Notre Président Aziz semble se réjouir beaucoup de son action économique et des résultats atteints en ce domaine. N’a-t-il pas dit, l’autre jour lors de sa visite à l’hôpital Zayed que ’’les réalisations sont bien visibles pour tout le monde’’. Bien qu’il n’ait pas précisé clairement ’’ses réalisations’’ ...
...on n’est bien en droit de penser –comme il parlait aux populations de Nouakchott- que notre Président faisait allusion au programme de voirie urbaine et aux Etablissements de santé inaugurés récemment. On peut bien s’en féliciter…mais ! Comme l’ont souligné toutes les voix critiques à l’égard de l’Action publique de notre Président Aziz, la mise en œuvre des politiques publiques –mission essentielle de tout Gouvernement- ne peut se réaliser efficacement que dans un cadre formalisé centré sur une vision claire soutenue par des objectifs réalistes et comportant des indicateurs de suivi. Et le hic est là ! Pour juger de l’Action économique d’un Gouvernement, il est indispensable d’analyser la Vision qu’il adopte et les plans qui en découlent. Or, depuis l’arrivée du Président Aziz, aucun Plan n’a été conçu et officiellement adopté. Ce à quoi on assiste relève donc ’’de la gestion au jour le jour’’ sans vision globale ni objectifs précis. Il est reconnu que les professionnels de l’évaluation de tout bilan économique d’un Gouvernement considèrent une batterie d’indicateurs macroéconomiques et sectoriels à l’aune desquels les performances sont mesurées. C’est par exemple : le taux de croissance économique, l’inflation, le déficit budgétaire, le déficit extérieur et d’autres indicateurs socioéconomiques visant à rendre compte des progrès en matière de lutte contre la pauvreté et de l’accès aux services de base. Or, ce qui est surprenant dans les discours du Président Aziz, c’est que jamais de tels indicateurs ne sont évoqués. Et, il a raison ! Notre Président a bien raison sur ce registre, car toutes les données disponibles auprès des services spécialisés dressent ’’un tableau noir’’ de l’économie du pays. L’année 2009 est marquée, en effet, par une récession grave (croissance économique négative : le pays s’appauvrit sous le règne de Aziz). Les autres indicateurs –pas toujours disponibles sous forme actualisée- n’affichent pas une situation reluisante, loin s’en faut. Le déficit est abyssal, et la valeur de l’ouguiya est en chute quasi-libre, par exemple. Et le chômage et la pauvreté semblent s’accentuer davantage. Et le nombre des mendiants –aux divers carrefours de la ville de Nouakchott- connaît depuis quelques mois une progression exponentielle. On ne va quand même pas nous dire qu’ils sont là - ces mendiants- par plaisir ou par hasard ! Reconnaissons à la décharge de notre Président Aziz, que la conjoncture internationale y est pour quelque chose ; mais ce que tout observateur déplore, c’est que jamais le Gouvernement ne s’est préoccupé sérieusement de la situation afin d’y remédier de manière étudiée et planifiée. Un pays traversant une crise économique, ça arrive à tout le monde et ça n’a rien de fatal et les méthodes d’y faire face sont assez bien connues. Pour y remédier, des politiques économiques appropriées (mesures de relance, par la Dépense publique par exemple) peuvent être mises en œuvre. Or, chez nous, le Gouvernement semble attendre que cela tombe du Ciel ! Pire que ça ! On a l’impression que le Gouvernement oublie que depuis longtemps, la Politique économique dans notre pays a pris un virage d’ordre stratégique : L’Etat s’est désengagé des activités marchandes et la croissance économique –objectif primordial, faut-il le rappeler- incombe désormais à l’Action du secteur privé. Ce secteur privé dont les barons sont maintenant ’’placés’’ là où l’on connaît ! Tout le monde est donc en droit de se poser des questions sur : quelles mesures d’incitations ont-elles été prises par notre Gouvernement actuel pour permettre la relance d’une économie terrassée par les chocs négatifs terribles subis lors de la période récente : la crise internationale et le coup d’Eta du Général Aziz. La réponse à toutes ces question est hélas : rien ou presque, selon l’auteur de ces lignes qui suit de près l’Action économique du Gouvernement Aziz. Je sais par ailleurs qu’un discours populiste est très à la mode ces derniers mois. Ce discours tente de faire de la réalisation du programme de voirie urbaine à Nouakchott- et à Akjoujt !- un Bilan plus que réussi de l’Action économique de notre Président. Tenir un tel langage à l’égard de l’Elite du pays est tout simplement une insulte. Insulte aussi franche que débile. Gérer l’économie d’un pays avec doigté est autrement beaucoup plus complexe. Et périlleux. Il est d’ailleurs intéressant de noter que dans les ’’Plans’’ de développement existants (et notamment, le CSLP, en attendant que le Président Aziz nous sorte le sien), il n’est nullement fait mention du ’’nombre de kilomètres de voirie urbaine’’ comme indicateur de performance de la Politique publique relative aux infrastructures… !! Un tel indicateur aurait mieux, en effet, sa place dans la stratégie de développement de la Communauté urbaine de Nouakchott. Retour donc à la case de départ : le drame dans l’Action de notre Président Aziz, c’est qu’il s’agit d’une somme d’improvisations, sans Vision, ni Cap ! Espérons qu’il se corrige, à temps. Espérons surtout qu’il cesse de confondre la RIM et la CUN !
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