La Coalition des Forces du Changement Démocratique (CFCD) a organisé l’après-midi du 23 janvier 2007 à l’Hôtel «El Khater» à Nouakchott sa première conférence de presse après les rumeurs de soutien qu’apporterait le CMJD à un candidat à l’élection présidentielle et celles relatives à la prolongation de la transition. Cette conférence de presse intervenait également après les résultats du premier tour des élections sénatoriales .Voici en brut, la minute de cette conférence de presse.
Mot introductif de M. Ahmed Ould Daddah, Président du RFD
«Je vous souhaite la bienvenue au nom de mes collègues en tant que journalistes de la presse nationale, de la presse internationale, en tant que représentants des partis politiques de la société civile ainsi que les personnalités indépendantes. Nous saluons également les représentants des missions diplomatiques accréditées en Mauritanie. J’aimerais dire en guise d’introduction que la CFCD est attachée au processus démocratique qui a fait l’objet d’un consensus national. La CFCD est attachée au principes fondateurs de ce processus : la neutralité des autorités et de l’Administration, la transparence ainsi que le respect du verdict des urnes. Nous sommes également très attachés au calendrier déjà établi et objet du consensus. Sur ce point, nous considérons qu’il faut absolument respecter les engagements pris et le consensus réalisé. En dehors de cela, nous sommes très bien évidemment ouverts à tout dialogue de nature à régler, le cas échéant, les difficultés, à régler ou à trouver des solutions à des éventuelles craintes ici ou là , et d’une façon générale à trouver toutes solutions consensuelles pour favoriser le respect de ces engagements et apaiser s’il y a lieu, la scène politique et l’après élection présidentielle. C’est d’ailleurs cela, le principe du dialogue, des solutions consensuelles. Voila ce que j’ai voulu dire, bien entendu, j’allais faire un grand oubli. Vous savez que la scène politique bruie de toutes sortes d’informations vraies ou fausses, de toutes sortes de prétendus engagements et de prétendues acceptations de telles ou telles parties de tel ou tels soutiens. Ce que je veux vous dire, c’est que d’une façon générale tout ce qui s’est passé pour autant qu’on sache jusqu’à présent, constitue des contacts qui ne sont pas directs et dont on ne sait d’ailleurs, qui ces contacts représentent, et au nom de qui très exactement et très rigoureusement ils ont été engagés. Mais nous pensons que tous les citoyens peuvent prendre des initiatives et des préjugés favorables peuvent leur être accordés. Néanmoins, ce que je voudrais vous dire c’est que aucun des partis à notre connaissance et encore moins la coalition en tant que telle, n’a pris le moindre engagement, n’a donné la moindre promesse et surtout, n’a montré aucune flexibilité par rapport au processus et aux points essentiels que je viens d’indiquer. Je veux que cela soit clair pour tous. Il est donc normal, il est donc naturel que nous rencontrions dans ce contexte, la Presse pour clarifier pour ce qui nous concerne, la position de la coalition. Vous aurez d’ailleurs l’occasion de poser vos questions à chacun des leaders ici présents. Et j’espère qu’ils pourront les uns et les autres s’exprimer sur les questions autour de cette table ».
Les Questions/Réponses: Question: Quelle évaluation faites-vous des résultats des sénatoriales et qu’envisagez vous pour l’avenir ?
Ahmed Ould Daddah: Vous savez, j’espère que ce n’est pas l’exception qui confirme la règle. On a constaté qu’il y a eu un recul sensible par rapport aux positions de la coalition lors de ce premier tour des élections sénatoriales. On a demandé qu’est ce qu’on va faire dans l’avenir pour éviter cela? Il y a eu une situation à vrai dire grotesque parce qu’il y a eu des conseillers élus avec le label des partis, les moyens financiers des partis, les systèmes d’organisation des partis et certains de ces conseillers, sont allés dans la nature, se vendre . Ils sont devenus un marché, ce qui est contraire aux usages, ce qui est inacceptable. J’ai constaté aussi semble-t-il que beaucoup d’argent a été dépensé pour faire cette situation. Ce qui n’aurait pas été possible si certains responsables très hauts placés ne s’étaient pas impliqués dans ce jeu sordide d’achat et de vente des consciences. Les partis de la coalition n’ont pas encore fini l’évaluation de cette situation. Je pense que quand il l’auront fini, ils vont proposer des solutions pour éviter dans l’avenir des se trouver dans cette situation. Pour ma part, j’estime qu’il doit être possible de faire une proposition de loi pour faire comme les USA, où les grands électeurs pour les élections présidentielles par exemple, une fois qu’ils sont élus ne sont plus maîtres de leurs voix. Je crois qu’il est très important de faire en sorte qu’il y ait une loi qui doit faire l’objet d’un consensus, qui fait que tous ceux qui sont élus sous les couleurs d’un parti ne sont plus maîtres de leurs voix, lesquelles, doivent aller au candidat du parti. Maintenant il reste les indépendants, ceux qui ont été élus de façon indépendante, ils sont maîtres de leur vote et peuvent entrer en contact et en discussion avec les candidats éventuels. En tout cas, c’est ce que je vais défendre au sein de la coalition et le cas échéant, j’espère que ce projet pourra être défendu pour éviter cette situation, qui est inacceptable.
