Madame Siniya Mint Mohamed Saleck est une enseignante à Nouakchott. Depuis 2004 qu’elle était au Ministère, Siniya dépendait de la Direction Régionale de l’Enseignement (DREN2) dirigée par Mme Diop. Celle-là qui est accusée par la plaignante d’abus de pouvoir et de discrimination. Mais aussi, Siniya et Aminetou n’ont pas épargné l’ex-ministre de l’Education nationale, Mme Nebghouha Mint Mohamed Vall.
En conférence de presse ce lundi 20 avril en milieu de matinée, Siniya Mint Mohamed Saleck et Aminettou Mint Ely, présidente de l’Association des femmes Chefs de familles (Afcf) se sont élevées contre ce qu’elles considèrent comme une discrimination à l’égard d’une enseignante de surcroît mère d’un enfant de 6 mois. Une "discrimination" qui ne semble donc pas avoir été levée par le gouvernement de la "Rectification" issu du putsch du 6 aout. «Je suis victime de la mesure instaurée par l’ex-ministre de l’Education nationale Mme Nebghouha Mint Mohamed Vall selon laquelle, un enseignant qui n’a pas dix ans d’expérience doit être redéployé dans une classe. J’avais 8 ans d’expérience déjà en ce moment. Je fus mise à la disposition de la DREN2 où la Directrice m’avait muté à Teyarett. J’ai exprimé mon souhait d’être à Arafat ma localité sachant que je suis à terme de ma grossesse » expliquait-elle visiblement très affectée par la situation. Selon la plaignante, la directrice a « catégoriquement refusé » arguant que c’est elle qui décide. Et de poursuivre. « J’ai obtempéré bien que j’étais irrégulière en classe compte tenu de mon état. J’ai été obligée de prendre des congés de maternité anticipée qui m’ont permis de rester sans activités jusqu’à la fin de l’année scolaire puisqu’on était vers la fin ». Selon toujours la victime, « cette année, par l’intermédiaire d’autres personnes proches d’elle, elle a accepté de me muter à El Mina. Je lui ai demandé de me mettre dans des conditions qui puissent me faciliter le travail en lui faisant comprendre que j’habite à Arafat et que aller enseigner à un lieu éloigné de chez moi, étant mère d’un tout petit enfant avec une si longue distance me cause problème. Mieux, je dépenserai plus que ce que je gagne ». La réponse de son interlocuteur était catégorique. « Je suis plus têtue que toi, si je te dis un mot tu dis plus. Va enseigner et c’est tout ». Abattue par cet abus d’autorité, Siniya capitule. Mais elle trouvera une autre embûche à l’école. Un malentendu l’oppose encore au directeur de l’école. « Quand je suis arrivée à El Mina, je ne m’entendais pas avec mon directeur qui me proposait de débloquer quelque chose pour me couvrir. Ce que j’ai refusé. Ce dernier me disait que je travaille quelque part, je suis militante d’une Ong etc. Je lui ai répondu par l’affirmative. Car cela n’a rien à voir avec mon travail d’enseignant. Parce que je milite pour une cause bien définie, pour les droits de la femme et de l’enfant» s’insurge-t-elle. Poursuivant son argumentation, notre victime renchérit. «Depuis maintenant un mois et quelque, je suis suspendue. Quand je suis venue voir la DREN2, elle m’a dit que « tu n’es plus à ma disposition. Tu es à la disposition du ministère ». Et « je trouve que ce n’est pas une raison de me sanctionner par ce genre de discrimination » indique-t-elle. Au Ministère, le directeur de l’enseignement a dit à la plaignante qu’elle a quitté le département avec une note de service. Si elle doit y retourner, c’est une note de service qui le notifiera. « Chose que je trouve logique ». Siniya continue inlassablement sa navette. Mais la DREN2 ne se plie pas. «Je ne donne pas de note de service mais tu ne dépens plus de moi ». Pendant un mois, la plaignante Siniya faisant le pied de grue chez la DREN2 qui ne s’occupait plus d’elle. Elle s’insurge alors contre le manque d’interlocuteur susceptible de trouver une solution à sa situation qui perdure. Ni au ministère encore moins à la DREN2, personne ne daigne lui répondre. « Mon problème c’est le manque d’interlocuteur pour pouvoir expliquer ma situation et me comprendre », dixit Siniya. Devant cette situation, la victime Siniya propose qu’on lui affecte dans une classe. Mais malheureusement, contre toute attente, elle reçoit une note de service sans cachet lui notifiant son affectation à Dar El Beida, à 3 km de son lieu de résidence. Pour Siniya, elle devrait recevoir une note de service qui la conduirait vers l’inspecteur de l’enseignement lequel est habilité à l’orienter vers une école. Dans cet état de fait, Mme Siniya considère qu’elle est victime d’une « injustice et d’une discrimination » et par conséquent appelle « tous les militants et toutes les militantes des droits de l’homme à se joindre à moi pour combattre cette injustice et mettre un terme à ma situation ». Au ministère de l’Education, « je demande à plus de considération et de sensibilité par rapport à mon statut de femme ». En outre, l’Afcf qui a pris fait et cause, considère que Siniya est victime non seulement d’une injustice mais son appartenance à la dite association dérange. Et de ce fait, sa présidente dit qu’elle ne baissera pas les bras face à de tels agissements d’un autre âge. Compte rendu Ibou Badiane
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