Travail des enfants : La réalité mauritanienne   
13/06/2006

L’effectif des enfants travailleurs est passé de 33787 en 1988, à 68 OOO en 2001 en Mauritanie. Ces chiffres démontrent l’ampleur du phénomène. Mais, les pires formes de travail des enfants (où ils risquent leur santé mentale ou physique) n’existent pas en Mauritanie.



En dépit des apparences, l’activité des enfants est marginale à Nouakchott, et nettement en deçà de la densité qui caractérise le travail des enfants dans le milieu rural. Le taux d’activité n’est "que"de 5,3% par rapport à la population active occupée. Dans les marchés de la Capitale, par exemple, neuf charretiers sur dix ne sont pas des enfants, contrairement à une idée reçue. Le fort taux de scolarisation à Nouakchott, 43%, élevé par rapport au monde rural (15% de moyenne), explique en partie le pourquoi de la faible densité de l’activité enfantine, malgré certains clichés relatifs aux talibés, trop visibles, mais dont le nombre estimé à 1000 par l’ONG Caritas, représente à peine 13% des enfants travailleurs de la capitale.
Les enfants travailleurs se répartissent dans les emplois domestiques en très grande majorité. On peut difficilement le prouver, vu la nature opaque de ce type d’activité en Mauritanie. Toutefois, l’UNICEF déclare que 52% des filles domestiques à Nouakchott sont âgées de moins de 12ans! On retrouve des enfants actifs, dans le domaine de la mécanique, en tant qu’apprentis garagistes. Ils représenteraient à peu près 30% du travail des enfants dans la capitale, selon la même source.
En effet, cette catégorie de travailleurs apprentis se retrouve dans tous les types de garage (soudure, mécanique, menuiserie…). Ces jeunes qui reçoivent un apprentissage peu méthodique peuvent quand même au moins envisager une perspective d’avenir.
Comme l’explique Issaga B., 15 ans, apprenti dans un garage situé dans une des kebbas de la Capitale: "Je suis apprenti ici depuis presque 3ans, j’apprends chaque jour des nouvelles choses, même si je "gâte" souvent des choses dont on me demande de m’occuper. Je rêve d’ouvrir mon garage plus tard." Les enfants vendeurs ambulants sont très présents à Nouakchott aussi. Ils sont estimés à 26,7% des 8000 enfants actifs dans la Capitale.
Ce sont de très jeunes enfants (entre 9 et 14 ans), en particulier des filles, qui vendent beignets, glace ou rafraîchissements pour le compte de la famille dans certains endroits à forte concentration humaine, comme les marchés, les écoles, les arrêts de bus.

Une situation plus aigue dans le monde rural
Dans certaines wilayas, le taux de travail des enfants a triplé, parfois même quadruplé, comme dans le Brakna, entre 1988 et 2000, où le nombre d’enfants actifs est passé de 2400 en 1988, à presque 9000 en 2000! Dans ces régions où l’agriculture et l’élevage composent principalement le tissu économique et social, les enfants sont naturellement intégrés à la main d’œuvre, considérée comme "familiale". C’est une réalité sociale dans les sociétés traditionnelles mauritaniennes, où l’enfant commence à travailler dès son plus jeune, en allant cueillir l’herbe pour le bétail par exemple, où en participant au repiquage du riz. Ce travail participe totalement à son éducation, d’où une réalité du travail de l’enfant plus mitigée en Mauritanie, qui ne doit cependant pas occulter les perspectives d’éducation et d’avenir pour ces enfants.
Dans le Hodh Chargui, plus de 3000 enfants travaillent dans l’élevage, et 1610 dans l’agriculture en 2000. Ces chiffres sont plus importants dans le monde rural, car l’analphabétisme et la pauvreté y sont plus importants! Dans le Hodh Chargui par exemple, en 2000, 52% des enfants qui travaillaient, étaient analphabètes, et plus de 30% étaient issus de familles extrêmement pauvres.
Il n’existe donc pas en Mauritanie d’usines, ou de systèmes employant des enfants dans une ambiance malsaine ou de violence. Exceptées les situations des filles de la rue et des domestiques, les enfants travaillent dans des catégories d’emplois qui bénéficient d’une sorte de parapluie familial qui les protègent des risques d’exploitation, notamment dans le monde rural où le secteur d’activités économiques prédominant (l’agriculture et l’élevage) est le plus souvent familial.
Par Mamoudou Lamine Kane
mamoudoukane@hotmail.com


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