Un musée à Toueizigt   
06/05/2006

El Khalil Ould N’tahah, commerçant reconverti dans les oeuvres d’art se consacre depuis quelques années à réaliser un musée néolithique et historique à Toueizigt, aidé en cela par les ressortissants de la localité, commerçants, intellectuels entre autres. La coopération française et l’IMRS se proposent d’aider le conservateur du musée à inventorier et à classifier les pièces disponibles et à former du personnel.



Nul doute que cette initiative contribuera à renforcer les efforts destinés à préserver le patrimoine culturel et historique d’Atar et de Toueizigt en particulier.
L’avènement du tourisme et des moyens de communication modernes sera l’occasion de faire connaître les particularités et la richesse de toute la région au reste du monde.

Un raccourci de l’histoire de la Mauritanie…
C’est à quelques kilomètres de la cité médiévale, Azougui qui fut la capitale des Almoravides, et où se trouve le mausolée de l’Imam El Hadramy, qu’un nouveau musée original est né à l’oued de Toueizigt,
Toueizigt qui prend naissance au Ksar Torchan, est un véritable bouquet de palmeraie qui serpente l’Oued au fond d’un escarpement qui s’allonge indéfiniment au Sud, formant ainsi le dhar du Tagant et de l’Assaba.
La ville d’Atar, plurimillénaire, occupe un bassin protégé à l’Est par une chaîne de montagnes, le Dhar, qui culminent à plus de 600 mètres, au Sud par la passe de Hamdoune et au Nord par la passe d’Amogjar.
Tout alentour, des dizaines d’oasis essaiment, sous forme de lattes, faisant de la cité un carrefour de rencontre et d’échange imparable, et un creuset civilisationnel qui rayonna du 11ème au 18ème siècle en Afrique du nord, en Afrique sub-saharienne. Tant et si bien que la cité Chinguetti, dont Atar n’est que la dépositaire historique, donna le nom à ce territoire immense qui sera dès l’indépendance la République Islamique de Mauritanie.

… et du néolithique
les paléontologues, en l’occurrence le Professeur Théodore Monod, s’accordent pour affirmer qu’avant l’assèchement graduel du Sahara septentrional, dès le 2ème siècle avant J.C., cet espace démesuré et humide était parsemé de lacs et couvert d’une savane fournie ou fourmillait une faune riche et diversifiée.
A l’origine peuples de chasseurs, les habitants du Sahara durent transformer leur mode de vie dès l’apparition du char, de la domestication du zébu et surtout suite à l’introduction du dromadaire, qui constitua une véritable évolution dans le domaine de transport et de la transhumance. Ces évènements provoquèrent l’ère de l’agriculture et de l’élevage.
La première période fut celle de la pierre taillée (silex, pierres anguleuses et tranchantes).
Dès l’urbanisation relative et l’avènement du mode agricole et pastoral, apparut la pierre polie (meules, mortiers et ustensiles en pierres). Il était donc tout à fait naturel que le Tiris, le Zemmour, l’Adrar Settef, le Taziazet et l’Inchiri au Sud aussi recèlent des reliques néolithiques aussi diversifiées qu’originales.
Enfouies sous les dunes ou les alluvions, détériorées par l’érosion ou dilapidées sous l’effet de l’appétit des hommes qui en récoltèrent des modèles extrêmement valeureux, pour les éparpiller de par le monde, ces trésors sont devenus rarissimes.

La naissance d’un musée
Pour toutes ces raisons, El Khalil Ould N’Tahah, héritier d’une famille d’érudits, descendant de Chems Dine, lança un véritable défi à l’oubli, pour édifier, 15 ans durant, un refuge de mémoire exceptionnel et d’une richesse fabuleuse. Mais son mérite, contre vol et érosion, fut celui d’avoir implanté ce musée, sinon en plein désert, du moins au fond d’une oasis encore pittoresque, à quelques escapades de la ville d’Atar.
Le cadre est aussi original que poétique et somme toute tout à fait naturel : cases, murailles en pierres quasi-brutes et zeribas de palmes, au fond d’un oued de sable vierge et étincelant.
Là, vous ferez le tour des néolithiques (plus de 4000 pièces), et quelques bribes de l’art médiéval, d’un demi millier de manuscrits originaux appartenant à la famille, témoins d’un essor culturel remarquable au fond du désert saharien.
Le visiteur, au terme d’une visite qui couvre, mine de rien, quelques 8000 ans d’histoire de l’humanité, a le loisir de veiller à la belle étoile, sans bivouac, ou sous les voûtes de cases rustiques, pour recueillir la mélopée envoûtante d’un ciel saisissant et constellé de mille étoiles.
Pas un être n’est passé là sans s’abreuver d’une culture originale et revivre un passé lointain qui ressource et qui revigore.
El Khalil a sans nul doute initié là une œuvre enrichissante à plus d’un titre. Mettre le passé au service d’un présent qui doit nécessairement participer à l’enrichissement d’un patrimoine universel qui ne cesse de se développer.
Mohamed El Hacen Ould Moctar Nech


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