère rĂ©alitĂ©, alors ils se trompent, et comme dit le proverbe : «on ne peut cacher le soleil avec un tamis». Pour m’avoir accusĂ© de violation du devoir de rĂ©serve et divulgation du secret militaire, j’aimerai bien les demander quelle Ă©tait leur rĂ©action sur un manque de prudence sur une affaire de l’étĂ© 2005 ? En effet, et suite Ă un accord avec les forces armĂ©es d’un pays frontalier visant l’approvisionnement de notre Marine Nationale en Habillement, accord qui jusque-lĂ reste dans le cadre du normal. Dans ce genre d’accords, les commandes peuvent ĂŞtre faites soit par tailles standards soit par mesures individuelles de chaque personne, dans ce dernier cas les tailleurs de l’ArmĂ©e s’occupent de la tache. Contrairement Ă toute attente, et tout esprit militaire ou de rĂ©serve, une Ă©quipe de cette armĂ©e Ă©trangère a parcouru toutes les unitĂ©s de la Marine Nationale en vue de prendre les mesures de tout le personnel de cette direction pour s’envoler non seulement avec les mesures sinon avec la liste complète par Noms, PrĂ©noms, Grades et Matricules de tout le personnel ainsi que l’impression que tout militaire attentif prendra de la visite des unitĂ©s d’un corps d’une autre armĂ©e qui n’est pas la sienne, question de rĂ©flexe. Cette imprudence est passĂ©e comme si rien n’était, j’aimerai savoir en quoi nos services de renseignements Ă©taient occupĂ©s pour ne pas empĂŞcher une telle situation ou prendre des mesures contre ce genre de nĂ©gligences. En ce qui me concerne, je ne cherche pas la rĂ©ponse de leur part, car je sais qu’ils sont occupĂ©s par tout sauf ce qui se passe Ă l’intĂ©rieur de l’ArmĂ©e et sous leurs nez. Leurs seuls soucis sont de bien servir ceux qui Ă leurs connaissances peuvent les protĂ©ger ou leur offrir une promotion, le dernier cas de ce genre ne date que de deux mois. En juin 2007, la troisième rĂ©gion militaire a connu une mutinerie au sein de l’une de ses unitĂ©s, une mutinerie qui fĂ»t contrĂ´lĂ©e après l’intervention du commandant de rĂ©gion. Une enquĂŞte fĂ»t ouverte pour Ă©claircir les circonstances de cet Ă©vĂ©nement. Après le contrĂ´le de la situation, le commandant d’unitĂ© est mis immĂ©diatement en permission et remplacĂ© par un nouveau, il est Ă savoir que cette permission lui fĂ»t refusĂ©e quelque jours avant, bien qu’il venait de perdre sa mère, sous prĂ©texte de nĂ©cessitĂ© de service. L’enquĂŞte, menĂ©e par nos services de renseignements, conclut que la cause de la mutinerie est une simple dispute entre les militaires sur LE CHOIX DU MENU. ÉvĂ©nement consommĂ©, il est Ă©vident que le rĂ©sultat de l’enquĂŞte et la rĂ©alitĂ© des choses font deux choses diffĂ©rentes. La cause principale vient d’une Alimentation mĂ©diocre et de misĂ©rables conditions de vie, mais jouissant d’une protection totale, d’une Ă©ventuelle prĂ©paration Ă un poste plus sensible, le commandant de rĂ©gion renvoie l’enquĂŞte avec une conclusion en sa faveur et insolente Ă l’égard d’une institution militaire. Pour nos services de renseignements, garder cet Ă©vĂ©nement au secret est un devoir, mais aussi il est de leur devoir de dĂ©terminer les responsabilitĂ©s de chacun et de tenir Ă ce que des sanctions exemplaires soient prises Ă l’égard des coupables.
Les exemples dans ce sens ne manquent pas, les réactions de nos services sont chaque fois plus modestes et médiocres. Le moment où ces services prendront leurs responsabilités en main et exerceront leurs devoirs avec toute dévotion et loyauté à la Mère Patrie, je me soumettrai à leurs dispositions pour faire de moi ce que bon leur semblent. D’ici là , la machine continuera à tourner et avec une puissance de plus en plus croissante.
Comme j’ai promis à certains de mes compatriotes, et en réponse aux questions évoquées avec bonne ou mauvaise intention sur deux points essentiels : pourquoi ne pas avoir agi au temps de mon cousin (Taya)? Ai-je obtenu l’asile politique en France et pourquoi ?
En réponse à la première question, j’aimerai dire que je ne nie aucun lien parental avec l’ex- Président de la République ou avec toute autre personne à laquelle je suis lié par un lien de parenté, d’amitié ou professionnel. Mais pourquoi ne pas se poser la question autrement, pourquoi ne pas l’avoir fait après le coup d’état du 03/08/2005, ou après les arrestations du 19/06/2006 ? La réponse est aussi simple que ça, et comme j’ai déjà déclaré, c’est depuis 2000 que j’ai commencé à dénoncer la mauvaise situation que vivait notre armée, en suivant une logique dans la forme et d’une façon croissante, qu’à mon avis arriverait à l’objectif désiré. D’autre part, j’estime que la question était peut être destinée à un ex- Premier ministre, un ex- ministre, un ex-chef d’état Major, un ex-directeur de la Sûreté ou pourquoi pas à un ex- responsable de la sécurité de l’ex-Président. En ce qui concerne la deuxième question, j’affirme que jusqu’à l’instant d’écriture de ces mots, je n’ai demandé l’asile politique aux autorités de n’importe quel pays, alors c’est à ceux qui propagent cette information de confirmer leur information. Capitaine Sid Ahmed Ould Sidha Direction de la Marine Nationale
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