Association pour la Transparence et le Développement (ATED) : Déclaration    
17/07/2007

Nous avons pris connaissance du discours en date du vendredi 29 Juin 2007 de son Excellence le Président de la République, relatif à ce qu’il est convenu d’appeler le passif humanitaire, les déportés et l’esclavage.L’ATED se félicite de tout acte qui vise à rétablir des citoyens dans leurs droits et leur dignité, loin des surenchères politiciennes et des calculs machiavéliques, ce qui ne saurait se réaliser sans une large concertation impliquant toutes les parties concernées, les partis politiques, les organisations de la société civile et les leaders d’opinion.




En outre, nous rappelons que durant les tristes événements de 1989:
- plusieurs milliers de Mauritaniens et de sénégalais d’origine mauritanienne ont perdu des êtres chers, parents, enfants, amis et connaissances.
- plusieurs milliers de commerces, dont la valeur se chiffre à des centaines de milliards de francs, appartenant à ces expulsés et déportés de force, ont fait l’objet de vols et de spoliation
Ces traumatismes sont encore vivaces dans la mémoire des victimes mais aussi de ceux qui les ont reçus sur cette terre mauritanienne accueillante.
On ne peut, en effet, oublier aujourd’hui que des mauritaniens et sénégalais d’origine mauritanienne sont morts, certains ont été blessés voire mutilés et d’autres ont perdu à jamais la raison, après avoir perdu leurs biens ou des êtres chers.
Un drame humain terrible dont les causes sont connues de tous.
L’on ne doit jamais, encore moins aujourd’hui qu’hier, oublier que ces victimes innocentes doivent recouvrer leurs droits légitimes et leur dignité, tout aussi bafouées et flétries que celle de certaines victimes évoquées par le Président de la République.
Cet appel ne vise pas à rallumer un feu qui, de toutes façons, couve encore, ni à diluer des droits légitimes dans une problématique plus vaste et plus complexe, mais à faire prendre conscience du fait que les droits humains relèvent de principes identiques et universels et la frustration que ressentiront des victimes des erreurs des Etats dans les années 90 ne pourront que faire le lit des chasseurs en eaux troubles et rendre difficile un retour à la normale qui reste d’abord et avant tout tributaire de la paix des cœurs et des esprits de toutes les victimes et ceux qui compatissent pour eux.
Il est peut être utile de savoir que parmi les 450 000 expulsés du Sénégal vers la Mauritanie et la Gambie, il y a plus de 100 000 sénégalais de naissance et de nationalité qui ont été boutés manu militari hors de leur pays, le Sénégal, pour la seule et unique raison d’avoir une vague et parfois incertaine origine maure. On oublie volontiers que ce sont là aussi des personnes et aussi et avant tout des personnes réfugiées hors de leur pays et malgré eux, après des pertes immenses en vies humaines et en biens matériels ; que ces personnes n’aient pas de regroupements en lieux connus, ne soient ni immatriculées auprès du HCR et n’aient pas eu l’autorisation de mettre en place des organisations pour la défense de leurs intérêts Ö combien légitimes et nombreux, n’enlèvent en rien à la réalité de leur existence et de leur malheur. On ne peut qu’être pour le recouvrement légitime des droits de chaque être humain, qu’il soit mauritanien ou sénégalais ou autre et refuser avec la dernière énergie la mémoire et l’indignation sélectives ou la séparation de droits de groupes ayant souffert des mêmes causes et payé le même tribut.

Pour le Bureau exécutif de l’ATED
Cheikhna Haidara


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés