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Peinture et sculpture : Attention, talents à côté!
02/05/2006 |
N’diaye Souleymane peint depuis 6 ans, et puise la matière de son art dans son
enfance rythmée par les activités agricoles, mais aussi dans l’actualité. Ses
tableaux sont figuratifs, comme " rêve brisé ", mettant en scène la vision
utopique de certains jeunes africains qui lorgnent l’Europe, quitte à y perdre
la vie en mer. Des œuvres qui peuvent aussi être abstraites comme " force
mystique ", représentant les connexions invisibles qui lient notre univers
matériel à l’invisible. Ses teintes douces, les titres poétiques (" main et
merveilles "), marquent l’empreinte digitale d’un talent mauritanien en pleine
maturité artistique. " l’actualité me marque et j’en parle. C’est dans
l’actualité que l’inspiration m’est venue pour décrire l’impuissance qui touche
toujours l’homme devant la Nature et ses éléments déchaînés, comme à travers le
tableau " l’imprévisible ", une description du tsunami de 2004 ". Ou avec le
tableau " plus jamais ça! " pour dénoncer l’excision, création à travers
laquelle, les exciseuses apparaissent comme de menaçants fantômes penchés sur
l’innocence. Les couleurs vives, jaunes, rouges, bleu clair qui parsèment
les œuvres de Souleymane, dénotent "un espoir qu’il ne faut jamais abandonner,
quelque soit la condition du moment" martèle-t-il. Soum, quant à lui,
utilise le pinceau comme "une arme fatale" depuis l’âge de 9 ans. La technique
complexe du "bogolan", qui associe peaux de moutons à des teintes argileuses,
plus des ajouts de collage, rend sa création saisissante de vie. En face du
tableau "l’amour", on a l’impression de saisir l’espace d’un instant, la nature
profonde de ce sentiment si proche de nous, et pourtant si insaisissable! "La
nature, les animaux et la vie quotidienne au village m’inspirent beaucoup; la
vie qui y fourmille m’a donné envie de traduire cette essence dans toute sa
plénitude" précise-t-il avec un sourire enthousiaste. L’idée de la matière
de peaux et de la teinture lui est venue de son travail de teinturier de
boubous. Le cheminement vers la peinture lui parait naturel. Ses sculptures,
toutes féminines, montrent la femme africaine dans l’effort: au fourneau, avec
son enfant, au marigot. En fer, ou sur toile, on sent le respect profond qui lie
Soum à la Femme Africaine, qui devient une véritable icône de référence,
sacrificielle. Les difficultés que les deux artistes ont rencontré pour
produire d’abord, puis pour être exposés, montrent l’angle mort dans lequel la
culture est délaissée en mauritanie. " Les autorités publiques de la culture
ne nous ont jamais aidé, pas plus que d’autres artistes d’ailleurs, par le biais
de la maison des artistes ou autre. Toutes les aides que nous avons décrochées,
et les expositions effectuées, sont toutes venues de structures étrangères, dont
le Centre Culturel Marocain, ou Français " racontent-ils, un chouya
énervés. " Une toile peut frapper l’imaginaire, le conscient comme
l’inconscient, beaucoup plus que ne le ferait une campagne de sensibilisation,
ou un long discours. A notre niveau, notre rôle est de participer Ã
l’émancipation de nos sociétés, à travers nos toiles" insistent-ils, presque en
chœur. Seul Soum, s’active à temps plein dans les dédales colorés de l’art.
Souleymane s’y dédie dans ses heures creuses. Sinon, il travaille comme
calligraphe dans son agence de publicité PUBLICIS, qu’il a fondée depuis 1995.
Cette structure, située à la médina 3 dans la zone industrielle, s’occupe de la
production de banderoles, d’autocollants, de t-shirts personnalisés. Par
Mamoudou Lamine Kane mamoudoukane@hotmail.com
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