Nombreux sont ceux qui prônent la participation de la Mauritanie à la guerre contre les groupes armés qui écument dans le Nord-Mali. Ils ont probablement raison. C’est une occasion de conjuguer nos efforts avec ceux de la communauté internationale pour extirper de la sous-région un mal qui a détruit des secteurs de notre économie et terni...
...pour quelques années notre image.
Ils oublient cependant que ceux qui veulent nous voir à l’œuvre, n’ont pas participé à la guerre que nous menons depuis 2010, quand nous avons décidés de cesser de recevoir les coups. Trois années durant nous étions seuls à mener des offensives, des bombardements et des opérations spectaculaires dont des enlèvements de kidnappeurs d’otages occidentaux. Et nous avons récolté les fruits du travail de notre encadrement et du sacrifice de nos martyrs: 2012 est passé sans qu’aucune action terroriste ne se produise sur notre sol. Les groupes armés ont compris qu’ils n’ont plus affaire en Mauritanie à une armée démotivée et sous équipée. La parade du 25 novembre 2011 a fait le reste. Avec Aziz, la page de l’inertie a été fermée, la peur a changé de camp et les groupes armés sont partis opérer ailleurs. Convient-il dés lors, de les inviter, à revenir nous attaquer? Nous avions toujours trouvé suspect que nous soyons les seuls à être ciblés par Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi). Aujourd’hui encore, nous faisons ce que nous devons faire. Nos frontières sont ouvertes aux réfugiés au nom du droit humanitaire international et sont hermétiquement fermées devant les combattants. Et la coopération avec la communauté internationale peut prendre mille formes, moins tapageuses, que l’envoi d’un contingent dans le cadre des forces de la Cédéao ou de l’opération «Serval». En Mauritanie nous avons deja mis la main à la pate et savons à qui nous avons affaire. Nous nous sommes battus pour nous et pour les autres, sans entendre merci. Le groupe armé qui a attaqué le 16 janvier le site gazier d’Ain Amenas en Algérie est dirigé par Abderrahmane le nigérien, dit Abou Doujana. Il a opéré à plusieurs reprises en Mauritanie avant de changer de cible Originaire d’une tribu arabe du Niger, il fut l’homme des opérations spéciales d’ "Al Moulathamoune", (une katiba ) qui a fait défection suivant son chef Belmokhtar lequel a démissionné d’Aqmi, suite à une querelle de leadership mal gérée depuis 2007 par le "commandement" en Algérie. Abou Doujana était à la tête des colonnes de l’ex-GSCP qui ont attaqué les militaires mauritaniens à Lemgheiti en juin 2005. Il a été à Dakar au milieu de 2007 pour récupérer un jihadiste mauritanien en cavale à l’époque, avec lequel, il s’est introduit en septembre 2007 à Nouakchott, pour créer l’organisation «Ansar Allah» démantelée en Avril 2008. Entre fin 2007 et Avril 2008, il a fait plusieurs navettes entre Nouakchott et les camps d’Aqmi au Mali, convoyant fonds, armes, munitions, explosifs et recrues. Il était à Nouakchott en octobre 2007, pour la préparation de l’attaque du "fourgon" de transport des fonds du Port Autonome de Nouakchott. Il a quitté Nouakchott la soirée du 23 octobre 2007 avec 45. 000. 000 d’UM à bord de sa Pick-up portant une fausse plaque d’immatriculation mauritanienne. C’était une année avant la mise en place des Groupes de Lutte Anti-Terroriste (GLAT) ancêtres des héroïques Groupes Spéciaux d’intervention (GSI) montés par le Président Aziz fin 2008 et qui ont mis un terme définitif avec les zones déclarées militaires et les points de passage, aux vadrouilles des groupes armés dans les étendues désertiques du Nord-Est de notre pays, sans que la France cesse par exemple, de continuer à les placer en zones rouges . Janvier 2008, Abou Doujana était encore à Nouakchott convoyant du nitrate, du TNT, des armes et de munitions pour «Ansar Allah». Mais les jihadistes mauritaniens refusent l’attentat à la voiture piégée contre l’ambassade d’Israël, «de peur de tuer des Musulmans» disent-ils, et préfèrent mitrailler cette ambassade la soirée du 1er février 2008. Dépité dit-on, il a quitté Nouakchott la même soirée. Il est de retour néanmoins en mars 2008. Officiellement pour récupérer un diplomate allemand qu’ «Ansar Allah» devait enlever à l’instar de l’exploit mené en février par les Katibas: «Oum el kamakime» et «Al Fath el moubine» dans le sud tunisien, lesquelles, avaient enlevé deux otages Autrichiens, libérés en octobre 2008 contre une forte rançon. L’enlèvement du diplomate allemand échoue. Ce dernier a appris le projet par la presse. Il aurait perdu le sommeil et l’appétit et s’est fait muter ailleurs. Vif et alerte, c’est Abou Doujana qui avait fait perdre l’effet surprise l’après-midi du 7 avril 2008 aux unités anti-terroristes en informant les jihadistes retranchés dans une deuxième villa du «centre émetteur» de l’imminence d’une attaque contre eux. Eu fait, de sa «villa de passage», il avait vu les voitures de police se déplacer en direction de la planque de ses complices. Les jihadistes débusqués sortent de leur planque et livrent une féroce bataille aux policiers. Un officier a été tué, neuf policiers blessés et deux jihadistes perdent la vie. Abou Doujana, Taghi et Ahmed Targui enfourchent de nouveau leur Pick up alors que les affrontements faisaient rage à Tevragh Zeina et foncent sur le Mali en prenant la route Akjoujt-Choum . C’était le 7 avril 2008. Plus de 4 années après, Abou Doujana fait parler de lui. Cette fois à Ain Amenas, en Algérie. A plus de 4000 km …. de Nouakchott. Ceux qui veulent nous voir là bas ou à Diabali, doivent se rappeler que nous étions seuls, à "Lerneb" et "Hassi Sidi". Et que nous craignons un remake, les objectifs encore flous du moment et enfin, les tirs amis. IOM
|