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Mauritanie : Quel avenir pour le G5Sahel ?

Mauritanie : Le G5Sahel a-t-il encore un avenir? La question reste posée avec l’instabilité politique vécue dans plusieurs pays et la présence des mercenaires russes dans la sous-région.

Déjà fragilisé face à la menace djihadiste, le Groupe des 5 pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) fait aussi face à la défection du Mali, embourbé dans sa crise diplomatique avec la France. Le Burkina, autre pays de cette alliance sous-régionale, suit, en apparences, le même cheminement opéré par le colonel Goita pour asseoir son pouvoir face à l’hostilité de la Cedeao.

Cette dernière a d’ailleurs décidé le 4 décembre 2022 de créer une force de maintien de la paix ouest-africaine dont le rôle principal semble de contenir les putschs et la poussée djihadiste.

Une réunion des ministres de la défense au sein de l’organisation se penchera sur les contours de cette prochaine frappe propre à la Cedeao.

C’est en tout cas ce que laisse entendre un communiqué de l’organisation diffusé à l’issue d’une réunion à huis clos à Abuja. Le communiqué réclame, par ailleurs, au Mali de libérer les 46 soldats ivoiriens détenus depuis juillet, d’ici la fin décembre. La demande est assortir d’une menace de sanctions supplémentaires contre le régime de Goita au moment où plusieurs pays européens annoncent les retraits de leurs troupes ce pays.

Pourtant, le sommet d’Abuja fait suite à un autre à Accra au Ghana où sept pays de la Cedeao (Bénin, Togo, Ghana, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Niger et Mali) ont organisé des meetings avec des dirigeants européens pour « accroître leur coopération dans la lutte contre la propagation des violences jihadistes». La délocalisation de la menace vers le golfe de Guinée entamera-t-elle l’engagement pour plus d’opérationnalité du G5Sahel ?

Ouvrira-t-elle la porte à l’adhésion au G5Sahel de nouveaux pays comme le Sénégal qui déploie déjà son armée aux frontières avec le Mali ? L’exploitation prochaine du gaz du Gta en direction de l’Europe est-elle vue d’un bon œil par la Russie ? Cette dernière est-elle capable – avec ses alliés traditionnels- de déstabiliser toute une région dans le sillage de sa guerre avec l’Occident en Ukraine ?

Autant de questions qui enveloppent d’un voile de suspicions l’avenir de notre sous-région.

Malgré donc son agenda intérieur –ébullitions préélectorales- le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazaouni, semble bien préoccupé par le devenir du G5 Sahel dont la Mauritanie abrite le siège. Le président Ghazouani qui vient de recevoir le président de la Conseil Européen, Charles Michel, avec lequel il s’est entretenu, à huis clos, de dossiers sensibles dont notamment celui de l’avenir du G5Sahel et sans doute aussi celui de la présence russe à nos portes, serait tenté de prendre des initiatives pour garantir le maintien de cet espace de coopération sécuritaire et de développement.

Le président Ghazouani se concerte souvent avec les pays et organisations membres de l’Alliance Sahel des questions d’acuité et de défis de l’organisation.

Par ailleurs, la Mauritanie, partenaire militaire privilégié de l’Otan, qui a aussi le même statut auprès du Mali et de ses autorités politiques prône, sans doute, l’apaisement et le retour au bon sens pour sortir de l’impasse née du putsch de Goita. Une impasse qui a eu raison de la vitalité de l’organisation malgré les efforts déployés par son leadership.

Le président Ghazouani tenterait, dans ce sens, de convaincre aujourd’hui de la tenue d’un sommet -en soi extraordinaire- des Chefs d’Etat, en février 2023 à Niamey pour lui insuffler une nouvelle dynamique. Le constat de l’urgence d’un regain d’actions est aussi dressé par le président tchadien, le Général MAHAMAT IDRISS DEBY ITNO recevant récemment le secrétaire Exécutif du G5 Sahel ERIC YEMDAOGO TIARE.

JD – La Dépêche