Les relations sénégalo-mauritaniennes traversent des zones de turbulences ces derniers temps. l’on sentait des difficultés au sommet des deux Etats, depuis le mois d’avril dernier lorsque Nouakchott avait reconduit à la frontière des Sénégalais résidant à Nouadhibou.
Il s’y ajoute, l’instauration de la carte de séjour pour tous les étrangers y compris les Sénégalais pour un montant de 30.000 ouguiyas. Et récemment, l’affaire Moustapha Limam Chaafi qui a séjourné à Dakar et qui était sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé par les autorités de Nouakchott. A cela, vient s’ajouter le dossier du transport routier depuis le régime de Wade et le problème de la pêche. Rien ne va plus entre Dakar et Nouakchott, la preuve, le ministre sénégalais des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, Me Alioune Badara Cissé, en visite express à Nouakchott le 1er juillet, porteur d’un message du Président Macky Sall a été éconduit par le président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz. Une manière pour le Chef de l’exécutif mauritanien, de manifester son courroux après à une demande d’extradition du farouche opposant à son régime, Moustapha Limam Chaafi, exprimée par son Ministre de l’Intérieur à son homologue sénégalais. Dakar n’ayant pas accédé à cette demande à tort ou à raison, Nouakchott n’a pas hésité de manifester son animosité face à ce pays. Va-t-on vers une rupture des relations diplomatiques? Certains observateurs considèrent ce comportement des autorités de Nouakchott, une attitude éphémère qui évoluera vers un dénouement heureux dans les tout prochains jours. La preuve, malgré cette incompréhension qui a jeté le froid sur des relations séculaires dont les origines se perdent dans la nuit des temps. Le chef de la diplomatie sénégalaise, Me Alioune Badara Cissé (ABC) a indiqué que le message transmis au Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, avait trait aux « bonnes relations » entre le Sénégal et la Mauritanie et les moyens de les renforcer. Toutefois, ABC a indiqué qu’il a été question des relations bilatérales, parmi lesquelles la carte de séjour exigée aux Sénégalais à l’image de tous les étrangers mais aussi de lever certaines zones d’ombre concernant l’affaire de l’opposant mauritanien Moustapha Limam Chaafi dont la demande d’extradition a été refusée par Dakar. Le message de Me Alioune Badara Cissé serait en rapport avec tout cela. «Dans le cadre du dialogue, une visite doit être plus fréquente que celle-ci. Je suis venu pour la deuxième fois, après ma visite d’Avril dernier, porteur d’un message du président Macky Sall à son ami et frère le Président Aziz. C’est un message de fraternité, de convivialité, de bon voisinage qui porte sur différents points parmi lesquels le plus important, la visite projetée du Président Macky Sall, auprès de son homologue mauritanien». Cette visite viendrait à son heure même si les autorités de Nouakchott, auraient souhaité recevoir le nouveau président sénégalais juste après son élection à la tête du Sénégal, pour respecter une tradition et lever tout soupçon sur d’éventuelles incompréhensions. Mieux, Macky Sall, aurait réglé des questions en suspens surtout que bien avant le du régime de Wade, des problèmes de nature à nuire aux bonnes relations entre les deux pays frères et amis existaient. La nécessité de se parler face à face Pour Me ABC, les notes verbales ne suffisent pas pour renforcer les relations entre les deux pays .C’est pour cette raison qu’une visite du Président Macky Sall est « nécessaire» pour « dialoguer » et booster les relations qui traversent un froid . A l’en croire, la partie mauritanienne devrait fixer la date de visite du président Macky qui interviendrait dans «les plus brefs délais». Autre question évoquée par Me ABC , le problème de la carte de séjour dont la date butoir était fixée au 1er juillet, jour de son passage à Nouakchott. Pour cette question, le ministre a indiqué que « ce point a été évoqué avec le Premier ministre mauritanien qui a eu une oreille extrêmement attentive et nous pensons qu’il y aura une reconsidération du montant (30.000 ouguiyas)». Me ABC a laissé entendre que le Premier ministre mauritanien a donné des assurances qu’il n’aurait «pas d’entraves à la possibilité pour les Sénégalais de vivre en harmonie avec les populations mauritaniennes». Me ABC dit que c’est un «problème global» qui a été posé à la partie mauritanienne qui en a pris acte . Mieux, la date butoir fixée au 1er juillet dernier, pourrait être repoussée jusqu’au 1er Août prochain. Et la visite de Macky Sall pourrait décanter cette situation. Aucune demande d’extradition n’a été reçue par Me Cissé … S’agissant de la « brouille » au sujet de l’affaire d’extradition de l’opposant Moustapha Limam Chaafi, Me ABC a indiqué «qu’il ne peut y avoir de brouille entre Nouakchott et Dakar». Il a toutefois reconnu qu’il y a eu «quelques incidents» qu’il a relaté lors de son entretien avec la presse mauritanienne. Incidents qu’il trouve «normaux et inévitables» entre des pays voisins. «Au niveau des Affaires étrangères, nous n’avons reçu aucune demande d’extradition. D’ailleurs ce problème n’existe plus» soutient Me ABC. «Il est rentré d’où il était venu. L’incident est clos à notre niveau» a-t-il dit. «Le Sénégal n’abriterait jamais quelqu’un dont l’objectif majeur est de déstabiliser son voisin immédiat» rassure le ministre ABC. Dans tout les cas, il faut reconnaître que ça sent le roussi entre Dakar et Nouakchott et que si la situation persiste, les observateurs disent s’attendre au pire. Si les sollicitudes de Dakar sont acceptées par Nouakchott, l’on évitera les mauvais démons du passé. Car, entre les deux pays, il y a eu souvent des incompréhensions qui finissent également par des «Mahou mouhim» (pas de problèmes). Diouf a connu des problèmes en 89, Wade également en a pris pour son grade en 2000, et pourquoi donc pas Macky ?. Lui qui a déjà déclaré après avoir séjourné à Nouakchott en décembre 2011, que les Sénégalais vivent des tracasseries et que s’il serait élu, il s’occuperait de tout. N’est-ce pas de bonne guerre pour répondre à ses positions de candidat devenu président? Ibou Badiane
|