Et c’est parti pour le second tour, très incertain: Emmanuel Macron et Marine Le Pen se jettent lundi dans la bataille du 24 avril, avec cette fois un report des votes de gauche déterminant après le bon score du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon.
Malheur aux autres candidats, souvent victimes des appels au "vote utile", qui sont tombés dimanche sous la barre fatidique des 5%, déterminant le remboursement des frais de campagne. La candidate LR Valérie Pécresse (4,79%) a appelé lundi matin les Français à une "aide, d’urgence, pour boucler le financement de sa campagne". Et l’écologiste Yannick Jadot (4,58%) avait lancé dès dimanche soir un appel aux dons. Pour le président-candidat, pas de temps à perdre. Il sera à partir de la mi-journée en terres lepénistes à Denain (Nord). Sa campagne de premier tour a été jugée trop légère, avec peu de déplacements et un seul grand meeting. Mardi Emmanuel Macron est attendu dans le Grand-Est, à Mulhouse et à Strasbourg. Et un meeting géant est annoncé samedi à Marseille. "Je serai matin, midi et soir à convaincre et au contact", a-t-il promis dimanche soir, alors que les sondages sur le second tour le donnent vainqueur, mais de peu.
- "Rien n’est joué" - "Cette élection, il va falloir aller la chercher, rien n’est joué", a insisté lundi Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, souhaitant "un affrontement valeurs contre valeurs, projet contre projet". Selon lui, "l’extrême droite est un projet qui allie l’abject et l’injuste". Arrivé en tête avec 27,60% des voix, quatre points devant sa rivale d’extrême droite (23,41%), le président-candidat doit aller chercher de nouveaux électeurs, notamment à gauche. Dès dimanche soir, il a voulu "tendre la main à tous ceux qui veulent travailler pour la France". Même discours côté RN, également à la recherche de nouveaux suffrages pour le second tour: "Nous allons tendre la main (...) à l’ensemble des Français, mais on n’est pas dans l’alliance d’appareils", a déclaré sur France Inter le président du parti Jordan Bardella. Tendre la main, y compris du côté des électeurs insoumis, décidément très courtisés. "Il ne faut pas donner une seule voix à madame Le Pen!", a répété Jean-Luc Mélenchon (21,95% des voix) à plusieurs reprises dimanche soir. Mais pour le président du RN, "les candidats ne sont pas propriétaires de leurs électeurs". "Et moi je pense qu’il y a beaucoup d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui ne veulent pas de la retraite à 65 ans, qui ne veulent pas remettre la politique de la France entre les mains de McKinsey et d’autres cabinets privés et qui je pense (...) voteront pour Marine Le Pen au second tour", a-t-il assuré.
- "Survie" - La candidate RN a prévu lundi de réunir ses cadres à Paris pour faire le point sur la stratégie du second tour. Marine Le Pen, qui tente de lisser son image, n’a pas cité dimanche son rival d’extrême droite Eric Zemmour, plus radical et qui a appelé à voter pour elle. Elle tiendra mardi une conférence de presse sur la "démocratie" et l’"exercice du pouvoir". Il ne s’agit pas de changer une campagne qui gagne, selon plusieurs cadres du RN. "Ce qu’elle a réussi en trois mois peut fonctionner sur les 2 semaines", disait récemment son directeur adjoint de campagne Jean-Philippe Tanguy. Le premier tour a consacré la relégation des deux partis de gouvernement de la Ve République, LR et PS, qui réalisent le pire score de leur histoire, Anne Hidalgo ayant récolté moins de 2% des suffrages. Le Parti socialiste n’est cependant pas en difficulté financière, ayant auto-financé la campagne de sa candidate. Pour Les Républicains la situation est "critique", selon la candidate LR. Le parti ne sera pas remboursé de "7 millions d’euros" de frais et ne peut pas "faire face à ces dépenses", a-t-elle ajouté depuis le siège du mouvement. Elle a aussi déclaré être "endettée personnellement à hauteur de 5 millions d’euros". C’est pourquoi "j’ai besoin de votre aide, d’urgence, d’ici le 15 mai" car "il en va de la survie des Républicains, et au-delà de la survie de la droite républicaine", a-t-elle lancé devant la presse. La droite traditionnelle a connu un crash historique. Créditée de 17-18% des voix en janvier, Valérie Pécresse apparaissait alors capable de se qualifier pour le second tour. Mais elle n’a cessé de baisser ensuite. Par AFP L’Express
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