Question: Nous constatons souvent que le parti qui va se retirer de la CFCD s’absente de ses conclaves avant d’annoncer son retrait. Est-ce que l’absence du «Renouveau Démocratique» à cette conférence de presse s’inscrit dans ce cadre ?
Ahmed Ould Daddah: La coalition regroupe des formations politiques ayant chacune ses spécificités. Chacune de ses formations a adhéré à la coalition de sa pleine volonté. Chacune est libre d’y rester ou de se retirer, sans que quiconque ne lui reproche quoi que ce soit. Concernant le Renouveau Démocratique présidé par Moustapha Ould Abeiderrahmane qui est un ami, nous n’avons pas été informés de son intention de se retirer de la coalition.
Question: Vous avez dit que vous refusez tout compromis sur la modification du calendrier de la transition et ses objectifs mais que vous êtes disposés au dialogue. Sur quoi ce dialogue va-t-il porter ? Seriez vous prêts à accepter une légère prolongation de la période de transition ? Ahmed Ould Daddah : A la coalition, nous sommes d’accord sur des questions qui ne sont pas soumises à la discussion ou au compromis -bien que tout soit abordable- notamment, les objectifs sur lesquelles se fonde le processus démocratique, le calendrier de ses phases. Ce qui est dehors de cela peut faire l’objet de dialogue, lequel doit être envisagé dans une optique consensuelle autour des formules d’intérêt général.
Question: La coalition est divisée au sujet des présidentielles elle a échoué à faire respecter ses accords électoraux notamment dans les sénatoriales. A votre point de vue que reste-t-il aujourd’hui de la coalition ?
Messaoud Ould Boulkheir: La coalition trouve toute son expression dans sa présence devant vous aujourd’hui à cette conférence de presse. La coalition a une position commune sur les principales questions nationales notamment la nécessité de respecter le calendrier du processus électoral, la transparence, la neutralité et tout ce qui pourra porter prejudiuce au consensus national sur la transition.Vous savez que la coalition regroupe des formations politiques ayant chacune sa vision et son programme de société avec bien des divergences, sinon nous aurions fondé un seul parti. Malgré cela, nous discutons nos problèmes et recherchons des accords y compris pour la présidentielle. Chacun sait qu’un candidat unique présente assez d’avantages dont la rationalisation des coûts. Néanmoins, l’absence d’un accord sur une candidature unique est normale compte tenu de la nature de notre société mauritanienne. Nous évaluons également ensemble nos projets dont les sénatoriales que nous avons évalué positivement en dépit de leurs résultats .Les élections c’est comme ça, un jour en ta faveur, un jour en ta défaveur.
Ahmed Ould Daddah: Ce qui ne peut pas être pris intégralement ne doit pas être laissé totalement.
Question: Quelle est la position des formations membres de la CFCD telles le Mouvement de la Démocratie Directe, Flam Rénovation, les Réformistes centristes et le Parti unioniste démocratique et social ) par rapport aux candidatures à la présidentielle ? Pourquoi ces formations n’ont-elles pas présenté des candidats ?
Mahfoudh Ould Ezizi: Les conditions matérielles, humaines et organisationnelles constituent les causes de l’absence de telles candidatures qui ne sont d’ailleurs pas un objectif en soi. Néanmoins nous participerons à l’élection présidentielle en soutenant les candidats dont les programmes reflètent nos aspirations.
