Nouakchott-Dakar: Ça sent le roussi!   
05/07/2012

Les relations sénégalo-mauritaniennes traversent des zones de turbulences ces derniers temps. l’on sentait des difficultés au sommet des deux Etats, depuis le mois d’avril dernier lorsque Nouakchott avait reconduit à la frontière des Sénégalais résidant à Nouadhibou.



 Il s’y ajoute, l’instauration de la carte de sĂ©jour pour tous les Ă©trangers y compris les SĂ©nĂ©galais pour un montant de 30.000 ouguiyas. Et rĂ©cemment, l’affaire Moustapha Limam Chaafi qui a sĂ©journĂ© Ă  Dakar et qui Ă©tait sous le coup d’un mandat d’arrĂŞt international lancĂ© par les autoritĂ©s de Nouakchott. A cela, vient s’ajouter le dossier du transport routier depuis le rĂ©gime de Wade et le problème  de la pĂŞche.
Rien ne va plus entre Dakar et Nouakchott, la preuve, le ministre sĂ©nĂ©galais des Affaires Etrangères et des SĂ©nĂ©galais de l’ExtĂ©rieur, Me Alioune Badara CissĂ©, en visite express Ă  Nouakchott le  1er juillet, porteur d’un message du PrĂ©sident Macky Sall a Ă©tĂ© Ă©conduit par le prĂ©sident de la RĂ©publique Mohamed Ould Abdel Aziz. Une manière pour le Chef de l’exĂ©cutif mauritanien, de manifester son courroux après  Ă  une demande d’extradition du farouche opposant Ă  son rĂ©gime, Moustapha Limam Chaafi, exprimĂ©e par son Ministre de l’IntĂ©rieur Ă  son homologue sĂ©nĂ©galais. Dakar n’ayant pas accĂ©dĂ© Ă  cette demande Ă  tort ou Ă  raison, Nouakchott n’a pas hĂ©sitĂ© de manifester son animositĂ© face Ă  ce pays. Va-t-on vers une rupture des relations diplomatiques? Certains observateurs considèrent ce comportement des autoritĂ©s de Nouakchott, une attitude Ă©phĂ©mère qui Ă©voluera vers  un dĂ©nouement heureux dans les tout prochains jours. La preuve, malgrĂ© cette incomprĂ©hension qui a jetĂ© le froid sur des relations sĂ©culaires dont les origines se perdent dans la nuit des temps. Le chef de la diplomatie sĂ©nĂ©galaise, Me Alioune Badara CissĂ© (ABC) a indiquĂ© que le message transmis au Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, avait  trait aux « bonnes relations » entre le SĂ©nĂ©gal et la Mauritanie et les moyens de les renforcer. Toutefois, ABC a indiquĂ© qu’il a Ă©tĂ© question des relations bilatĂ©rales, parmi lesquelles la carte de sĂ©jour exigĂ©e aux SĂ©nĂ©galais Ă  l’image de tous les Ă©trangers mais aussi de lever certaines zones d’ombre concernant l’affaire de l’opposant mauritanien Moustapha Limam Chaafi dont la  demande d’extradition a Ă©tĂ© refusĂ©e par Dakar. Le message de Me Alioune Badara CissĂ© serait en rapport avec tout cela. «Dans le cadre du dialogue, une visite doit ĂŞtre plus frĂ©quente que celle-ci. Je suis venu pour la deuxième fois, après ma visite d’Avril dernier, porteur d’un message du prĂ©sident Macky Sall Ă  son ami et frère le PrĂ©sident Aziz. C’est un message de fraternitĂ©, de convivialitĂ©, de bon voisinage qui porte sur diffĂ©rents points parmi lesquels le plus important, la visite projetĂ©e du PrĂ©sident Macky Sall, auprès de son homologue mauritanien». Cette visite viendrait Ă  son heure mĂŞme si les autoritĂ©s de Nouakchott, auraient souhaitĂ© recevoir le nouveau prĂ©sident sĂ©nĂ©galais juste après son Ă©lection Ă  la tĂŞte du SĂ©nĂ©gal, pour respecter une tradition et lever tout soupçon sur d’éventuelles incomprĂ©hensions. Mieux, Macky Sall, aurait rĂ©glĂ© des questions en suspens surtout que bien avant le du rĂ©gime de Wade, des problèmes de nature Ă  nuire aux bonnes relations entre les deux pays frères et amis existaient.
