Second tour de la présidentielle 2007: Consignes respectées?   
22/03/2007

À quelques jours du deuxième tour des élections présidentielles, la question sur l’orientation des consignes de vote apparaît de plus en plus comme une tempête dans un verre d’eau, car il n’est pas dit que celles-ci seront suivies.



Influences réelles...

Réunions nocturnes au domicile de tel ou tel candidat du premier tour, coalition de quatre candidats d’entre eux pour peser sur la balance du scrutin décisif dans 8 jours, langue de bois dans la presse: les tractations et les stratégies vont bon train pour asseoir une base électorale solide lors du deuxième, grâce aux consignes de vote des candidats malheureux consultés par Sidioca et Daddah.
Mais il n’est pas dit que les consignes seront suivies pour certains d’entre eux. Messaoud et Ould Maouloud ont une base électorale solide et depuis longtemps; c’est celle-ci principalement qui s’est exprimée pour eux dernièrement. Ould Maouloud a obtenu le vote «des intellectuels mauritaniens», qu’il ne s’aliénera pas par la suite, contrairement aux voix perdues suite aux votes identitaires observés pour tous les autres candidats. Messaoud a bénéficié du vote identitaire, même si c’est dans une moindre mesure, au vu de la démographie de la composante haratine dans le pays. C’est donc un noyau dur d’irréductibles qui l’entoure, et qui le suivra coûte que coûte. S’agissant de son positionnement, il a été prédit des deux côtés tout au long de la semaine, mais des sources proches du directoire de l’APP laissent plus qu’entendre "qu’il ne cracherait pas sur un projet de Sidi réaliste dans une perspective d’unité nationale".

...Et influences incertaines

La question est beaucoup moins évidente, au regard des deux autres candidats, à savoir Ibrahima Sarr et Zeïne Ould Zeïdane. Après avoir annoncé «qu’il se trouvait à égale distance des deux candidats du deuxième tour» lors de sa conférence de presse post premier tour, Zeïne s’est attiré les foudres d’une bonne partie de sa base électorale, notamment de cadres, qui ne comprenaient pas une telle ambiguïté, connaissant les affinités historiques et politiques plus sensibles avec le candidat Sidioca. Cette ambigüité a été levée ce week-end au siège de Ould Zeïdane, où l’ex-candidat a manifesté son soutien sans condition à Sidioca. Une décision plus que logique, inévitable: toute autre perspective lui aurait aliéné sa base électorale et tribale par la même occasion. Quant à Sarr, qui a principalement bénéficié de la frustration et de la quête de reconnaissance et de réparation de la communauté négro mauritanienne, il serait étonnant de voir une éventuelle consigne pour Daddah reçue par cette communauté, sachant que ce dernier s’est «grillé» auprès de celle-ci ces derniers mois. Il s’est avéré durant la campagne et même avant cela, que Ahmed Ould Daddah ne règlerait pas de façon juste et claire la question du passif humanitaire. Notamment après sa fameuse interview très langue de bois et controversée sur le sujet, à Jeune Afrique… Une influence qui n’est pas assurée donc de peser de tout son poids sur la campagne électorale
Tout ce tintamarre médiatique autour des consultations entre les deux candidats et ceux du premier tour, donne l’impression que le destin du pays est pendu aux décisions d’un groupe d’une demi douzaine de personnes, pour certains qui marchandent juste un poste important dans le futur gouvernement ou d’autres formes d’avantages. Oblitérant au passage le protagoniste qui lui seul changera le destin du pays: le peuple. Les deux challengers devraient plutôt s’évertuer à expliquer et convaincre dans un débat télévisé par exemple (comme ils l’ont promis), pour apporter au peuple mauritanien la vision de chacun d’entre eux, et sur toutes les questions primordiales.

Mamoudou Lamine Kane

 

Zeïne pour Sidioca

C’est dans un siège noir de monde, devant un parterre de journalistes (dont 4/5 de peshmergas) que la troisième force établie lors du premier tour, Zeine Ould Zeïdane, a rendu public samedi soir son ralliement à Sidi Ould Cheikh Abdellahi. Une sentence du plus gros poisson recherché par les deux candidats en lice au deuxième tour, qui tombe après un suspense et des hésitations affichées de 6 jours, qui paraissaient incompréhensibles pour une majeure partie de sa base électorale, et pour tous les observateurs politiques. Finalement il a fait le seul choix possible. Et s’inscrit ainsi comme une personnalité incontournable dans le paysage politique qui se dessine pour la décennie à venir.


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