Parfois, il se passe des choses dans la vie d’une Nation, des frĂ©missements qui font sourdre dans les trĂ©fonds de chaque enfant de la Nation en question, un mĂ©lange de sensations dont le plus prononcĂ© demeure : l’ESPÉRANCE. Cet Ă©tat ressemble Ă une coulĂ©e de lave, dĂ©valant les pentes d’un volcan en Ă©ruption. Elle emporte tout sur son passage et, surtout, irradie tout de son incandescence.
Cette vision allégorique se prête sur mesure à notre pays depuis que les soldats nous ont redonné un pouvoir confisqué et managé par une poignée de personnes pendant plus de deux décennies. Le changement est là depuis lors. Cela ne fait aucun doute. Le mauritanien qui prétend n’avoir pas senti souffler un vent nouveau est assurément de mauvaise foi. En revanche, ce qui est irrecevable et qui crève les yeux, c’est l’impact pluri forme du changement sur la peau des mauritaniens. Il y en a qui vivent la nouveauté, perçoivent et apprécient les nouvelles orientations politiques, mais, un nombre très important de mauritaniens n’ont pour ainsi dire aucune idée de ce qui se dit et se décide en haut lieu depuis plusieurs mois. Et pourtant, que de choses ont été dites ! Pour dire vrai, les médias publics nationaux n’accompagnent pas de façon efficace cette lancée gouvernementale que nous connaissons. En effet, il demeure incontestable que Radio Mauritanie et la Télévision de Mauritanie ont encore beaucoup de chemin à couvrir dans le sens de la mission initiale qui est la leur : véhiculer l’information à tous les mauritaniens dans la diversité de leur composition. Dire que ces médias ne s’acquittent pas correctement de leur tâche n’est qu’une lapalissade. Le fait est que les professionnels de l’information ne se donnent pas la peine de traduire ou de faire traduire ce qui se dit sur les antennes dans les langues que sont le pular, le soninké et le wolof et qui sont comme tout le monde le sait les langues nationales du pays à côté de l’arabe. Si l’on croît en ce pays et si l’on a un brin de respect pour le même pays, on ne peut et on ne doit se permettre de faire du travail tronqué. Depuis que le nouveau gouvernement a été mis en scelle, beaucoup de choses se sont passées et continuent à se passer. Une nouvelle grille des programmes a vu le jour à travers les deux médias publics. Les plus hauts cadres et les responsables des services publics de l’Etat ont défilé à tour de rôle sur les ondes de Radio Mauritanie et sur les plateaux de la TVM. Ces personnalités, chacune à quelque niveau qu’elle soit, conçoivent, décident et expliquent à travers les médias publics les nouvelles lignes directionnelles. Ces données fournies à coups d’explications détaillées et de statistiques, il faut le dire, ne profitent qu’une partie de la société mauritanienne. Le paradoxe réside dans le fait que ces nouvelles dispositions et règles d’une importance première, fruits du ton nouveau, sont prises pour être appliquées de la même façon sur le résident d’Amourj, sur celui de Tintane mais aussi sur celui de Civé, sur celui du petit hameau du Palais des pêcheurs situé au sud de Kaédi. Si les résidents arabophones sortent imprégnés des nouvelles mesures adoptées par l’invité du jour à l’antenne, les auditeurs et téléspectateurs soninkephones n’y comprennent que dalle ! Tout comme toutes les composantes de notre chère patrie, ils aimeraient bien être au fait des changements de l’heure et à temps réel. Il urge de mettre en pratique les réels vœux du président SIDIOCA ainsi que de tous les mauritaniens qui croient en leur Nation et en ses nobles idéaux. Il est plus que temps de penser enfin à se mettre vraiment en phase avec le temps. Il faut en finir avec les coups d’épée dans l’eau. En effet, il est tout bonnement utopique de prétendre à la réussite d’une politique si l’on ne se donne pas les moyens de réussir la dite politique. Cela demande indubitablement beaucoup d’objectivité dans la mise en pratique. Il reste évident que les médias ne portent que bien leur surnom de quatrième pouvoir. Si l’on veut effectivement apprécier l’impact de la nouvelle donne sur le peuple, il n’existe pas de baromètre plus fiable que l’audimat, mais la question est de savoir s’il est scientifiquement possible de juger de l’efficacité d’un média sur la base d’une couverture partielle de son auditoire. Demandez à un habitant de Wompou, dans le sud du Guidimakha s’il connaît les mesures prises par les invités des émissions «Sur la table» ou «la balance» à la TV M, ou des décisions annoncées par Madame la Ministre de l’Education Nationale, cette semaine. La réponse sera invariablement négative car il n’aura certainement pas écouté la Radio, ni regardé la Télé. Il faut nécessairement hisser le professionnalisme à des niveaux plus décisifs, c’est à dire dans un esprit dépourvu de tout favoritisme et d’exclusion C’est à ce prix seulement que l’on pourrait mettre en pratique toutes ces nouvelles options que nous connaissons. Il est difficilement concevable de continuer à assister à la situation de vide médiatique que vit la composante non arabophone de notre Nation. Après tant d’années de marginalisation, ce serait très bête de les laisser encore une fois sur le bord de la route par la seule faute de personnes qui rament à contre-courant de la marche vers l’avant de la Mauritanie. C’est le moment de dire aux animateurs des émissions radiophoniques ainsi que des journalistes sur les plateaux où se succèdent tous ceux qui comptent dans ce pays, que c’est le moment d’aller à la rencontre de la Mauritanie plurielle et de mettre à la disposition de tous les fils de ce pays les informations de l’heure. Il ne faudrait que le souffle du vent nouveau emporte tout le monde sur son sillage. Biri N’Diaye
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