La fin du Ribat (IIeme partie) : Le déclin des Mourabitounes, par Hama hou Allah Ould Salem, Professeur à l’Université de Nouakchott.   
20/02/2007

Les circonstances de la chute du pouvoir unificateur des almoravides au Sahara, demeurent assez inconnues. A ce sujet, nous disposons, tout au plus, de certaines indications utiles. On sait que le conflit qui opposa Abu Bakr ibnou Amir à son Commandant Youssef autour de la royauté du Maghrib (actuel Maroc) a, finalement, débouché sur un partage de l’empire. Le premier se contenta de la partie Sud tandis que le second se proclama roi au Nord. 



Néanmoins, la mémoire des gens du Sahara, habitants de l’actuelle Mauritanie, ne conserve que l’événement consécutif au retour de l’émir Almoravide vers le Sahara que la tradition orale assimile, exagérément, Ã  une conquête du Sahara Qu’Abou Bekr ibnou Amir Al lamtouny, aurait effectuée à partir du Nord.  Cette interprétation qui glorifie les conquêtes du sud serait due à la volonté de masquer les déboires de l’émir dans la partie nord de son empire. De même les traditions locales ont conservé le retour de’’ Mhallat Abou Bakr ibnou Amir’’. Dans le langage populaire, ce concept évoque l’origine même des émirats lemtouna qui ont surgi au Sahara après la chute de l’Etat almoravide.
Ce concept, toujours d’usage sous le vocable Hilla, revêtait, à l’époque concernée, une importance particulière dans la mesure où il équivaut à une arabisation du terme berbère ’’Tagraret â€™â€™ lequel se dit d’une base militaire.
Cette appellation arabe a été attribuée par les Almoravides à la plus part des lieux qu’ils ont occupés ainsi qu’aux premiers quartiers qu’ils ont édifiés. Dans ce sens Ibnou Khaldoun rapporte que « lorsque Youssef ibnou Tachfin a conquis Tlemcen , il en a confié le commandement à Mohamed Ibn ou Tighmar Al Messoufi lequel fonda , au même endroit , une cité dénommée Tagraret qui signifie, en parler berbère, la Mehella. Cette appellation berbère, poursuit- il, « revient, à plusieurs reprises, dans les sources relatives à l’histoire des Almoravides à telle enseigne que nous l’avons tenue pour un aspect de l’organisation lié à la vie de ce peuple Â». Les faits évoqués par l’illustre Ibnou Khaldoun se rapportent à la dispersion de la force des lemtouna ainsi que celle des autres tribus Sanhadja.
Al Bakri, contemporain de ces faits, confirme que « l’émir des Mourabitines, jusqu’aujourd’hui, soit au courant de l’année 460 de l’Hégire, est Abou Bakr Ibnou Amir mais leur pouvoir est éclaté et non unifié Â».
C’est vers 468 de l’hégire / 1075 de l’ère chrétienne ou, selon une autre version, en 480 h / 1087 que le fameux émir Abou Bakr ibnou Amir mourut lors d’un combat qu’il livra des païens soudanais. Sa tombe, bien connue, se trouve à Oum Louetgatt dans la région du Tagant (de l’actuelle Mauritanie). La grande campagne du djihad initiée par l’émir Abou Bakr, après son retour du Nord , à permis de tracer l’une des principales routes commerciales qui porta, durant longtemps, le nom ’’le chemin du lemtouny’’ en référence à l’itinéraire suivi par ’’le père fondateur’’ de l’Etat almoravide.
Le pouvoir fut exercé, après la mort d’Abou Bakr par son fils Ibrahim lequel a eu assumer, durant le règne de son père, les fonctions de gouverneur de Sidjilmassa comme l’attestent des pièces de monnaie qui ont été frappées vers 1070- 1072. 
Mais il semble que cette succession a été bien éphémère puisque Youssef, le roi du Marrakech n’a pas tardé à maîtriser la conduite des affaires de l’empire suite à une tentative de reconquête du pouvoir qui a été initiée par le nouveau prince des sudistes.
Parti à la tête d’une impressionnante armée de Lemtouna, l’émir campa à Agmat où l’un des principaux lieutenants de Youssef, dénommé Mezdely ben Tilkan ou Ben Tijkan lui a conseillé de renoncer Ã  son projet et lui a obtenu auprès du Roi Youssef, en contre partie de cette renonciation, des présents qu’il a ramenés au Sahara. Il semble que cette tentative d’expansion à partir du sud fut rééditée par Mohamed Ben yahya ben Omar mais, cette fois ci, l’objectif était de développer la partie saharienne du royaume lemtouna. C’est dans ce cadre que Almourady (Al Hadrami) fut chargé de la même fonction qu’il avait occupée sous le règne d’Abou Bakr. A ce sujet Ben Bassam Assanteriny rapporte : «D’après ibnou Hamid qui cite Al Gharnaty, l’ifréquia est restée sous l’emprise des Almoravides jusqu’elle fut arrachée par L’Almohade Mohamed Ben Yacoub en 595 hégire qui les a expulsé De cette dynastie, qui a été rongée par le temps, il n’en reste plus personne pour assurer la royauté sauf ceux qui sont au Tekrour. Le premier roi de ce pays appartenant aux lemtouna s’appelle Ibrahim ben Omar Atakroury. C’est son fils Daoud qui lui succéda, suivi de Idris Ben Idris Ben Brahim auquel succéda Uthman Ben Idris Ben Brahim. Ce dernier roi fut un moujahid Mourabit».
Il semble utile de signaler que cette dynastie régnait dans une partie du Tekrour, notamment à Burno et Kano dont les rois portaient, selon des indications de Léon l’Africain, des noms similaires à ceux évoqués par Al Gharnaty.

(A suivre)

                                          Mise au point
Mon nom a été cité dans une pétition titrée : «Pétition des Universitaires : pour le candidat le mieux placé de la CFCD Â» Je tiens à préciser que je ne suis pas signataire de la dite pétition et que ceux qui ont mis mon nom ne m’ont guère consultés. Cette pétition n’engage que ses auteurs, évidement pas ceux comme moi, dont les noms y ont été glissés sans leur consentement. Je dénonce à l’occasion, ce genre de pratiques indignes des universitaires.

Hamahou Allah Ould Salem Professeur d’histoire à l’Université de Nouakchott


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