Au moment où des Européens et Algériens enlevés récemment sont libérés la mi-juillet, six otages français enlevés en septembre 2010 au Niger, et novembre 2011 au Mali restent détenus par Al-Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi). Ces recentes libérations sont intervenues à la faveur des arrangements du fameux "marché noir" des otages florissant...
...au Nord-Mali avant et après son occupation par les radicaux islamistes (Ansar Dine, Mujao, Aqmi).
Cette partie du Mali a été le théâtre d’une rébellion armée déclenchée en janvier par les indépendantistes du MNLA, laquelle, a eu entre autres conséquences, un putsch militaire atypique qui a destitué en mars 2012, à Bamako l’ancien président Amadou Touré.
Mais pendant que 6 otages français entament pour certains d’entre eux , leur deuxième année de captivité, d’autres Européens (deux Espagnols et une italienne) kidnappés fin octobre 2011 au sud de l’Algérie sont libres depuis le 19 juillet. Trois des 7 otages algériens, enlevés au Mali en avril 2011 ont eux aussi retrouvé la liberté depuis le milieu de juillet.
L’Espagne, l’Italie et l’Algérie se sont donc «débrouillés» pour tirer leurs ressortissants des griffes du "Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest" (Mujao, en fait une excroissance d’Aqmi) suivant les usages habituels: discrétion, négociations, concessions et rançons.
Connaissant pourtant mieux la région, la France tarde à trouver la solution pour libérer ses administrés, alternant à l’occasion, des approches fort différentes.
On l’a vu quand elle avait opté fin 2009 pour des pressions sur le Mali, lequel, à contre cœur, avait accédé aux exigences d’Aqmi en élargissant quatre dangereux terroristes pour faire libérer Pierre Camatte.
On l’a vu aussi, quand la France avait tenté en juillet 2010 de libérer Michel Germaneau par la force. Dans le premier cas, Camatte avait recouvert la liberté. Et c’est tant mieux. Dans le second, Germaneau fut effroyablement tué par ses ravisseurs, en représailles au raid franco-mauritanien. Et c’est dommage. Aujourdhui, la France a changé d’Exécutif,mais probablement pas de méthodes et on ne sait quel sera le choix entre les trois options qui s’offrent à tout pays, ayant des ressortissants en captivité : négocier, mener un raid, ou ignorer ses otages. Négocier, disais-je? Eh bien, qu’est-ce qui empêche de le faire car la France l’a déjà fait «indirectement» avec Aqmi. Mener un raid? Là aussi, elle a essayé en 2010 et pourrait être tentée de le refaire, malgré, ses conséquences désastreuses sur la vie de ses ressortissants en détention. Mais si l’Hexagone ne veut ni négocier, ou agir sur le terrain, il ne reste plus que la dernière option, qui consiste à ignorer les otages. Et à présent, tout laisse penser que c’est là , le choix fait par l’Elysée. Qu’est ce qui peut amener à le croire? Il y a d’abord les déclarations incendiaires des officiels français sur le nord-Mali, puis, le soutien «logistique» que la France promet d’apporter à une éventuelle force ouest-africaine chargée de reconquérir la partie nord du Mali alors que la partie sud de ce pays n’est pas sous un ordre constitutionnel légitime, et devrait elle aussi, être reconquise. En s’engageant sur la voie de l’escalade verbale et des tendances bellicistes , la France aura probablement décidé de sacrifier ses 6 ressortissants séquestrés au Sahel, refusant en quelque sorte, de rester otage, de ses otages. Isselmou Ould Moustapha
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