La nécessité de se parler face à face
Pour Me ABC, les notes verbales ne suffisent pas pour renforcer les relations entre les deux pays .C’est pour cette raison qu’une visite du Président Macky Sall est « nécessaire» pour « dialoguer » et booster les relations qui traversent un froid . A l’en croire, la partie mauritanienne devrait fixer la date de visite du président Macky qui interviendrait dans «les plus brefs délais».
Autre question Ă©voquĂ©e par Me ABC , le problème de la carte de sĂ©jour dont la date butoir Ă©tait fixĂ©e au 1er juillet, jour de son passage Ă  Nouakchott. Pour cette question, le ministre a indiquĂ© que « ce point a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© avec le Premier ministre mauritanien qui a eu une oreille extrĂŞmement attentive et nous pensons qu’il y aura une reconsidĂ©ration du montant (30.000 ouguiyas)». Me ABC a laissĂ© entendre que le Premier ministre  mauritanien a donnĂ© des assurances qu’il n’aurait «pas d’entraves Ă  la possibilitĂ© pour les SĂ©nĂ©galais de vivre en harmonie avec les populations mauritaniennes». Me ABC dit que c’est un «problème global» qui a Ă©tĂ© posĂ© Ă  la partie mauritanienne qui en a pris acte . Mieux, la date butoir fixĂ©e au 1er juillet dernier, pourrait ĂŞtre repoussĂ©e jusqu’au 1er AoĂ»t prochain. Et la visite de Macky Sall pourrait dĂ©canter cette situation.
Aucune demande d’extradition n’a été reçue par Me Cissé …
S’agissant de la « brouille » au sujet de l’affaire d’extradition de l’opposant Moustapha Limam Chaafi, Me ABC  a indiquĂ© «qu’il ne peut y avoir de brouille entre Nouakchott et Dakar». Il a toutefois reconnu qu’il y a eu «quelques incidents» qu’il a relatĂ© lors de son entretien avec la presse mauritanienne. Incidents qu’il trouve «normaux et inĂ©vitables» entre des pays voisins. «Au niveau des Affaires Ă©trangères, nous n’avons reçu aucune demande d’extradition. D’ailleurs ce problème n’existe plus» soutient Me ABC. «Il est rentrĂ© d’oĂą il Ă©tait venu. L’incident est clos Ă  notre niveau» a-t-il dit. «Le SĂ©nĂ©gal n’abriterait jamais quelqu’un dont l’objectif majeur est de dĂ©stabiliser son voisin immĂ©diat» rassure le ministre ABC.
Dans tout les cas, il faut reconnaĂ®tre que ça sent le roussi entre Dakar et Nouakchott et que si la  situation persiste, les  observateurs disent s’attendre au pire. Si les sollicitudes de Dakar sont acceptĂ©es par Nouakchott, l’on Ă©vitera les mauvais dĂ©mons du passĂ©. Car, entre les deux pays, il y a eu souvent  des incomprĂ©hensions qui finissent Ă©galement par des «Mahou mouhim» (pas de problèmes). Diouf a connu des problèmes en 89, Wade Ă©galement en a pris pour son grade en 2000, et pourquoi donc pas Macky ?. Lui qui a dĂ©jĂ  dĂ©clarĂ© après avoir sĂ©journĂ© Ă  Nouakchott en dĂ©cembre 2011, que les SĂ©nĂ©galais vivent des tracasseries et que s’il serait Ă©lu, il s’occuperait de tout. N’est-ce pas de bonne guerre pour rĂ©pondre Ă  ses positions de candidat devenu prĂ©sident?
Ibou Badiane

 


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