Beaucoup des candidats au fauteuil suprĂŞme ont plus ou moins dĂ©taillĂ© les lignes essentielles de leurs programmes, qui n’ont par ailleurs pas de diffĂ©rences flagrantes. Dans ce sens, beaucoup de promesses dĂ©magogiques ont plu sur la tĂŞte d’une population en attente. Et Ă l’aune du budget de l’Etat actuellement, et des perspectives, beaucoup d’entre elles ne sont sĂ»rement pas rĂ©alisables. À ceux qui parlent d’une «éducation et d’une santĂ© gratuites pour tous», on se demande comment ils le financeront, sachant que les recettes fiscales du pays sont dans un Ă©tat mĂ©diocre (mĂŞme si des progrès notoires ont Ă©tĂ© faits ces dernières annĂ©es dans leur recouvrement).
À ceux qui parlent «de logements sociaux pour les plus pauvres», on peut leur rappeler que des centaines de ces logements sont en attente Ă la Socogim plage, et que l’immense majoritĂ© d’entre eux ont Ă©tĂ© achetĂ©s par les plus aisĂ©s en premier lieu! Et mĂŞme le dernier appel de la Socogim pour l’appropriation d’un certain nombre d’entre eux, Ă©tait sous la condition d’un prĂ© paiement de 1 500 000 ouguiyas, dans un dĂ©lai d’une semaine (j’imagine que tous les mauritaniens peuvent rĂ©unir autant d’argent en moins d’une semaine!). Dès lors que le système d’aide aux plus dĂ©munis est corrompu au profit des plus aisĂ©s, que peut-on espĂ©rer d’une telle promesse? À ceux qui annoncent en grandes pompes «la baisse des prix des matières premières» (qui ne pourrait se faire que par une subvention ruineuse de l’état), il faut leur demander si l’explosion de la chertĂ© de la vie n’est pas plutĂ´t le fruit d’un oligopole d’hommes d’affaires qui font entente explicite sur les diffĂ©rents prix. Tous ces points de programmes qui prĂ©voient de s’attaquer aux diffĂ©rents problèmes mauritaniens, notamment Ă©conomiques et sociaux, marquent surtout le courage politique dont devra faire preuve le futur prĂ©sident pour injecter une rĂ©elle concurrence, qui seule pourra faire baisser le prix des matières premières dans le pays par exemple. Idem pour le logement et l’éducation: il s’agit plus pour le logement d’un dĂ©tournement d’objectif que d’un manque de moyens, et pour l’éducation, d’une Ă©quipe d’enseignants, globalement plus compĂ©tents. Bref, il s’agit de courage. Et il ne sera pas facile de dire «m…e!» Ă des hommes d’affaires qui ont noyautĂ© la vie Ă©conomique du pays, qui empĂŞchent indirectement une redistribution plus juste socialement de logements et des richesses du pays. Ainsi, dans l’intĂ©rĂŞt du pays, et pour une meilleure visibilitĂ© des citoyens sur les candidats qu’ils ont en face d’eux, il serait bien qu’il y ait de vĂ©ritables Ă©changes et dĂ©bats entre eux; ils auront alors l’occasion d’être questionnĂ©s sur le comment de la mise en place de tant de promesses. Et d’y rĂ©pondre. Mamoudou Lamine Kane
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