Question: Quelles sont les mesures disciplinaires prises contre les conseillers municipaux qui n’ont pas respecté la consigne de vote en faveur des candidats de la coalition ?
Saleh Ould Hannena: Cette affaire exige une enquête approfondie. Après, il y aura des sanctions en fonction des statuts de chaque parti, s’il s’avère qu’il y a eu, non respect des consignes de vote.
Question : Est-il vrai que les réformistes centristes soutiennent la candidature de Saleh Ould Hannena à la présidentielle ?
Mohamed Ghoulam Ould El Hadj : Nous n’avons pas encore eu l’honneur de soutenir Saleh Ould Hannena, ni l’un des candidats déclarés. Notre position sera connue dans les prochains jours, tant concernant les élections que les candidats. Je signale que nous ne nous sommes pas présentés à la présidentielle sur la base de raisons objectives.
Mohamed Ould Maouloud : Pour répondre à la question sur les sénatoriales nous allons apprécier tous les facteurs qui ont joué dans les résultats. La réponse qui a été donnée n’est pas exhaustive et systématique de toutes les causes à prendre en considération. Evidement l’essentiel pour nous, ce qui est visible. C’est que l’argent, c’est que la corruption a été utilisée de façon très large. Nous pensons que cette situation doit être pointée du doigt non pas seulement les conseillers qui ont cédé, qui ont été victimes de corruption, mais il faut aussi pointer du doigt, les corrupteurs. Vous allez constater en effet que le conseiller a fait l’objet d’une très garde pression des forces traditionnelles, tribales et de certaines autorités et tout cela ne vient pas des cercles du changement. Il provient des cercles qui veulent maintenir le statu quo et qui malheureusement, utilisent toujours les méthodes traditionnelles de la conservation du statu quo. Pour ce qui est de la deuxième question relative aux inquiétudes, je parle pour moi et pour les amis de la coalition : nous sommes très inquiets parce qu’il y a des rumeurs très fortes et insistantes et jusqu’à présent, il n’ y a aucun démenti de la part des autorités de la transition. Voila qui est inquiétant pour nous, parce que ces rumeurs ne devaient être tolérées par les autorités de la transition. Les autorités ont le devoir de rassurer les acteurs. Le devoir de créer un climat de confiance. Nous sommes très inquiets, en même temps, nous sommes très confiants dans notre détermination à tous, de ne pas accepter de faire avorter la transition. Parce que c’est de cela qu’il s’agit. Toutes les rumeurs concourent à une entreprise d’avortement du processus de transition et nous voyons que cela comporte des dangers énormes d’instabilité pour notre pays. Et nous ne pouvons, ne pas être alertes, alarmes et décidés à ne pas accepter que de telles rumeurs prennent corps dans la réalité. Je dois insister sur un propos qui a été tenu en introduction pour dire que pour nous, il s’agit d’ une ligne rouge, de ne pas changer le principe sacro-saint de la transition, qui est la neutralité des autorités de transition dans le processus électoral. Autant nous sommes disposés à la concertation, au dialogue pour résoudre les problèmes qui sont de nature à améliorer la confiance et rassurer les partenaires sur l’après transition, c’est-à -dire que la coalition est une coalition responsable qui considère que pour prendre en charge ce pays, nous devons prendre en charge les préoccupations de toutes les parties y compris, le pouvoir, y compris l’institution militaire, y compris les autres partenaires de la scène qui sont nos adversaires. Nous sommes prêts à discuter. Nous sommes prêts à voir comment ensemble nous pouvons parvenir à des compromis ou des ententes sur le période d’après transition pour qu’elle se passe dans la stabilité et autant que possible dans la coopération de toutes les parties. Mais nous sommes tout à fait déterminés à ne pas accepter de boucher un agenda. Et je pense que nous ne sommes pas dogmatiques. Ce n’est pas parce qu’on a fait un agenda qu’il ne faut pas le changer. Parce qu’il n y aurait aucune raison de le changer. Quel est le problème ? Bien sur nous nous intéressons à ce qu’on respecte l’agenda. Nous comprenons très bien que celui qui est en place trouve le pouvoir confortable qu’il ne soit pas très pressé de le quitter, mais de là à dire : Non, on va changer l’agenda, on va reculer les élections, évidemment, c’est une question qui touche au consensus national et le consensus national est sacré pour la stabilité de ce pays et la réussite de la transition, et c’est pour cela que nous tenons à son respect.
IOM
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